/ 1857
313. (1923) Paul Valéry

Il y schématisait un Moltke par les mêmes lignes dont il se sert, et dont s’était servi Mallarmé, pour esquisser la figure du Poète. […] Mais il se trouve que le dialogue lui est devenu un instrument d’exposition fait à souhait pour la ligne serpentine de sa pensée léonardesque. […] Cette puissance de tracer la ligne de feu métaphorique entre deux objets est analogue à la puissance d’établir entre deux mots qui riment la ligne d’un vers, de faire coïncider une identité de son avec une identité de sens. […] Valéry n’a loué l’amour que sous les formes du sommeil et de la mort : c’est le rendre à un jeu de lignes, de masse et de pure beauté qui s’accorde à ce rêve d’Intérieur. […] Ce n’est pas la technique qui suit l’objet, c’est l’objet qui suit la technique, et qui ne forme objet que parce que le regard découve en lui les lignes d’une technique possible.

314. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Telle en ses grandes lignes, l’œuvre théorique de Richard Wagner suit le mouvement continu, par qui son esprit créateur fut mené, d’abord, à renouveler toutes les formes de l’art, puis, à concevoir, au dessus du drame artistique, et l’anoblissant, une Religion, positive et mystique, d’idéale Bonté. […] Autres corrections Page 46, 12e ligne : citrouelle, au lieu de citrouille ; chancelle, au lieu de chanchelle. […] L’auteur trouve, à la ligne suivante, le prélude du 3e acte, « excellent de tous points. » Enfin, il y aurait mauvaise grâce à omettre le nom de M.  […] Pour terminer, les lignes suivantes : Il serait injuste d’oublier le public de la Monnaie, si respectueux, pour une œuvre qui devait le surprendre et si intelligent dans son appréciation d’une musique absolument nouvelle pour ses oreilles. […] Il proclame les Maîtres Chanteurs « une œuvre admirable, d’une puissance qui s’est imposée devant un public partagé et qui aura une irrésistible autorité. » Cependant le même journal, publie, à quelques jours d’intervalle (22 mars), les lignes suivantes : La musique de Wagner exerce décidément une fâcheuse influence sur la santé.

315. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Aucun critique, dans cette ligne, ne put se vanter d’être plus conséquent avec lui-même. […] Magnin, et je ne craindrai pas de mettre de côté dans son élégant et ingénieux bagage, ou du moins de rejeter en seconde ligne, ce qui ne lui appartient pas en propre : nous discernerons plus sûrement ensuite ce qui est bien à lui. […] Fauriel se fit remplacer par Ozanam : décidément la chaire avec ses bruits et son mouvement lui allait peu ; il fut heureux de pouvoir reprendre son pas, son allure favorite, le doux train de l’érudition à huis clos, il s’y appliqua désormais tout à son aise, sans dérangement aucun, et de plus en plus dans cette même ligne des origines théâtrales qu’il s’était tracée. […] pas davantage ; il n’y prétendait même pas, et tout retentissement lui était antipathique ; — mais tous ces soins, ces scrupules, cette conscience, rien que pour le plaisir de se satisfaire, de ne pas se sentir en faute, de paraître exact et sans reproche à un infiniment petit nombre de juges, de posséder toute une branche d’érudition ténue et délicate, et de la faire avancer, ne fût-ce que d’une ligne : voilà quelle était l’inspiration et l’âme de l’étude pour M. 

316. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

si tu vis encore, alors peut-être un sage, Près d’une lampe assis, dans l’étude plongé, Te retrouvant poudreux, obscur, demi rongé, Voudra creuser le sens de tes lignes pensantes : Il verra si du moins tes feuilles innocentes Méritaient ces rumeurs, ces tempêtes, ces cris Qui vont sur toi, sans doute, éclater dans Paris ; … alors, peut-être… on verra si… et si, en écrivant, j’ai connu d’autre passion Que l’amour des humains et de la vérité !  […] Est-ce un emprunt, est-ce une idée originale que ces lignes riantes que je trouve parmi les autres et sans plus d’indication ? […] Deux fragments d’idylles, publiés dans l’édition de 1833, se peuvent compléter heureusement, à l’aide de quelques lignes de prose qu’on avait négligées ; je les rétablis ici dans leur ensemble. […] Il s’arrêta longtemps à contempler leurs jeux ; Puis, reprenant sa route et les suivant des yeux, Dit : Baisez, baisez-vous, colombes innocentes, Vos cœurs sont doux et purs, et vos voix caressantes ; Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat, Se plie, et de la neige effacerait l’éclat. » L’édition de 1833 (tome II, page 339) donne également cette épitaphe d’un amant ou d’un époux, que je reproduis, en y ajoutant les lignes de prose qui éclairent le dessein du poëte : Mes mânes à Clytie. — Adieu, Clytie, adieu.

317. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

À ce point, elle pénètre dans les terres et reste à peu près parallèle au cours de la Dordogne jusqu’à Libourne, dont elle effleure le territoire au nord ; puis elle remonte vers le nord-est, dans la direction générale du chemin de fer de Tours, se tenant à quelques kilomètres à l’est de cette ligne dont elle se rapproche et s’éloigne tour à tour. […] Il est vrai que M. de Tourtoulon ajoute : La ligne que je viens de tracer est la plus septentrionale où l’on puisse faire remonter la langue d’oc. […] La limite inférieure, c’est-à-dire, la ligne où disparaissent les derniers caractères d’oïl, part d’un point situé à 15 kilomètres environ au nord-est d’Angoulême, à l’extrémité supérieure de la forêt de la Braconne, se dirige vers le nord-est, laissant Confolens en pays d’oc, passe au-dessus de Bellac, contourne Guéret au sud, sépare le Puy-de-Dôme de l’Allier, touche par leur limite nord aux territoires de Roanne et de Lyon pour rejoindre la frontière à peu près au point où le Rhône pénètre en France. […] Après avoir cité ces lignes de Mistral dans un article du Gil-Blas du 17 février 1910, nous ajoutions : « L’expérience des siècles justifierait cette conclusion.

/ 1857