Bossuet l’évita en rangeant la sienne à la tradition, c’est-à-dire en la mettant à la suite de tant de grands hommes, de tant d’intelligences supérieures, de tant de sagesses accumulées, qui en formaient comme la chaîne. […] Et de même qu’il s’élève sans effort, c’est sans contrainte, et sans le moindre air de déroger, que le pasteur de l’Eglise de Meaux approprie ses instructions à l’intelligence de son humble troupeau. […] La nécessité d’approprier son enseignement à l’intelligence de son élève lui apprit ce grand art de la proportion, de la convenance, du choix, où les anciens sont de si bons guides. […] Le sens propre n’y apportait que les pires de ses excès, des subtilités à fatiguer l’intelligence de théologiens comme M. […] Si l’évêque de Meaux resta maître des intelligences, l’archevêque de Cambrai resta maître des imaginations.
L’intelligence des sentiments a toujours pour conséquence la tendresse. […] C’est une vérité acquise aujourd’hui à la science des poisons de l’intelligence. […] La nature n’admet pas plus le luxe et la virtuosité dans l’ordre de l’intelligence qu’elle ne l’admet dans l’ordre de la matière. […] Elles se livrent une sorte de combat pour la primauté, qui a pour champ l’intelligence des races. […] Toutes les intelligences d’une même génération supportent, en effet, la pesée sur elles de quelques certitudes communes.
Mallarmé facilite, ordonne à la critique ce devoir : parlant d’un poète l’apercevoir entier construit comme un poème, par une intelligence poétique. […] Je crois bien qu’il le maintient contre lui-même, contre le doute qui déniait l’intelligence à l’aimée. […] Avec de l’imagination et de la tendresse nous ressentons, je veux bien, l’amour d’Oreste, mais notre plaisir malgré tout demeure d’intelligence. […] D’un tel état, l’intelligence de la rareté, qui y est comprise, ne fait en somme que le plus bas degré. […] Ici l’intelligence dernière se prouve.
Soucieux de conserver tout ce qu’a produit ce rare esprit, nous n’avons pas cru devoir nous laisser arrêter par les considérations qui l’auraient arrêté lui-même, et il nous a semblé que, prise isolément, chacune des études que nous présentons aujourd’hui offrait un assez haut intérêt pour honorer encore la mémoire d’Émile Hennequin et pour entretenir les regrets de ceux qui ont vu disparaître avec lui une des plus belles intelligences et l’un des plus purs talents de la jeune génération.
Pour entrer dans la pratique, pour prendre le gouvernement des âmes, pour se transformer en un ressort d’action, il faut qu’elle se dépose dans les esprits à l’état de croyance faite, d’habitude prise, d’inclination établie, de tradition domestique, et que, des hauteurs agitées de l’intelligence, elle descende et s’incruste dans les bas-fonds immobiles de la volonté ; alors seulement elle fait partie du caractère et devient une force sociale. […] Ainsi, ce n’est pas une intelligence qui arrange la matière, c’est la matière qui en s’arrangeant produit les intelligences. Mettons donc l’intelligence où elle est, dans le corps organisé ; n’allons pas la détacher de son support, pour la jucher dans le ciel, sur un trône imaginaire. […] Cela est visible chez Descartes et dès son second pas (Théorie de l’esprit pur, idée de Dieu, preuve de son existence, véracité de notre intelligence prouvée par la véracité de Dieu, etc.).