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1202. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

Et quand il deviendra quelque jour évêque, il consacrera, dans son inépuisable charité, au rachat des captifs, et les vases de son église et sa propre liberté.

1203. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

L’empereur lui impose, pour le rachat de sa liberté, des conditions ignominieuses et inexécutables. […] Admettrons-nous que M. de Lamartine ait écrit Jocelyn avec moins de loisir et de liberté que les Méditations et les Harmonies ? […] Puisqu’en effet les renseignements historiques sur la Jacquerie sont rares et énigmatiques, le poète avait beau jeu et pleine liberté. […] S’il arrive à l’un des deux d’oublier un instant la servitude où il s’est cloué, au premier mouvement de liberté le bruit de sa chaîne le réveille en sursaut. […] Cette liberté prématurée a donné à son esprit un caractère quelque peu viril.

1204. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

En face de l’antique pouvoir spirituel dont l’influence baisse, en face du pouvoir temporel, de l’État, qui n’a que trop de tendances à devenir pouvoir spirituel lui-même, ce qui serait un résultat fâcheux, ce qui nous ramènerait aux temps antiques, où, au grand détriment de la liberté de penser, les deux pouvoirs étaient confondus dans les mains de l’État ; beaucoup d’hommes en ce siècle, très clairvoyants et très sagaces, encore qu’un peu présomptueux, ont eu l’idée de fonder un pouvoir spirituel nouveau, en harmonie avec nos nouvelles tendances, débarrassé des restes de théologie et de mysticisme que l’ancien pouvoir spirituel traîne avec lui, conciliable avec la liberté de penser et la liberté de conscience, un pouvoir spirituel fin de siècle ou, si vous voulez, fin de christianisme. […] Nous trouvons beaux les lions, les tigres, les bœufs, les chiens, les cerfs, les oiseaux, c’est-à-dire des êtres qui ne nous ressemblent pas du tout, mais qui ont les qualités physiques que nous prisons le plus chez l’homme : force, agilité, souplesse, liberté, aisance et grâce de mouvements. […] La musique est donc admirable pour exprimer l’idée philosophique dans la juste mesure où elle remplit l’imagination sans la saturer, dans la juste mesure où elle convie l’imagination à rêver, en lui laissant la liberté de le faire. […] Et elles ont espoir d’être délivrées de cet asservissement de corruption pour participer à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. […] Car, que ferait de plus une horde étrangère, si elle pénétrait en Bretagne, que de lever sur nous des contributions, d’envahir nos biens, nos fortunes, de violer nos libertés et d’attenter à nos personnes ?

1205. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

On ne fonde pas une société sur le culte du plaisir et de la force ; on ne fonde une société que sur le respect de la liberté et de la justice. […] On voit alors se former une littérature nouvelle, élevée et originale, éloquente et mesurée, armée à la fois contre les puritains qui sacrifient à la tyrannie du texte la liberté de l’intelligence, et contre les catholiques qui sacrifient à la tyrannie de la tradition l’indépendance de l’examen, également opposée à la servilité de l’interprétation littérale et à la servilité de l’interprétation imposée. […] Nous ne voyons pas que ces libertés et ces abandons sont justement les signes de la croyance entière, que la conviction chaleureuse et immodérée est trop sûre d’elle-même pour s’astreindre à un style irréprochable, que la religion prime-sautière consiste non en bienséances, mais en émotions. […] La loi déclare que « toute personne au-dessus de seize ans qui, pendant un mois, refusera d’assister à l’office établi, sera enfermée jusqu’à ce qu’elle se soumette ; que si elle ne se soumet pas au bout de trois mois, elle sera bannie du royaume, et si elle revient, mise à mort. » Ils se laissent faire et montrent autant de fermeté pour souffrir que de scrupule pour croire ; sur un iota, pour recevoir la communion assis plutôt qu’à genoux, ou debout plutôt qu’assis, ils abandonnent leurs places, leur bien, leur liberté, leur patrie. […] Un pamphlet du temps demande la liberté de conscience, et tire ses arguments : « 1º De la parabole du blé et de l’ivraie qui poussent ensemble jusqu’à la moisson ; 2º de cette prescription des apôtres : Que chaque homme soit persuadé dans son propre entendement ; 3º de ce texte : Partout où manque la foi est le péché ; 4º de cette règle divine de notre Sauveur : Faites à autrui ce que vous voudriez qu’on vous fît à vous-mêmes408. » Plus tard, quand la Chambre en fureur veut juger James Naylor, le procès s’enfonce dans une interminable discussion juridique et théologique, les uns prétendant que le crime commis est une idolâtrie, d’autres qu’il est une séduction, chacun vidant devant l’assemblée son arsenal de commentaires et de textes409.

1206. (1883) Le roman naturaliste

Ajouterons-nous que, par l’imprévu de ses combinaisons infinies, par la variété des formes qu’il peut presque indifféremment revêtir, par la liberté de son allure et l’universalité de sa langue, il convient particulièrement à nos sociétés démocratiques ? […] la science obligeant la liberté de l’esprit humain au joug des lois de la nature et s’imposant comme d’autorité ; l’art, au contraire, échappant à la contrainte de ces lois et rendant l’intelligence à la pleine possession d’elle-même ! […] mais c’est justement ici que le romancier reparaît, et qu’il revendique sa liberté d’inventeur. […] C’est pourquoi, ne lui parlez pas d’une liberté qui se détacherait en quelque façon du corps, qui le dominerait, et qui l’asservirait à des fins plus élevées que le satisfaction des désirs corporels : il ne vous entendrait pas. […] Tout le monde, — je prendrai du moins la liberté de le supposer, — a lu la Foire aux vanités et tout le monde a lu David Copperfield.

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