En poésie, Lamartine avait donné le signal du renouvellement ; d’autres le donnaient dans l’ordre de l’histoire, d’autres dans l’ordre de la philosophie : c’était par toute la jeunesse une émulation unanime et comme un recommencement universel. […] Jouffroy, dans le premier orgueil de la jeunesse et de la science et avec l’auréole au front, ne dédaigna point de discuter avec le jeune séminariste de province : il le combattait sur les preuves de la Révélation et contestait surtout l’âge du monde, en s’appuyant sur le témoignage, si souvent invoqué alors et bientôt ruiné, du fameux Zodiaque de Denderah. […] L’abbé Gerbet revêtit le plus qu’il put le système de M. de Lamennais du caractère de persuasion et de conciliation qui lui est propre ; il en adoucit et en gradua les pentes : ce fut là proprement son rôle en cette période de sa jeunesse. […] On comprend toutefois, même sans entrer dans le vif des matières, que lorsqu’en 1824, l’abbé Gerbet eut fondé, de concert avec M. de Salinis, un recueil religieux mensuel intitulé Le Mémorial catholique, et qu’il eut commencé à y développer ses idées avec modération, avec modestie, et pourtant avec ce premier feu et cette confiance que donne la jeunesse, il y eut là, pour ne parler que de la forme extérieure des questions, quelque chose de ce qui signala en littérature la lutte d’un esprit nouveau contre l’esprit stationnaire ou retardataire.
Nous apporterons dans cette lutte de l’honnêteté et de la franchise, de la jeunesse et de l’audace. […] Hippolyte Castille. — Ses péchés de Jeunesse […] Le roman de Balzac conserve l’immutable et sereine jeunesse des chefs-d’œuvre, tandis que celui de M. […] Eugène d’Araquy a de la jeunesse pourtant, mais une jeunesse sans audace et sans volonté, qui ne sait pas ou n’ose point être originale. […] Où donc est-elle, cette jeunesse irrespectueuse, et à quoi donc pense-t-elle ?
Auguste Dorchain : La Jeunesse pensive. […] Georges Rodenbach : La Jeunesse blanche.
Bonstetten, sous ses airs de xviiie siècle, est spiritualiste, et très spiritualiste ; il croit à l’éducation continuelle, à l’acquisition et au renouvellement possible jusqu’à la fin de la vie : Ce n’est pas parce qu’on est jeune que l’on apprend quelque chose, mais parce que dans la jeunesse on vous tient au travail et qu’on vous fait suivre avec méthode une pensée. […] Il est des sujets d’étude convenables et bienséants jusqu’à la fin de la vie, ceux desquels Solon disait : « Je vieillis en apprenant toujours quelque chose. » Il y a d’autres études qui demandent de la jeunesse, les langues, par exemple. […] L’expression du vice, passagère dans la jeunesse, devient permanente avec l’âge. […] Parmi les dames russes qui, chaque été, passent à Genève allant en Italie, il avait beaucoup rencontré dans le monde et vu dans l’intimité une jeune personne d’un mérite solide sous le brillant de la jeunesse, d’une intelligence généreuse, sympathique, ouverte à tout ce qui est noble et beau ; il s’était lié avec elle, avec Mlle de Klustine. […] Quant aux mémoires, Bonstetten, cédant enfin aux importunités de ses amis, consentit à jeter sur le papier quelques-uns de ses souvenirs de jeunesse
Il était des élégants du temps, des muscadins et un peu de la jeunesse dorée ; il put être soupçonné d’en avoir les opinions. Toutes ces premières années de sa jeunesse se dérobent ; après avoir essayé sans succès de rentrer dans l’administration, il se livra décidément à l’étude, et à celle du grec en particulier, pour lequel il se sentait une vocation. […] Il avait dans sa première jeunesse plus de hardiesse qu’il n’en montra depuis. […] c’est trop fort, respectable serait assez. » Et il me raconta alors des particularités singulières, telles qu’on ne les savait bien que dans la famille des Débats, sur cet homme original, timide, fier, ennemi de tout joug, même conjugal, amoureux avant tout de sa liberté, jaloux de la reprendre au moment de la perdre, et qu’une circonstance fatale de jeunesse avait dû rendre plus réservé encore et plus retiré. […] Il avait dû être très bien dans sa jeunesse.