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115. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Le phénomène extérieur et objectif qui constitue le son n’est donc pas identique au phénomène intérieur et subjectif qui constitue la sensation de son. […] La « mesure » intérieure du vrai est donc la constitution même de notre pensée, qui ne peut concevoir l’identité des contradictoires, parce qu’elle ne la réalise jamais en elle-même et ne la trouve jamais réalisée hors d’elle-même. […] Par exemple, la joie peut être plus ou moins intense ; la puissance que je déploie pour vaincre un obstacle intérieur ou extérieur, un mouvement de colère ou un poids à soulever, peut être également plus ou moins intense. […] Or, pour cela, nous sommes obligés de faire appel à l’expérience intérieure ou extérieure, à la conscience que nous avons des diverses qualités positives. […] Quant à l’expérience même, elle a simplement des degrés, selon qu’elle est plus ou moins intérieure, selon qu’on en pénètre plus ou moins le contenu.

116. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Jouffroy moraliste I Si l’habitude de la réflexion conduit l’homme intérieur dans la psychologie, elle l’en ôte bientôt pour l’enfermer dans la morale. […] Les habitudes de l’homme intérieur, ayant formé le philosophe, formèrent sa philosophie ; son système du monde fut produit par l’état de son âme ; sans le savoir ni le vouloir, il construisit les choses d’après un besoin personnel, Ce genre d’illusion est presque inévitable ; nous ressemblons à ces insectes qui, selon la diversité de la nourriture, filent des cocons de diverses couleurs. […] Homme intérieur, dévoué aux théories élevées et prouvées, arraché au christianisme par la logique, il a été égaré par des restes d’inclinations religieuses et par l’habitude de l’abstraction vague. […] Le génie de cette race est passionné et réfléchi ; les hommes concentrés y abondent ; mélancoliques, ardents, sérieux, religieux, solitaires, ils pensent naturellement à Dieu, au devoir, au bonheur, à la vie future, et leurs orages sont intérieurs. […] Tranquille de ce côté, il se tourna vers la philosophie, emploi naturel d’un esprit concentré et d’un homme intérieur.

117. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Les manifestations vitales que nous apercevons au dehors ont une cause intérieure, cachée à nos regards. […] C’est pourquoi j’ai donné le nom de milieu intérieur organique au sang et à tous les liquides blastématiques qui en dérivent. […] Tous ces éléments constitutifs du milieu intérieur sont ensuite portés au cœur, centre du mouvement circulatoire. […] Kant a défini la vie : « un principe intérieur d’action ». […] Il n’y a en réalité pas plus de principe intérieur d’activité dans la matière vivante que dans la matière brute.

118. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Les galeries superposées et repliées les unes derrière les autres, pour laisser les regards embrasser librement la scène, s’avancent à l’intérieur comme autant de promontoires sur la mer. […] Vue générale de l’intérieur de Saint-Pierre « On pousse avec peine une grosse portière de cuir, et nous voici dans Saint-Pierre. […] Pour que l’œil soit satisfait, le contour extérieur de la partie sphérique d’une coupole ne doit pas être le même que le contour intérieur ; la coupole de Saint-Pierre a deux calottes, et entre les deux rampes l’escalier par lequel on monte jusqu’à la boule. […] De temps en temps des fenêtres, inaperçues d’en bas, laissent entrer le jour dans ces demi-ténèbres intérieures. […] Je renonce à décrire le bruit du vent dans l’intérieur de cette oreille de bronze dont les moindres haleines de l’air frappent le tympan (que serait-ce dans la tempête ?).

119. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

L’on aura atteint au bout de ces travaux le résultat le plus haut auquel tend tout l’embranchement des sciences organiques : la connaissance d’un homme analyse et reconstitué, de ses fibres intérieures, des délicates agrégations de cellules cérébrales traversées par le jeu infiniment mouvant et complexe des ondes récurrentes, de ce centre de la trame intime de vibrations qui, phénomène physiologique pour l’observateur idéal placé au dehors et percevant son envers, est, pour ces cellules mêmes, immatérielles ou s’ignorant matière, de la pensée, des émotions, des douleurs, des joies, des souvenirs d’êtres et de choses, — jusqu’à l’aboutissement même des nerfs infiniment déliés, infiniment ramifiés, qui par des voies encore inconnues, à travers l’encéphale, le cervelet, la moelle allongée et la moelle épinière, recevant les répercussions actives de tout ce travail intérieur, conduiront aux muscles, à l’épiderme, à cette surface de l’homme colorée et conformée, — jusqu’aux êtres qui forment les antécédents de ce corps, — jusqu’à ceux qui le touchèrent ou dont les actes, par des manifestations proches ou lointaines, l’affectèrent, le réjouirent ou le contristèrent, — jusqu’aux cieux qui se reflétèrent dans ses yeux, — jusqu’au sol qu’il foula de sa marche, — jusqu’aux cités ou aux campagnes dont la terre souilla ses pieds et résorba sa chairec. […] Pater et Vernon Lee, les romanciers archéologues tels que Flaubert, se sont servis pour décrire les milieux humains passés et disparus, sera ici mis à profit avec de plus importants résultats, puisque cette enquête par le dehors, par le visible, par ce dont l’histoire rend témoignage, aura été précédée et affirmée par des données probables ou sûres sur l’intérieur, sur le gros mécanisme mental de ces gens que l’on va dresser en pied dans leur chair et leur costume.

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