1er février Quelqu’un nous dit qu’on nous joue à Montparnasse. […] Nous avons d’abord vu jouer La Chambre ardente, où, quand la Brinvilliers empoisonne, j’entends des femmes derrière moi lâcher : La garce ! […] Enfin on nous joue. […] Il arrive d’Autriche, de Hongrie, de Bohême…. il parle de Pesth où on l’a joué en hongrois, de Vienne où l’empereur lui a prêté une salle de son palais pour faire une conférence ; il parle de ses romans, de son théâtre, de ses pièces qu’on ne veut pas jouer à la Comédie-Française, de son Chevalier de Maison-Rouge qui est interdit, puis d’un privilège de théâtre qu’il ne peut pas obtenir, puis encore d’un restaurant qu’il veut fonder aux Champs-Élysées. […] Et devant soi, dans les ténèbres, la grande voix rythmée de la lame molle, et, dans le dos, la musique des airs de valse qui joue dans la lumière.
Il y fit jouer à la France le principal personnage dans tous les excès et dans tous les désastres de sa gloire. […] Soit pour flatter la charmante mère dans son fils, soit par un goût naturel des hommes d’étude et de solitude pour l’enfance, le grand historien passait ses heures de soirée à jouer avec moi. […] Sa tête était remarquablement petite ; son front, plus haut que large, le paraissait d’autant plus qu’il rasait ses cheveux vers les tempes, les laissant se jouer sur le sommet de la tête en une profusion de boucles naturelles brillantes, soyeuses, du plus beau châtain foncé ; ses dents étaient d’une parfaite régularité et d’une grande blancheur. […] Il se contentait de jouer avec son génie et avec sa sensibilité, comme un enfant avec l’écrin de sa mère. […] Ne dise en contemplant ces affronts sur ma joue, « Laissons aller le monde à son courant de boue », Et que faute d’un cœur, un siècle soit perdu !
Je ne me doutais guère alors que, ces applaudissements passionnés que je rêvais dans une salle, je les entendrais dans tout un peuple, et qu’au lieu de faire jouer un rôle à des acteurs dans mes tragédies idéales, j’en jouerais un moi-même dans la tragédie civile des événements de mon temps. […] Il me répondait de sa main, avec une bonté aussi parfaite qu’elle était prompte : « Qu’il jouait ce soir-là dans Britannicus, qu’il partait le lendemain, à midi, pour sa campagne de Brunoy ; mais que, si je n’étais pas effrayé de l’heure matinale, il me recevrait à huit heures du matin le lendemain, et qu’il entendrait avec intérêt la lecture de mon ouvrage. » La cordialité et la promptitude d’une réponse si gracieuse, faite de la main du grand homme de la scène à un jeune homme inconnu, m’attachèrent instantanément et pour jamais à Talma. […] Une belle lumière du matin, un peu verdie par le reflet des marronniers en fleurs, se jouait sur les rideaux, sur les glaces et sur les reliures rouges des livres de son cabinet. […] J’aime la nature, et je me sens meilleur quand je suis dans mes bois. » Puis, reprenant la question de ma tragédie à jouer : « Voyez, me dit-il, c’est très bien. « Si nous étions au siècle de Louis XIV, où la tragédie française, fille de la tragédie grecque et latine, n’était qu’une sublime conversation, un dialogue des morts en action sur la scène, je n’hésiterais pas à vous jouer demain et à vous garantir un grand applaudissement au théâtre ; mais entre Corneille, Racine et ce siècle-ci, il est né une autre tragédie, d’un homme de génie moderne, antérieure à eux, nommée Shakespeare (connaissez-vous Shakespeare ?).
», ne comprenant pas qu’on pût être autre part qu’au café, à jouer, à boire ou à discuter. […] Je ne jouerai plus ! […] Les démarches, la difficulté d’être joué mirent un instant aux prises sa paresse et son ambition. […] Je l’ai vu offrir le bras aux dames comme s’il jouait la comédie. […] » Le fait est que sa calvitie et son concierge jouaient un grand rôle dans sa vie.
J’arrive et à grand’ peine à me purger l’esprit de tout cela ; je me convaincs qu’il n’y a rien à attendre de là, rien à espérer, rien à admettre, qu’Anthime a été joué, que tous nous sommes joués. […] On en découvrirait même par hasard un ou deux qui appartiennent à la catégorie des bibliophiles spéculateurs) et qui réalisent au moment qu’ils jugent favorable : car on joue aujourd’hui sur les livres comme sur la Royal Dutch ou le Rio-Tinto. […] Je ne suis pas sûr qu’il le comprenne bien. « Paul-Ambroise a coutume de dire qu’il ne consent à tenir compte de rien qui ne se puisse chiffrer ; ce en quoi j’estime qu’il joue sur le mot tenir compte : car à ce compte-là, comme on dit, on est forcé d’omettre Dieu. […] A l’artiste qui se joue à la surface, il oppose le savant qui creuse, et cette opposition ne serait certes pas conforme à la pensée de Valéry, ni même à celle de La Fontaine, car enfin si l’abeille va de fleur en fleur, c’est pour en tirer le suc et l’essence. […] Si vous voulez y échapper, faites jouer votre pièce devant vos invités personnels et imprimer votre volume hors commerce.