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24. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Le jeu des représentations est-il le même dans les deux cas ? […] Nulle part ce jeu n’est aussi visible que dans l’effort d’invention. […] Mais, d’autre part, comment un jeu de représentations, un mouvement d’idées, pourrait-il entrer dans la composition d’un sentiment ? […] Entre la nuance affective qui colore tout effort intellectuel et le jeu très particulier de représentations que l’analyse y découvre, quel est alors exactement le rapport ? […] Il suffirait d’admettre que le jeu de sensations répond au jeu de représentations et lui fait écho, pour ainsi dire, dans un autre ton.

25. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Si Clovis se laissa faire consul, ce fut le jeu et la cérémonie d’une matinée. […] Ces circonstances collatérales, et le jeu qu’elles pouvaient avoir par contre-coup, sont très-ingénieusement présentés par M. de Saint-Priest. […] L’auteur fait ainsi beau jeu aux contradicteurs, en leur offrant son point de vue sous l’aspect le plus propre à être un point de mire. […] Plus la forme était différente et plus le terrain des deux sujets éloigné, plus aussi la noble lutte avait tout son jeu. […] Ces restitutions rapides, ces plaisirs de coup d’œil, ces inductions avenantes, font précisément le triomphe et le jeu de la critique littéraire.

26. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 14, de la danse ou de la saltation théatrale. Comment l’acteur qui faisoit les gestes pouvoit s’accorder avec l’acteur qui récitoit, de la danse des choeurs » pp. 234-247

Il est facile de concevoir que ces danses n’étoient autre chose que les gestes et les démonstrations que les personnages des choeurs faisoient pour exprimer leurs sentimens, soit qu’ils parlassent, soit qu’ils témoignassent par un jeu muet combien ils étoient touchez de l’évenement auquel ils devoient s’intéresser. […] Je m’étonne que cette imitation des anciens, qu’on me permette un jeu de mots, n’ait point eu d’imitateurs. Enfin nous avons vû des choeurs qui ne parloient pas, et qui ne faisoient qu’imiter le jeu muet des choeurs de la tragédie antique réussir sur le théatre de l’opera, et même y plaire beaucoup, tant qu’ils y ont été executez avec quelque attention. J’entends parler de ces ballets presque sans pas de danse, mais composez de gestes, de démonstrations, en un mot d’un jeu muet, et que Lulli avoit placez dans la pompe funébre de Psyché, dans celle d’Alceste, dans le second acte de Thesée où le poëte introduit des vieillards qui dansent, dans le ballet du quatriéme acte d’Atis et dans la premiere scéne du quatriéme acte d’Isis, où Quinault fait venir sur le théatre les habitans des regions hyperborées.

27. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Son jeu étoit varié singulièrement : il disoit quelquefois à ses camarades : Vous m’avez vu jouer aujourd’hui d’une telle façon, demain je jouerai d’une autre ; & toujours il faisoit également bien. […] Quelle force, quelle vérité mâle & fière ne mettoit-il pas dans son jeu ! […] Son jeu fut plein d’expression & de vérité. […] Ceux qui connoissent le jeu de M. de Voltaire, sçavent quelle ame, quelle force, quel enthousiasme il met dans son action, & quelle chaleur il demande également dans les autres. […] Il n’appartient qu’aux prédicateurs du premier ordre de sçavoir tirer parti de la fréquentation des spectacles & du jeu des grands comédiens ; témoin le P. 

28. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Suivant Athenée, Thelestes avoit été l’inventeur de cette espece de jeu muet ou de danse sans saults et sans pas élevez, et laquelle nous appellerons ici le plus souvent l’art du geste. […] Apulée nous a laissé la description d’une représentation du jugement de Paris, executée par des comédiens pantomimes qui joüoient sans parler, et dont le jeu s’appelloit saltatio. […] Ciceron dit que ce qui leur plaît davantage dans le jeu des comediens, ce sont les gestes simples et naturels. […] Roscius rendoit donc par un jeu muet le sens de la phrase que Ciceron venoit de composer et de reciter. […] Ciceron changeoit ensuite les mots ou le tour de la phrase, sans que le sens du discours en fut énervé, et il falloit que Roscius à son tour rendit le sens par d’autres gestes, sans que ce changement affoiblît l’expression de son jeu muet.

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