Catrou prend souvent la liberté de réformer les expressions de Virgile, en citant faussement les manuscrits sur lesquels il s’appuye, & quelquefois n’en citant aucun. […] Mais plusieurs Savans ont blâmé la liberté qu’il a prise de faire des changemens considérables dans l’ordre & dans la nature même des Odes. […] L’histoire perdroit beaucoup de ses avantages, si tous ceux qui se mêlent de l’écrire, se permettoient de pareilles libertés. […] Je crois d’ailleurs que peu de personnes auront approuvé la liberté que M. le Noble a prise dans cette traduction. […] Et quand même il auroit connu le monde, son état lui auroit peut-être interdit la liberté de donner à ses peintures toute l’énergie qu’un laïque peut se permettre sans conséquence.
Qu’il s’agisse donc des formes, des sujets ou de l’inspiration lyrique, épique ou dramatique, j’aboutis toujours au résultat de mes conclusions générales : la liberté disciplinée. […] En art, au contraire, c’est le régime de la liberté. […] Les libertés dont usent et abusent les auteurs contemporains n’auraient-elles pas nui à notre goût littéraire, à notre pénétration psychologique ? […] Et que dire du drame intime de Hamlet qui n’est certainement pas celui de la passion en pleine liberté ? […] Le drame moderne, grâce à une compréhension plus large de l’humanité, et grâce aux libertés conquises, mènera sans doute à une beauté nouvelle.
Tous les souverains agissent comme infaillibles. » Ce dogme, qui supprime à la fois le raisonnement et la résistance, une fois posé, l’auteur marche en liberté vers la tyrannie, d’un pas plus ferme que Machiavel. […] Cela est bon, car, sous une aristocratie plus ou moins forte, la souveraineté ne l’est plus assez. » Le sacre des monarques par l’autorité de Dieu, l’extinction de la liberté civile dans le monde, l’administration morale par le sacerdoce, la suppression des schismes par la puissance armée de l’unité dans la main du souverain pontife, de tristes et éloquentes prophéties contre l’indépendance de la Grèce à moins qu’elle ne reconnaisse l’autorité du pape, une adjuration aux protestants pour recomposer l’unité en sacrifiant leur liberté usurpée par la révolte contre Rome, des imprécations contre toute philosophie non orthodoxe, une hymne à Rome, véritable Te Deum d’un autre Ambroise, complètent ce livre. […] Ton âme est un papier blanc sur lequel nous n’avons point permis au diable de barbouiller, de façon que les anges ont pleine liberté d’y écrire tout ce qu’ils voudront, pourvu que tu les laisses faire. […] La république, que vous prophétisiez suivie de proscriptions et d’échafauds, a reparu pour abolir la peine de mort, les confiscations, l’esclavage, et pour convier les classes et les opinions hostiles entre elles à ne former qu’un seul peuple solidaire de la même liberté ; elle a péri par sa mansuétude, qui sera un jour son titre à quelque future réhabilitation de la liberté.
La France, fauchée à nu par la Révolution, décimée de grandeur intellectuelle et de liberté par l’Empire, semblait pressée d’éclore sous la Restauration, comme si la nature eût compris que la saison serait courte et qu’il fallait se hâter de fleurir. […] La séve de la nation, activée par la liberté, bouillonnait d’indépendance et d’émulation littéraire. […] XVI Il y avait le salon de madame de Montcalm, sœur du duc de Richelieu et centre de son parti politique ; ce parti, c’était l’aristocratie intelligente, ralliée à la Révolution raisonnable, une égalité par le talent ; l’aristocratie de l’honneur, c’était son drapeau ; on y respirait un air doux et tempéré comme le caractère de la maîtresse de maison ; la fine et gracieuse figure de madame de Montcalm, retenue, quoique jeune encore, sur son canapé, y présidait avec un accueil qui n’avait rien de banal ; ses goûts étaient des amitiés vives ; ses opinions devenaient des sentiments ; on voyait défiler devant ce canapé tous les hommes éloquents et sages qui auraient pu réconcilier la Restauration avec la liberté. […] Il y régnait cette liberté complète qui ne reconnaît de joug que la bienséance, que cette égalité affectueuse qui est la république du talent. […] Mon cœur était à la légitimité, mon esprit à la liberté ; je ne voulais manquer ni à mes souvenirs ni à la liberté complète de député indépendant.
Aucun gouvernement ne pouvait offrir une liberté aussi complète, malgré les vices inhérents à cette nature de gouvernement, composé d’une monarchie sans hérédité, d’une démocratie sans représentation, d’une aristocratie étrangère sans patriotisme, et d’un sacerdoce sans responsabilité. […] L’abbé Galiani, le plus sensé et le plus amusant des économistes, ne causait pas avec plus d’originalité, contre l’honnête et pesant Turgot dans ses entretiens sur la liberté du commerce des blés. […] C’était et c’est encore le génie de la Toscane historique ressuscité ; il désirait la liberté et l’indépendance de sa patrie, restaurée sous ses souverains libéralisés, mais nullement la destruction du nom de la Toscane et l’usurpation de la maison de Savoie sous les Piémontais, considérés alors comme de bons soldats des frontières, et nullement comme des maîtres dignes de l’Italie régénérée. […] » Ses compagnons épars, groupés sur le navire, Ne parlent point entre eux de foi ni de martyre, Ni des prodiges saints par la croix opérés, Ni des péchés remis dans les lieux consacrés, D’un plus fier évangile apôtres plus farouches, Des mots retentissants résonnent sur leurs bouches : Gloire, honneur, liberté, grandeur, droits des humains, Mort aux tyrans sacrés égorgés par leurs mains, Mépris des préjugés sous qui rampe la terre, Secours aux opprimés, vengeance, et surtout guerre ; Ils vont, suivant partout l’errante Liberté, Répondre en Orient au cri qu’elle a jeté ; Briser les fers usés que la Grèce assoupie Agite, en s’éveillant, sur une race impie ; Et voir dans ses sillons, inondés de leur sang, Sortir d’un peuple mort un peuple renaissant. […] S’immoler sans espoir pour l’homme qu’on méprise, Sacrifier son or, ses voluptés, ses jours, À ce rêve trompeur… mais qui trompe toujours ; À cette liberté que l’homme qui l’adore Ne rachète un moment que pour la vendre encore ; Venger le nom chrétien du long oubli des rois ; Mourir en combattant pour l’ombre d’une croix, Et n’attendre pour prix, pour couronne et pour gloire Qu’un regard de ce Juge en qui l’on voudrait croire Est-ce assez de vertu pour mériter ce nom ?