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243. (1890) L’avenir de la science « XIV »

La science, en effet, se conduisant par la considération intrinsèque et objective des choses, n’est pas libre elle-même d’obéir à qui veut bien lui commander : si elle était libre dans ses opinions, on pourrait peut-être lui demander telle ou telle opinion.

244. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

« L’amour veut être libre et dégagé des affections de la terre, de peur que sa lumière intérieure ne se trouve offusquée, et qu’il ne se trouve ou embarrassé dans les biens, ou abattu par les maux du monde. […] « Celui qui aime est toujours dans la joie : il court, il vole, il est libre, et rien ne le retient ; il donne tout pour tous, et possède tout en tous, parce qu’il se repose dans ce bien unique et souverain, qui est au-dessus de tout, et d’où découlent et procèdent tous les biens.

245. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

Malgré tout, en effet, malgré la contagion de la libre pensée, ce terrible choléra moderne de la libre pensée qui les ronge et qui les diminue chaque jour, les chrétiens sont encore assez nombreux pour faire de la gloire comme le monde la conçoit et la veut, — et, de cela seul que l’Église mettait en question la sainteté de Christophe Colomb, il avait sa gloire, même aux yeux des ennemis de l’Église, qui, au fond, savent très bien, dans ce qui peut leur rester d’âme, qu’il n’y a pas sur la terre de gloire comparable à celle-là !

246. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

À l’endroit du christianisme, il se change tout de suite en hostilité pure, en polémique prolongée et acharnée ; car, à titre de religion d’État, celui-ci occupe la place, censure la libre pensée, fait brûler les écrits, exile, emprisonne, ou inquiète les auteurs, et se trouve partout l’adversaire naturel et officiel. […] Ouvrons la prison où le préjugé les enferme ; donnons-leur l’espace et l’air libre ; qu’ils se déploient dans toute leur force, et tout sera bien. […] La voici : Il existait un homme naturel, on a introduit au dedans de cet homme un homme artificiel, et il s’est élevé dans la caverne une guerre civile qui dure toute la vie… Si vous vous proposez d’être son tyran…, empoisonnez-le de votre mieux d’une morale contraire à la nature, faites-lui des entraves de toute espèce, embarrassez ses mouvements de mille obstacles ; attachez-lui des fantômes qui l’effrayent… Le voulez-vous heureux et libre, ne vous mêlez pas de ses affaires… Et demeurez à jamais convaincu que ce n’est pas pour vous, mais pour eux que ces sages législateurs vous ont pétri et maniéré comme vous l’êtes. […] » L’homme est libre, capable de choisir entre deux actions, partant créateur de ses actes ; il est donc une cause originale et première, « une substance immatérielle », distincte du corps, une âme que le corps gêne et qui peut survivre au corps  Cette âme immortelle engagée dans la chair a pour voix la conscience. « Conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix, guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre, juge infaillible du bien et du mal qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature. » — À côté de l’amour-propre, par lequel nous subordonnons le tout à nous-mêmes, il y a l’amour de l’ordre, par lequel nous nous subordonnons au tout.

247. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Donc aucun lien, ni religieux ni légal, ne resserrait l’union entre la comtesse d’Albany et son chevalier servant ; ils étaient libres, excepté des liens que l’habitude et les mœurs de l’Italie consacrent. […] Le poète s’adorait trop lui-même pour brûler un méchant sonnet si peu respectueux pour la comtesse, et la comtesse, de son côté, libre de publier ou d’anéantir ce sonnet, preuve de la légèreté d’Alfieri envers elle, ne le laissait évidemment imprimer que pour en faire usage à son tour, en donnant au public la preuve qu’Alfieri lui laissait désormais la liberté de son cœur en se vantant de la licence du sien. […] quelle est l’amante qui, libre d’anéantir la preuve d’une pareille offense, la laisserait subsister si elle n’avait elle-même l’intention de se déclarer libre par la plume de son premier adorateur ? […] Je n’en doute pas, madame, vous réussirez à obtenir une libre publication, puisque vous avez déjà été si avant. […] Vous dites avec raison qu’on est aussi libre ici que dans une république.

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