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808. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

On peut rester incrédule après avoir lu Pascal, mais il n’est plus permis de railler ni de blasphémer ; et, en ce sens, il reste vrai qu’il a vaincu par un côté l’esprit du xviiie  siècle et de Voltaire. […] … Il faut lire en entier et à sa place ce morceau. […] Le même jour où l’on a lu Childe-Harold ou Hamlet, René ou Werther, on lira Pascal, et il leur tiendra tête en nous, ou plutôt il nous fera comprendre et sentir un idéal moral et une beauté de cœur qui leur manque à tous, et qui, une fois entrevue, est un désespoir aussi.

809. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

La Fontaine & quelques personnes de la même société s’imposoient pour peine d’en lire une certaine quantité, lorsqu’on avoit fait une faute contre le langage. […] Ses Lettres à Babet ne sont plus lues aujourd’hui ; mais son Ésope est resté au théâtre. […] Cependant le musicien est peu goûté de nos jours, & le poëte se fera toujours lire. […] Despréaux lui-même, quand il voulut les lire, envoya chercher de ces biscuits.

810. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

« Le titre d’un livre doit engager à l’ouvrir, comme le regard d’une femme inconnue doit donner l’envie de la connaître, et de lire dans le cœur qui a ce regard », disait avec justesse Barbey d’Aurevilly dans son langage imagé. […] Et au xviiie  siècle même, les trois romans demeurés les plus célèbres et le plus lus, sont intitulés de la sorte : Gil Blas, Manon Lescaut, Paul et Virginie. […] C’est Laurence Sterne lui-même qui raconte avoir pleuré rien qu’à lire ces mots inscrits en tête d’un livre, avec, sans doute, un frontispice ad hoc : les lamentations du glorieux roi de Kaërnavan mis en prison par ses enfants . […] Apparemment les auteurs attendaient une autre gloire et espéraient pousser par la curiosité leurs plus lointains arrière-neveux à lire aussi le contenu.

811. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

On lisait celle d’un certain Marcius, que Tite-Live appelle un devin illustre ; et, dans la citation rajeunie qu’il en fait, on peut reconnaître cette ancienne voix du sanctuaire que nous avons entendue de la bouche de Pindare. […] Vitruve le remarquait au siècle d’Auguste : « Dans les théâtres de Rome, la scène proprement dite (pulpitum) était plus vaste que celle des Grecs, parce que toute la représentation s’y concentrait, l’orchestre étant occupé par les sièges des sénateurs161. » Nous croyons presque lire ici ce que dit Voltaire avec humeur de ces banquettes occupées par de jeunes seigneurs à l’ancien Théâtre-Français, et restreignant la scène de manière à gêner tout grand appareil de spectacle et à faire manquer souvent l’effet dramatique. […] Telle est cette plainte désespérée de Philoctète, qu’il faut lire seulement à côté des vers grecs : Heu ! […] Dans ces jours de servitude, où des vers élégiaques non publiés et lus seulement par l’auteur à quelques cercles de femmes, étaient punis de mort, quel poëte aurait osé porter sur la scène les crimes ou les revers de la tyrannie ?

812. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Évidemment, il a quelquefois cédé à l’entraînement fâcheux de lire autrement qu’on ne faisait avant lui. […] On lisait dans les anciennes éditions, et dans l’édition même de M.  […] L’Essai sur les mœurs n’a pas cessé d’être un livre bon à consulter, en même temps qu’agréable à lire. […] C’est dommage, ô Diderot, que vous n’ayez pas lu la lettre que Voltaire adressait, le 30 janvier 1763, à M.  […] Merlet a prise de la fatigue, sinon de l’ennui, qu’il a dû lui en coûter pour les lire.

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