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964. (1881) Le roman expérimental

Le livre paraît, la pièce est jouée, c’est un grand pas. […] Le livre est de lui, cela suffit. […] Je sais que les femmes et les livres apportent bien des désillusions ; la femme est un laideron, le livre vous endort. […] De là le style personnel, qui est la vie des livres. […] Son livre entier est fait de souvenirs.

965. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Son père avait rendu des services à la France lors du mariage de Madame de Savoie, fille de Henri IV, et avait obtenu de Louis XIII une pension de deux mille livres pour son fils Vaugelas, alors établi en France, pension assez mal payée de tout temps. […] Le livre de Vaugelas qui parut en 1647, Remarques sur la Langue française, utiles à ceux qui veulent bien parler et bien écrire, est un fort bon livre et qui dut être en effet fort utile à son heure, puisqu’il peut l’être encore à qui sait le bien lire aujourd’hui. […] Son livre de Remarques résume l’expérience acquise par cette triple voie, et peut, jusqu’à un certain point, la communiquer. […] D’un tout autre avis que Malherbe et que Platon qui, lui aussi, appelait le peuple son maître de langue, s’il se confine trop au ton des salons, il tâche du moins de retendre et de le fortifier par le contrôle des bons livres. […] Oui, César lui-même, le plus attique des Romains, César avait fait un livre De l’analogie des mots.

966. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Avant d’avoir lu le livre de M. […] Ce livre sur les Grotesques suffirait, indépendamment de ce qu’on sait de lui d’ailleurs, pour poser M. […] En voilà assez pour montrer que l’auteur n’a cherché, dans le titre donné à son livre, qu’une sorte d’étiquette suffisamment accommodée à la plupart de ses portraits, et que ce n’est pas un sujet, un cadre complet qu’il s’est à l’avance proposé de remplir. […] Mais comment concevoir que dans un livre où l’auteur paraît sentir si bien le prix de l’art et où il se pique de faire valoir ses poëtes, de nous les faire admirer presque à la loupe, les négligences soient poussées au point où on les voit ici ? […] Nous avons vu avec une sorte d’effroi que ce livre sortait des presses de Firmin Didot, si classique en impressions correctes.

967. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Pour le prouver, il suffirait d’opposer à M. de Chateaubriand lui-même ses propres souvenirs et ses témoignages, qu’il a consignés dans le livre de l’Essai, publié en 1797. […] Or, M. de Chateaubriand, encore inconnu, fit son entrée dans la littérature en insérant au Mercure un article sous forme de lettre, par lequel il attaquait précisément Mme de Staël et son livre. […] de n’avoir pas nommé M. de Chateaubriand dans ce livre publié avant que M. de Chateaubriand fût connu, dans ce livre que M. de Chateaubriand a commencé lui-même par attaquer afin de se faire connaître. […] Les remarques que je fais là sur le chapitre purement littéraire, on les appliquerait également à toutes les parties du livre. […] Écrire de cette sorte ce qu’on a vu et ce qu’on a senti, ce serait, en effet, laisser un de ces livres simples et rares comme on en compte à peine quelques-uns.

968. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

C’est ici de mon portrait qu’il s’agit et non pas d’un livre. […] Enfin, quoi qu’il en soit de la manière dont cet ouvrage peut être écrit, ce sera toujours par son objet un livre précieux pour les philosophes : c’est, je le répète, une pièce de comparaison pour l’étude du cœur humain, et c’est la seule qui existe. […] Il n’était question d’abord que de m’exercer à la lecture par des livres amusants ; mais bientôt l’intérêt devint si vif, que nous lisions tour à tour sans relâche, et passions les nuits à cette occupation. […] Quand il en est, lui, sur les torts de son père, qui, honnête homme, mais homme de plaisir, léger et remarié, l’abandonne et le livre à son sort, avec quelle délicatesse il indique ce point douloureux ! […] Le commencement du second livre des Confessions est délicieux et plein de fraîcheur : Mme de Warens pour la première fois nous apparaît.

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