Toutefois ; entre la chronique de Villehardouin et le Roman de la Rose, il y a cette différence, qui prête à litige, que Villehardouin est à la fois le premier par le choix de la France et le plus près du berceau de notre langue ; au lieu qu’un très grand nombre d’écrivains en vers ont précédé le Roman de la Rose. […] Ses amours sont des amours d’échoppe et de coins de rue ; mais il trouve dans ces inspirations de bas lieu des accents de gaieté franche et des traits de mélancolie inconnus avant lui. […] Le basochien, espiègle, tapageur, libertin, larron, hauteur de mauvais lieux, détroussant les petits marchands, poursuivi par les soldats du guet, heureux des troubles publics, enchanté de la guerre parce que la police y est plus relâchée : tel est Villon.
On a le lieu de la scène, le pays, dessiné à grands traits, de quoi s’y orienter et voir de la meilleure place ce qui va se passer ; les personnages introduits au bon moment ; l’action, les grands mouvements, les manœuvres qui décident ; la tactique intelligible pour tout le monde, sans cette affectation de stratégie qui, sous la plume d’un homme de lettres, dénote la prétention et inspire la défiance. Voltaire a l’imagination, non celle qui met la fable à la place de l’histoire, mais celle qui se rend les faits et les lieux présents. […] Il imite tous les vices du lieu : il vend les grâces, il oublie ses amis, il désavoue ses parents, il est vénal et ingrat.
Nous voulons qu’ils étudient les écrits de Wagner ; qu’ils apprennent à voir en lui plus qu’un simple musicien, un profond penseur ; qu’ils subissent ainsi l’influence de cet homme dont l’effort principal (quoique peu connu) a été de montrer que l’art est la chose la plus sainte, et le théâtre un lieu où peuvent vivre de la vie intense de l’art les plus profondes passions et les émotions les plus cachées, Y a-t-il au monde quoi que ce soit qui puisse influencer plus salutairement un artiste que le spectacle de cette vie virile tout entière vouée à un idéal, et de ce prodigieux effort vers la réalisation de cet idéal ? […] En dernier lieu, nous avons cette nombreuse plèbe artistique, pour qui Wagner n’est qu’un prétexte pour récolter de la renommée, ou de l’argent. […] Hélène Cao définit ainsi le leitmotiv (ou motif sous la plume de Chamberlain) : « par leitmotiv, on désigne un élément musical associé à un personnage, un objet, un lieu, un sentiment ou un concept, et qui reparaît à plusieurs reprises dans la partition » (Dictionnaire encyclopédique Richard Wagner, p. 1078).
Pour plus de clarté, je diviserai mon sujet en trois parties : je parlerai d’abord du poème, ensuite de la musique, et en dernier lieu des autres œuvres musicales et écrits qui datent de l’époque de trente ans qui s’est écoulée depuis les premières origines de l’Anneau du Nibelung jusqu’à son complet achèvement. […] Une première édition particulière de ce poème écrit en 1852 parut en janvier 1853, la première édition pour la vente en 1863, et cette dernière contenait des changements de détails assez intéressants ; mais la chose que je tiens à constater et à fixer, c’est que ce poème de 1852 est dans toute sa conception et presque dans chaque détail d’exécution identique à celui de la partition, et qu’il n’y a donc lieu de distinguer que deux rédactions, celle de 1848 et celle de 1852. […] Il y aurait lieu de mentionner ici aussi les lettres de Wagner à Liszt, de 1849 à 1861, récemment publiées.
Ziem me parle de sa santé, des chaleurs qui lui montent à la tête, du manque d’équilibre de sa circulation, de l’impossibilité qu’il éprouve maintenant à travailler dans des lieux fermés. […] Il n’y a ni livre, ni quoi que ce soit au monde, qui ait pu me tenir lieu et place de la femme… Comment exprimer cela ? […] Je suis resté seul, sur le haut sommet, jouissant de ma solitude, dans ce lieu foudroyé, qui semble l’endroit affectionné de l’orage, toutes les fois que l’orage éclate dans ces montagnes.