Si Foucault n’avait fait que des expéditions de ce genre, suivies de légers mensonges pour chatouiller l’orgueil du maître, péché bien véniel, — s’il n’avait eu pour l’ordinaire qu’à s’occuper du règlement de la justice, de sa distribution équitable et intègre (ainsi qu’il le fit) et d’autres mesures de ce genre conformes aux vrais principes et à l’Ordonnance de 1667, nous le louerions comme un digne et fidèle élève de Colbert et de Pussort. […] et ne sentez-vous pas que, maître ainsi du terrain et ayant ses coudées franches, il va ne se refuser aucun moyen.
Les liens de l’estime et de la confraternité ne peuvent plus exister entre nous et ceux qui professent des principes contraires, et si l’honneur pouvait être solidaire entre des hommes qui exercent la même profession à des distances Considérables, je me hâterais de protester contre un pareil abus, et je vous dirais hautement : L’avocat qui « chargé volontairement. de défendre un guerrier traître et rebelle à son roi, s’oublie jusqu’à justifier l’action en elle-même, qui cite comme un titre de gloire pour l’accusé le nom d’une bataille (celle de Waterloo) où il acheva de se rendre criminel en combattant contre son maître ; qui invoque à son secours le témoignage d’autres rebelles et les excite à rappeler les moyens qu’ils avaient pour forcer leur roi à la clémence ; l’avocat qui, s’entourant de honteux détours, de méprisables subterfuges, d’ignobles entraves, enlève ainsi au prévenu, autant qu’il est en lui, son dernier honneur, celui du courage, cet avocat a perdu son titre à nos yeux : je me sépare à jamais de lui. » On a beau dire que tout moyen est bon à un avocat pour sauver son client, M. de Martignac passait ici toute mesure, et il est difficile d’admettre qu’il n’obéissait pas lui-même, en s’exprimant de la sorte, à un accès de la fièvre politique qui sévissait partout autour de lui. […] Un écrivain spirituel et à la plume acérée, qui a trouvé moyen d’être préfet sous l’Empire, correspondant du souverain maître pendant toute cette période, puis ultra en 1815 et dans les années suivantes, puis opposant à la Restauration et collaborateur du National après 1830, et qui a eu l’art, moyennant je ne sais quel fil de logique subtile, de ne point paraître trop inconséquent à travers toutes ces variations de conduite et de costume, M.
J’avais meublé, dans la tour de l’Aigle, une chambre à arceaux et à vaste cheminée, avec de grands fauteuils de tapisserie et des tapis à verdure et à personnages, dans le style des vieux temps, et pour ressembler aux anciens maîtres. […] Le vallon de Tancarville était ma Valchiusa ; j’y célébrais mes bois, mes tours, ma source, mon vieil if, ma roche de Pierre-Gante ; tout ce qui m’entourait était à moi, à moi, à la manière de Rousseau ; j’en étais plus que le maître, j’en étais le possesseur.
Louvois, âgé de trente-sept ans, le servait avec un zèle, une fougue et une capacité sans égale, n’ayant d’autre souci que son propre agrandissement de pouvoir au sein de la grandeur de son maître ; n’ayant d’autre scrupule que celui de n’en pas faire assez. […] Louvois surtout, par son activité et ses instincts de guerre, poussait son maître dans cette voie, si tant est qu’il eût besoin de l’y pousser.
On n’a pas découvert soi-même, mais on vient à bout de comprendre ; on a l’air d’égaler le maître ; à certains égards même on l’égale, mais il n’en demeure pas moins le maître.