Pour se distraire, il envoie des vers à l’Académie de Besançon, à l’Athénée de Niort, à l’Athénée d’Avignon, aux Jeux floraux de Toulouse et ne remporte aucun prix. […] Il nous explique un de ses premiers jeux, que ses petites sœurs et lui appelaient la « musique des anges ». Ce jeu consistait à plier une baguette d’osier en demi-cercle, à en rapprocher les extrémités et à les lier par une corde, à nouer ensuite des cheveux d’inégale longueur aux deux côtés de l’arc (sapristi ! […] Tel, « Néron regardait les jeux par de petites ouvertures. » (Suétone.) […] ces jeux d’arène, ce drame brutal, ces tableaux vivants et ces exhibitions toutes crues, je crains bien que notre théâtre ne s’y achemine tous les jours… Mais, je le répète, les cruautés lamartiniennes ne nous hérissent pas plus que les luxures lamartiniennes ne nous avaient troublés.
Nous nous retrouvons donc devant le jeu tout particulier d’images et d’idées qui nous a paru caractériser la religion à ses origines. […] comme si une espèce dont chaque individu doit se hausser au-dessus de lui-même, par une laborieuse assimilation de tout le passé, ne valait pas au moins autant que celle dont chaque génération serait portée globalement au-dessus des précédentes par le jeu automatique de l’hérédité ! […] Mais dès que nous les tenons, nous voyons comment elles s’expliquent par le jeu combiné de l’intelligence et de l’instinct, comment elles ont dû répondre à un intérêt vital. […] Aucune loi n’a présidé à leur naissance, non plus qu’à leur développement ; l’humanité a laissé ici libre jeu à son instinct de fabulation. […] Mais la même faculté entre en jeu chez ceux qui, sans créer eux-mêmes des êtres fictifs, s’intéressent à des fictions comme ils le feraient à des réalités.
Le jeu des nuages dit au poète les révolutions des atomes, les conflits des sociétés, et le choc des passions. […] Sa conversation est un jeu de mobiles imagés, un jeu discret et charmant, s’exerçant à l’aise sur les sujets les plus divers, sans rien perdre jamais de son artifice et de sa grâce poétiques. […] Tantôt il nous l’a fait voir comme un jeu sans portée, un passe-temps délicat dont on peut user en toutes manières. […] Marcel Schwob, les Mimes, qui n’est, lui aussi, qu’un jeu ; mais le jeu charmant d’une âme de poète : et je ne puis dire l’exquise impression que j’en ai rapportée. […] Je sais que ce n’est là qu’un jeu ; mais est-ce que toute littérature et tout art devaient être autre chose qu’un jeu ?
« Livre-toi maintenant aux doux plaisirs et aux jeux folâtres ; tu peux te mêler aux danses légères de la jeunesse, ou amuser les jeunes filles par tes aimables chansons. » XI « Non content de son intimité avec Politien, le Villemain de ce siècle, et qu’il avait choisi pour le conseiller suprême de l’éducation de ses enfants, avec qui il se promenait à cheval dans ses domaines, Laurent témoignait la même faveur au jeune Pic de la Mirandole. […] Il jouait, comme Henri IV, à ces jeux familiers avec ses fils, dont l’un devait être pape, l’autre duc de Nemours. […] Le ton de ces lettres est triste comme les événements de cette saison : « Les seules nouvelles que je puisse vous apprendre d’ici, écrit-il à cette dame, c’est que la pluie est si continuelle qu’il est impossible de quitter la maison, et l’on est forcé de renoncer aux exercices de la campagne, pour se livrer, dans l’appartement, à des jeux tout à fait puériles.
J’y reconnais la gaieté satirique de nos pères : rien n’y manque, ni le trait qui déchire, ni le jeu de mots qui assaisonne le sens, ni la pointe pour les goûts un peu grossiers. […] On sent, du reste, les fâcheux effets de cette curiosité et de ce doute : le manque d’autorité, l’importance excessive donnée à l’individu, la pensée dégénérant en un jeu d’esprit. […] Cette intelligence qui a si peur de servir, qui se défie de la vérité à cause de sa ressemblance avec l’autorité, qui redoute si fort de se laisser surprendre, qui s’estime si au-dessus de son objet, voilà qu’un paradoxe sorti de quelque cerveau grec ou latin, un trait d’esprit, moins encore, un jeu de mots, a l’honneur de la mettre en branle, et de s’en rendre maître pour un moment !