Il était déclaré extérieur, il est déclaré intérieur. […] En cet état, on s’oublie, on a perdu conscience du présent ; on est devant la fantasmagorie intérieure comme au théâtre devant une bonne pièce. […] Tant qu’on n’a pas fait cette remarque, on le dédouble, en acte intérieur et en objet connu. […] Nous nous figurons alors, plus ou moins nettement et avec un détail plus ou moins net, tel intérieur, tel paysage, tels personnages, tels incidents, et, à mesure qu’ils passent devant l’œil intérieur, nous savons qu’ils sont imaginaires, supposés, tout entiers de notre fabrique. […] Flaubert m’écrit : « N’assimilez pas la vision intérieure de l’artiste à celle de l’homme vraiment halluciné.
Par quel artifice intérieur puis-je donc rapporter l’image présente à la sensation passée qui n’est plus ? […] Il y a un contraste intérieur entre la force exercée par moi et la force subie par moi, entre le volontaire et l’involontaire. […] Cette diminution supprime le choc intérieur, la transition brusque, le sentiment de la surprise dont parle Bain. […] Je reconnais ce que j’attendais : je n’ai aucun choc intérieur, aucune résistance à vaincre. […] Chopin était inconscient du jeu mécanique de ses muscles, et même du jeu de ces muscles intérieurs qui sont le raisonnement et le calcul ; était-il pour cela inconscient de ces joies ou de ces souffrances intérieures, de ces intuitions du génie où vient se concentrer tout un monde ?
Il y a, selon ce moraliste, toute une partie de notre être : la partie intime, la vie intérieure, la vie de la pensée et du sentiment devant laquelle s’arrêtera l’art-moral-scientifique. […] La partie proprement individuelle, le for intérieur, lui échappera. […] Bayet laisse à chacun la faculté de cultiver, à ses risques et périls, son « jardin secret ». — « L’art social, dit-il, s’abstiendra d’intervenir aux heures douloureuses de la vie intérieure. […] En effet, on connaît le lieu commun des moralistes sur l’étroite solidarité qui unit la vie intérieure de l’individu à sa conduite extérieure et sociale. […] On aurait vite fait intervenir ici le commode principe de la « direction normale » de la conscience collective et on déclarerait de telles dispositions intérieures peu conformes à la prétendue « direction normale ».
Maine de Biran appartient à la famille des métaphysiciens et méditatifs intérieurs, et, grâce au nouveau volume, on peut étudier à nu et très commodément ce type d’organisation en lui. […] Il regarda comme de dessus un pont intérieur le fleuve qui passait en lui et qui n’était autre chose que lui. […] On a maintenant sous les yeux les trois temps et comme les trois actes qui constituent le drame intérieur de la vie de Maine de Biran. […] Il trouve sa liberté de vouloir absente ou insuffisante ; il ne trouve nulle part le repos, pas même en soi ; non seulement l’homme extérieur en lui contrarie l’homme intérieur, mais du fond de l’homme intérieur il sent ressortir des contradictions dont il n’est pas maître : « Quel sera le terme de ces contradictions ? […] mais le progrès, dans le sens où il l’entend, gagne et avance toujours ; il est de ceux qui travaillent à se perfectionner sans cesse « L’homme extérieur se détruit, l’homme intérieur se renouvelle », se dit-il avec l’apôtre.
Il n’est pas douteux que le temps ne se confonde d’abord pour nous avec la continuité de notre vie intérieure. […] Comment passons-nous de ce temps intérieur au temps des choses ? […] Or notre durée intérieure, envisagée du premier au dernier moment de notre vie consciente, est quelque chose comme cette mélodie. […] On a vu plus haut comment la durée intérieure s’extériorise en temps spatialisé et comment celui-ci, espace plutôt que temps, est mesurable. […] Mais le changement n’existerait que pour cette conscience capable de comparer l’écoulement des choses à celui de la vie intérieure.