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361. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Il a été au long apprécié par M. […] Il voit en lui le type de ce qu’on appelle l’homme de talent, ce qui veut dire l’homme de peu de talent, qui a la prétention d’en avoir ; et là-dessus il fait sur ce caractère de l’homme de talent quatre à cinq longues pages spirituelles, mais d’une déclamation comme j’en chercherais vainement dans Sénèque le père ; un morceau à effet, à allusions, tout en hors-d’œuvre, un développement, comme on dit dans l’école. […] Même quand il loue en lieu excellent et de bon cœur, il ne sait pas toujours les mesures : en dissertant tout au long de la santé chétive, des afflictions corporelles ou de la pauvreté des auteurs qu’il admire, il a, en trois ou quatre rencontres, manqué notablement de tact, ce qui est une manière encore de n’avoir pas assez de goût. […] Il y a, dans le livre sur les poëtes latins, une longue page de colère ou de pitié contre les enfances décrites en vers, laquelle n’existerait-pas si M. […] Nisard, au reste, s’est enfoncé de plus en plus fort dans la même illusion de goût, lorsque, plus tard, il n’a écrit si au long et parlé si haut sur Carrel que pour faire aboutir immédiatement l’éloge à M. le duc d’Orléans.

362. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Les trois quarts de sa longue vie, toute diaprée de madrigaux et de conseils à Iris, se passèrent dans les jouissances littéraires sans envie, dans la goutte sans aigreur : il eut de la gloire dans sa chambre. […] Des Houlières, qui reprit du service et vécut fort peu à ses côtés, elle ne put jamais relever ses affaires de fortune, dérangées par une longue absence, et sa vie se passa dans des gênes continuelles, que l’agrément de la société ne recouvrait qu’à demi. […] Dans ses pièces plus longues, elle a moins réussi ; en quelques stances, pourtant, on découvrirait des éclairs de passion et surtout des traits de grâce. Dans certaines de ses églogues, la bergère délaissée accuse les bocages de s’être prêtés aux amours infidèles de l’ingrat durant toute une saison, Depuis que les beaux jours, à moi seule funestes, D’un long et triste hiver eurent chassé les restes, Jusqu’à l’heureux débris de vos frêles beautés. […] Viollet-le-Duc, dans sa Bibliothèque poétique (1843), article Coutel, cite au long la pièce de ce dernier et remet le point d’interrogation.

363. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Ils montent par degrés, parcourent les intervalles et ne s’élancent pas au but du premier bond ; leur génie grandit avec le temps et s’édifie comme un palais auquel on ajouterait chaque année une assise ; ils ont de longues heures de réflexion et de silence durant lesquelles ils s’arrêtent pour réviser leur plan et délibérer : aussi l’édifice, si jamais il se termine, est-il d’une conception savante, noble, lucide, admirable, d’une harmonie qui d’abord saisit l’œil, et d’une exécution achevée. […] Il décelait déjà sa nature discrète, innocente et rêveuse, par de longues promenades, un livre à la main (et qu’il ne lisait pas toujours), dans ces belles solitudes dont il ressentait les douceurs jusqu’aux larmes. […] Les femmes de ce pays l’avaient ébloui d’abord, et, peu de jours après son arrivée, il écrivait à La Fontaine ces phrases qui donnent à penser : « Toutes les femmes y sont éclatantes, et s’y ajustent d’une façon qui est la plus naturelle du monde ; et pour ce qui est de leur personne, Color verus, corpus solidum et succi plenum ; mais comme c’est la première chose dont on m’a dit de me donner garde, je ne veux pas en parler davantage ; aussi bien ce seroit profaner la maison d’un bénéficier comme celle où je suis, que d’y faire de longs discours sur cette matière : Domus mea, domus orationis. […] Ce passage est assez peu connu, et jette assez de jour dans l’âme de Racine, pour devoir être cité tout au long : « Il y a ici une demoiselle fort bien faite et d’une taille fort avantageuse. […] Rien de cette impatience ni de cette difficulté à se contenir ne paraît avoir troublé le long silence de Racine.

364. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Il me faudrait de longs et pénibles détails pour vous les faire comprendre : qu’il vous suffise de savoir que ces obstacles dont nous avons quelquefois causé ne sont rien en comparaison de ceux que j’ai vus tout à coup surgir devant moi. Mépriser une opinion qui sera bien sévère, traverser de longues années d’une vie pénible pour arriver à un but incertain, était déjà beaucoup, mais ne suffisait pas. […] Du reste, j’ai ma journée à moi, et je peux faire à la Sorbonne et dans les bibliothèques des séances aussi longues qu’il me plaît. […] Il me comprit parfaitement, et il s’ensuivit entre nous une longue conférence d’une heure et demie, où, pour la première fois de ma vie j’exposais à un homme le fond de mes idées et de mes doutes sur le catholicisme. […] J’attends de vous une longue lettre qui me rafraîchisse un peu au milieu de ces aridités.

365. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Sans vouloir dérouler la longue histoire des façons, diverses dont l’amour a été compris par les différentes époques, il est permis de choisir quelques exemples pour montrer les phases extrêmes par où ont passé ce sentiment et son expression. […] Mais il est bon de se rappeler que dans ce long effort, qui tend à établir une équivalence parfaite, c’est-à-dire une égalité de droits n’excluant pas une diversité de fonctions entre les deux moitiés de l’humanité, il y a eu des moments d’arrêt, de progrès rapide et aussi d’effervescence désordonnée. […] « Je le regarde, dit-elle, comme un long esclavage. » Et, fidèle à ses principes, elle sauvegarde son indépendance avec une constance que sa figura lui rend peut-être plus facile qu’elle n’aurait souhaité. […] C’est au théâtre surtout et ensuite dans le roman et la chanson qu’il y a lieu de suivre les gens de maison, et de Scapin jusqu’à Ruy Blas en passant par Figaro, de Martine jusqu’à la servante-maîtresse de Maître Guérin en passant par Lisette et Marton, la liste est longue des personnages en qui les écrivains ont incarné cette classe populaire si intimement liée à la vie des classes supérieures. […] Je résume ici à grands traits une longue étude que j’ai publiée dans la Nouvelle Revue du 1er septembre 1888 sous ce titre : Les femmes de la Fronde.

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