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18. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Il ne paraît point d’abord sous le charme ni des lieux, ni des gens ; les souvenirs d’enfance lui reviennent et lui font plaisir, mais le rêve passe vite et le positif l’occupe. […] La Cour… il n’y a ici ni femmes ni enfants, écoutez : la Cour est un lieu, etc. » C’est comme lorsque, dans un de ses derniers pamphlets, il nous peindra le confessionnal : « Confesser une femme, imaginez ce que c’est. […] Certes, voilà Paul-Louis plus belliqueux et plus grognard qu’il ne l’a jamais été quand il y avait le plus lieu de l’être. […] Une bergère du lieu, la fille Grivault, revenant avec un jeune homme d’une assemblée de dimanche, s’était trouvée dans le bois sous la feuillée au moment du coup ; elle avait tout vu et n’avait rien dit. Mais, cinq années après, comme elle passait à cheval près du lieu funeste qu’elle évitait d’ordinaire et où un monument avait été élevé, le cheval eut peur, fit un écart et faillit la renverser.

19. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Chaque sorte d’art et chaque sorte de denrée y a son quartier à part, et les gens du pays savent y trouver chaque chose, comme dans les autres lieux de la ville. […] Les mosquées ne sont point des asiles en Perse, ni les autres lieux sacrés. […] Il y en a encore trois, l’un plus grand que l’autre, dont le plus proche est un lieu enchanté et fait pour la volupté seulement. […] On n’est pas peu surpris de voir des jets d’eau dans un lieu si élevé. […] Hharam, sanctuaire, lieu où il est défendu de pénétrer.

20. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Mais pourquoi l’étendue du lieu ne produit-elle pas le même effet sur tous les tableaux indistinctement ? […] Si le lieu d’une ruine est périlleux, je frémis. […] N’y a-t-il aucun antre, aucune forêt, aucun lieu secret, écarté, où tu puisses porter tes pas et perdre aussi ta mélancolie ? […] Fuyons ces lieux. […] Il prépare bien le lieu, mais il ne trouve pas le sujet de la scène.

21. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

Je préfère ces lieux où l’âme, moins distraite, Même au sein de Paris, peut goûter la retraite : La retraite me plaît, elle eut mes premiers vers. […] Il redouble la paix qui m’attache en ces lieux ; Son jour mélancolique, et si doux à nos yeux, Son vert plus rembruni, son grave caractère, Semblent se conformer au deuil du monastère. […] accablé de l’horreur de ses crimes, Souvent dans ces lieux saints l’oppresseur désarmé Venoit demander grâce aux pieds de l’opprimé. […] On dit même en ces lieux, par ton ombre chéris, Qu’un long gémissement s’élève chaque année, À l’heure où se forma ton funeste hyménée. […] dans ce lieu sacré J’ose parler d’amour, et je marche entouré Des leçons du tombeau, des menaces suprêmes !

22. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

J’ai dit que les divers agrémens du langage des tragedies émanoient de sources differentes, parce qu’il y a de ces beautez qui ne resultent que du metre, au lieu que d’autres resultent de la melodie. […] Pour être surpris de ce que dit Aristote sur l’importance de la melopée, il faudroit n’avoir jamais vû representer des tragedies, et pour être étonné qu’il charge le poëte de la composition de la melodie, il faudroit avoir oublié ce que nous avons remarqué, et promis de prouver, comme nous le ferons ci-dessous, sçavoir, que les poëtes grecs composoient eux-mêmes la déclamation de leurs pieces, au lieu que les poëtes romains se déchargeoient de ce travail sur les artisans, qui, n’étant ni auteurs ni comediens, faisoient profession de mettre au théatre les ouvrages dramatiques. Nous avons même observé que c’étoit par cette raison là que Porphyre ne faisoit qu’un art de la composition des vers et de la composition de la melodie, lequel il appelloit l’art poëtique pris dans toute son étenduë, parce qu’il avoit eu égard à l’usage des grecs, au lieu qu’Aristides Quintilianus qui avoit eu égard à l’usage des romains comptoit dans son énumeration des arts musicaux, l’art de composer les vers et l’art de composer la melodie pour deux arts distincts. […] Cet auteur se demande encore à lui-même dans un autre ouvrage, pourquoi le choeur ne chante pas dans les tragedies sur le mode hypodorien ni sur le mode hypophrygien, au lieu qu’on se sert souvent de ces deux modes dans les rolles des personnages, principalement sur la fin des scenes, et lorsque ces personnages doivent être dans une plus grande passion. Il répond à cette question que ces deux tons sont propres à l’expression des passions emportées des hommes d’un grand courage, ou des heros qui font ordinairement les premiers rolles dans les tragedies, au lieu que les acteurs qui composent le choeur sont supposez être des hommes d’une condition ordinaire, et dont les passions ne doivent point avoir sur la scene le même caractere que celles des heros.

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