On n’estime pas à volonté, et parce qu’on a intérêt à le faire. […] On n’accorde ce nom qu’au sacrifice d’un intérêt, quel qu’il soit, à un motif pur de tout intérêt. […] Voilà pourquoi l’intérêt est si capricieux. […] Chaque homme a ses passions propres ; chaque homme a donc une manière à lui d’entendre son intérêt ; et même mon intérêt d’aujourd’hui n’est pas mon intérêt de demain. […] L’homme peut s’égarer dans la poursuite de son intérêt.
On voit qu’il arrive à Beaumarchais comme à nous tous : nous devenons prudents et sages, du moment que nos passions s’apaisent, que nos intérêts (y compris les intérêts de nos talents et de nos facultés les plus chères) sont hors de cause ; celui qui a mis au monde Figaro, qui l’a poussé envers et contre tous, et qui n’a plus grand-chose de nouveau à ajouter, voudrait dire holà ! […] En rabattant de l’exaltation bien naturelle à un vieillard, plein d’imagination, qui se souvient de son plus beau moment de gloire, on sent en plus d’un passage l’accent de la conviction et d’une sincérité persuasive Beaumarchais, dans ses souvenirs, oubliait sans doute bien des détails qui eussent apporté de l’ombre au tableau, mais il avait raison en parlant de cet intérêt public, de cet aspect patriotique et général sous lequel avait toujours eu soin de placer et de voir même son intérêt particulier. […] Il en parla successivement à quatorze ministres qui se succédèrent en peu de mois, et ne rencontra chez tous qu’inattention et temporisation continuelle, quelques hommes dans les bureaux ayant intérêt, non à faire manquer l’affaire, mais à la tirer des mains de Beaumarchais pour y trouver eux-mêmes leur profit. […] Ceux qui n’y apportent d’autre intérêt que celui de la vérité ne feront aucune difficulté d’admettre l’apoplexie, en se réservant tout au plus un léger doute. […] Maintenant, j’accorderai volontiers que, dans toutes les occasions où il le put, Beaumarchais chercha à concilier son intérêt particulier avec l’intérêt public, à les confondre en quelque sorte pour en tirer du même coup profit, honneur, popularité.
Ce qui donne à ce demi-siècle sa physionomie, c’est d’abord la prédominance du positivisme scientifique sur la foi religieuse, en second lieu la prédominance des intérêts matériels sur les intérêts moraux, enfin la prédominance des questions politiques sur les questions sociales. […] Le second empire a été, pour notre malheur, idéaliste dans sa politique extérieure : dans le gouvernement intérieur, il a capté les égoïsmes, séduit les intérêts, poussé toutes les parties de la nation vers l’exclusive recherche des avantages matériels. […] Exploitant avec une passion adroite toutes les fautes, toutes les iniquités, toutes les incohérences de la politique extérieure et intérieure du gouvernement, ils ne lui laissèrent d’autre soutien que l’intérêt de la masse rurale, à qui l’empire paraissait une garantie de paix et de bien-être. […] Par sa politique et par sa chute, l’empire fournit à Thiers la plus belle situation que jamais homme d’Etat puisse rêver : celle où tous les intérêts personnels coïncident avec le bien public et le devoir patriotique, celle où il suffit de s’oublier pour s’élever, de penser à soi pour bien mériter de tous. […] Je me demande, toutefois, si elle n’aura pas sa revanche, et bientôt : depuis une quinzaine d’années, on s’est battu plutôt pour des intérêts que pour des principes ; mais voici que, de nouveau, deux conceptions générales de l’ordre social sont en présence.
Si sentir vivement les atteintes portées aux principes les plus indispensables & les plus respectés ; si s’exprimer avec chaleur & intérêt, dès qu’il s’agit de tous ces importans objets, c’est être partial ; nous souscrivons volontiers à cette inculpation. […] Nous ne réfuterons pas une infinité d’autres plaintes que l’intérêt d’opinion, l’intérêt personnel, l’intérêt de société, l’intérêt de fantaisie, l’intérêt de rivalité, l’intérêt d’irréligion, & tous les intérêts particuliers ont articulées contre nos jugemens. […] Au lieu de cela, nous n’avons écouté que nos propres sentimens, consulté que les vrais intérêts de nos Concitoyens.
L’intérêt croît sensiblement d’acte en acte. […] Une pareille trahison fait frémir le spectateur ; et il y a loin de là, à pouvoir reprendre quelque intérêt au personnage. […] Il est à propos à présent que je parle un peu plus au long de l’unité d’intérêt. […] J’ai distingué l’unité d’intérêt de celle d’action. […] Vous allez voir cependant que dans le cours de cette action unique il y a deux intérêts qui se succedent.