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454. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Et s’il est permis de condenser en théorie les abondantes réflexions de Lamartine sur la poésie…, etc : deux poésies donc, non seulement toutes différentes l’une de l’autre, mais encore volontiers brouillées l’une avec l’autre. […] Ces deux idées, non seulement ne se combattent pas, mais encore elles s’appellent, elles s’exigent l’une l’autre, elles se fondent l’une dans l’autre, pour ne former qu’une seule notion, la notion de « poésie faite ». […] ibant obscuri sola sub nocte per umbram… en imaginer deux, comme le veut Thibaudet, et distinctes, et séparées, c’est les détruire également l’une et l’autre ; opposer la mystique lamartinienne de l’inspiration à la mystique valéryenne de la fabrication, c’est rendre également à la prose, c’est démysticiser, du même coup, et le lac et le cimetière marin. que cherchent-ils l’un et l’autre. […] Aucun admirateur de l’une ne semblait pouvoir reconnaître les prouesses de l’autre. […] Dans ma lecture à l’institut, et depuis le début de ces éclaircissements, dans chacun des précédents chapitres, j’ai cherché à rendre toujours présente la différence profonde de l’esprit et de l’âme, puis j’ai montré la nécessité de leur accord contre les obstructions que l’on doit à l’une des facultés trop exclusive de l’esprit, celle de l’analyse rationnelle, si limitée lorsqu’elle s’applique à ce qui comporte tant d’inconnu et d’infini : l’œuvre d’art.

455. (1923) Paul Valéry

A un certain moment il tint au Mercure une rubrique intitulée Méthodes, sous laquelle, je crois, il n’écrivit que deux fois, dont l’une au sujet d’un livre d’art militaire du général Dragomiroff. […] Mais l’une et l’autre se ressemblent en ce qu’elles créent directement de la vie sans passer par l’imitation de la vie donnée dans la nature. […] Ce qui existe c’est un point intérieur d’où l’on peut indifféremment se transporter à l’une ou à l’autre de ces deux réalités, une nuit étoilée, un état pathétique. […] Valéry a mis au jour, comme Maurice de Guérin dans le Centaure, une créature idéale qui pourrait être l’une des Parques du Parthénon. […] Il faudrait aller chercher dans les profondeurs originelles, communes à la philosophie et à la poésie, une identité d’impulsion, qui se traduit par une parenté entre les idées de l’une et les images de l’autre.

456. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

Cette polémique en général est faite, dans les Débats, par M. de Sacy, fils de l’illustre orientaliste, et l’un des plus honnêtes, des plus consciencieux écrivains de la presse périodique, comme aussi l’une des plumes les plus saines et les plus françaises au vieux sens de Nicole et de Bourdaloue.

457. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VI. Exordes. — Péroraisons. — Transitions. »

Mieux vaut laisser les choses dans leur naturelle incohérence et, quand on a fini de l’une, passer bonnement à l’autre sans plus de cérémonie.

458. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Giraud, Albert (1848-1910) »

C’est fort beau ces vers qu’il nous a dits. » Et tâtonnant dans sa mémoire, il y rattrapait morceau par morceau et ajustait, comme on fait d’une porcelaine brisée, l’une ou l’autre pièce, par exemple, ce sonnet, que, quelques mois après, Catulle Mendès, le raffiné, notre hôte à son tour, admira autant que l’avait fait ce fils des sillons : Ta gloire évoque en moi ces navires houleux… Que de fiers conquérants aux gestes magnétiques Poussaient, dans l’infini des vierges Atlantiques, Vers les archipels d’or des lointains fabuleux.

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