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264. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 41, de la simple récitation et de la déclamation » pp. 406-416

N’est-ce pas reconnoître que le plaisir d’entendre la récitation en impose à notre jugement, que de remettre à prononcer sur le mérite d’un poëme qui nous a plû, en l’entendant réciter, jusques à la lecture que nous en voulons faire, comme on dit, l’oeil sur le papier ? Il faut, disons-nous, ne point compromettre son jugement, et souvent la récitation en impose.

265. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

La connaissance qu’il eut de la nature de son esprit m’explique l’infaillibilité de ses jugements sur ses contemporains. […] Comme il n’eut aucun intérêt de vanité soit à élever les uns, soit à dénigrer les autres, ses jugements sont demeurés. […] Quand nous sommes témoins des effets d’une passion violente, le jugement que nous en portons n’est-il pas mêlé de blâme et de pitié ? […] Chacun donnait, ou son sentiment, comme auteur, sur le genre qu’il cultivait, ou son jugement, comme lecteur, sur les genres que traitaient ses amis. […] Il semble que l’œuvre imprimée lui eût donné des scrupules, et qu’il fût inquiet sur son premier jugement.

266. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

IV La spécificité des sensations implique-t-elle leur simplicité Si le sentiment spécifique de la qualité, sous sa forme la plus immédiate, ne saurait être mis en doute (tout l’édifice de nos sensations, de nos jugements et de notre expérience s’écroulerait avec lui), en est-il de même du sentiment de la simplicité, du sentiment de l’unité, auquel les spiritualistes attribuent une valeur absolue ? […] Ce qui donne lieu, dans ce problème, à beaucoup de méprises, c’est l’erreur communément répandue, qui consiste à croire que toute différence est toujours un objet non de sensation ou représentation, mais de jugement. […] En tout cas, loin de dire que les représentations de qualités et d’intensités se ramènent à des représentations de différences, il faut dire, au contraire, que les représentations de différences se ramènent elles-mêmes à des représentations spécifiques sous le rapport de la qualité et de l’intensité, à des représentations directes et immédiates, dont les jugements de différence ne seront que l’expression ultérieure dérivée, abstraite20. […] « Nous n’admettons pas d’abord, dit-il, des idées d’où sortent des jugements, puis des raisonnements ; mais la pensée pour nous commence par des raisonnements, qui conduisent aux jugements, qui eux-mêmes forment des idées. » La seule forme d’activité mentale, ajoute Wundt, qui ait le pouvoir de lier, d’unifier, c’est le raisonnement ; il est l’origine de toute synthèse, conséquemment de toute pensée ; c’est le raisonnement qui établit l’unité de composition de la pensée : la sensation est donc un composé d’états inconscients réunis par une synthèse inconsciente. […] La stimulation dont nous ne sommes pas avertis est à celle dont nous sommes avertis comme celle-ci est à la représentation aperçue ; et le processus mental de l’aperception étant un jugement, la forme de l’acte de sensation peut aussi s’appeler un jugement. » C’est sur cette propriété que Riehl veut fonder « la conscience immédiate de quelque chose qui n’est pas appréhendé par le sens » ; et ce quelque chose qui n’est pas nous-mêmes constitue pour nous « le réel existant ».

267. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Confiant dans l’excellence de sa cause, il rit du jugement de première et de seconde instance, parce qu’il espère qu’il sera cassé en appel. […] Que l’adorateur des secrets de Dieu se prosterne et se taise, nous n’avons pas cette humble révérence pour la majesté des jugements humains. […] Bien fou l’individu qui oserait opposer sa petite opinion personnelle au jugement unanime du genre humain ! […]   Les jugements originaux sont excessivement rares en littérature, comme en tout. […] La postérité, loin de casser en règle générale le jugement des contemporains sur les grands hommes « nés trop tôt », le confirme dans l’immense majorité des cas.

268. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« Êtes-vous bien sûr, d’abord, — dans votre jugement général, — de n’avoir pas obéi un peu trop à votre impression nerveuse ? […] « J’ai fini l’analyse et j’arrive à votre jugement. […] Ces différences légères de jugement s’expliquent au reste très-bien : vous voyez la plupart de nos littérateurs et poëtes dans leur ensemble et dans une sorte de raccourci ; nous, nous les avons vus à l’œuvre au jour le jour et dans leur développement continu. […] Lacaussade connaît si bien, on conçoit de quel avantage m’étaient ses indications, ses remarques d’homme du métier, et quelle précision je pouvais donner à mes propres jugements en les sentant appuyés du sien. […] Jules Levallois, destine à être un critique qui pense par lui-même et qui a son originalité, dut, on le conçoit, dans un commerce assidu et quotidien, contribuer à aiguiser beaucoup de mes jugements, m’en suggérer même qui étaient de lui et qui portaient avec eux leur expression.

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