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52. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Lorsqu’on a annoncé ses Mémoires, j’ai eu aussitôt une extrême envie de les lire, persuadé que nul n’était aussi à même que lui de nous introduire dans cette société du commencement du xviiie  siècle, sur laquelle on a jusqu’ici assez peu de témoignages détaillés et de confidences originales. […] La préface m’en avait plu, j’ai voulu lire la pièce : le livre m’est tombé des mains. La curiosité m’a prise de lire votre Shakespeare : je lus hier Othello ; je viens de lire Henri VI. […] Un jour, âgé de quatre-vingts ans, il écrivit à Voltaire une lettre fort belle de sens et d’intention ; il venait de lire une des facéties irréligieuses que ce versatile génie avait publiées sous le nom d’un abbé Bazin, et où il sapait à plaisir toutes sortes de choses respectables. […] Que le janséniste Fouillou y soit appelé Fouillon (p. 42) ; que le cardinal de Bonzi y soit appelé Bouzi (p. 48) ; que M. d’Ormesson, le célèbre rapporteur dans le procès de Fouquet, y soit changé en Darmesson (p. 272) ; qu’on lise, à côté du nom de Choiseul, Stainville pour Slainville (p. 214) ; que M. 

53. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Lire Dante et le lire de près, c’est presque inévitablement désirer de le traduire, c’est entrer dans les replis de son génie, et après y avoir pénétré (ce qui demande tout un effort), c’est concevoir la pensée d’y introduire les autres. […] Il avait été traduit dès la fin du xvie  siècle (1596), et traduit en vers, par Grangier ; mais il n’en était pas devenu plus clair ni plus habituellement lu. […] Il me paraît plein de gravité, d’énergie et d’images fortes, mais profondément tristes ; aussi je n’en lis guère, car il me rend l’âme toute sombre. […] Cette traduction peut se lire avec ou sans l’italien. […] Car, n’oublions jamais que Dante est moins à lire qu’à étudier sans cesse.

54. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Les pièces de théâtre Les poètes dramatiques sont-ils faits pour être lus ? […] Et les secondes sont d’une bonne moyenne ou un peu au-dessus de la moyenne, et c’est un éloge à faire d’une pièce que de dire qu’elle peut être lue. […] Il faut donc lire les bons ouvrages dramatiques ; mais ici encore il y a une manière particulière de lire et tout à fait particulière. […] Pourvu que l’on ait été quelquefois au théâtre, on s’habitue vite à lire ainsi, et, si l’on s’y habitue, on arrive, assez vite aussi, à ne pouvoir plus lire autrement. […] On ne doit pas lire un drame autrement, et il me semble qu’en vérité on ne le peut pas.

55. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

En voici ; lisez encore. […] À présent, seule, en repos dans ma chambrette, je lirais, j’écrirais beaucoup, je ne sais sur quoi, mais j’écrirais. […] Lire, écrire, prier, prendre une corbeille de sable sur la tête, comme ce solitaire, et marcher. […] Encore une fois lisez ceci. […] Si, quand je lisais Prascovie ou le Lépreux, l’espoir d’en voir l’auteur ou de lui parler m’était venu, j’en aurais eu des enthousiasmes de bonheur.

56. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Mais le public, les femmes surtout, lisaient, étaient émues, pleuraient. « Oh ! […] C’est après de longs intervalles que j’écris, et je reste plusieurs mois de suite occupé de ma vie, sans lire ni écrire. […] Celui-là fera lire les autres. […] Quel plaisir et quel chagrin que de le lire ! […] Prenez et lisez.

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