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1063. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Au milieu de toutes ses tribulations, le héros picaresque s’arrête un instant, avec complaisance, à écouter un roman d’amour et d’estocades, et s’y délasse un peu. […] Mais il y a à chaque instant des commencements de roman, des nouvelles, des romans rudimentaires. A chaque instant Marivaux glisse au récit. […] Mais elle était arrivée un instant trop tard ; j’avais accepté, et il eût été désobligeant de rendre. » M.  […] Il hésite, aussi, un instant ; on le voit par ses lettres ; puis il se décide pour le bon sens, la justice et la pitié.

1064. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Son talent réfléchi et très-intérieur n’est pas de ceux qui épanchent directement par la poésie leurs larmes, leurs impressions, leurs pensées ; il n’est pas de ceux non plus chez qui des formes nombreuses, faciles, vivantes, sortent à tout instant et créent un monde au sein duquel eux-mêmes disparaissent : mais il part de sa sensation profonde, et lentement, douloureusement, à force d’incubation nocturne sous la lampe bleuâtre, et durant le calme adoré des heures noires, il arrive à la revêtir d’une forme dramatique, transparente pourtant, intime encore. […] Il m’arrive à chaque instant d’être emporté par elle et d’aller jusqu’à la fin en soupirant et en gémissant de ses maux… Dans ce moment encore, en vous écrivant, mon ami, je suis forcé de m’interrompre pour lire la Demoiselle infortunée.

1065. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

. —  Si maintenant, après avoir considéré le passage de la représentation à l’idée, on regardait le passage de la représentation à la résolution, on y trouverait des différences élémentaires de la même importance et du même ordre, selon que l’impression est vive, comme dans les climats du midi, ou terne, comme dans les climats du nord, selon qu’elle aboutit à l’action dès le premier instant, comme chez les barbares, ou tardivement, comme chez les peuples civilisés, selon qu’elle est capable ou non d’accroissement, d’inégalité, de persistance et d’attaches. […] Ces grands ressorts donnés font peu à peu leur effet, j’entends qu’au bout de quelques siècles ils mettent la nation dans un état nouveau, religieux, littéraire, social, économique ; condition nouvelle qui, combinée avec leur effort renouvelé, produit une autre condition, tantôt bonne, tantôt mauvaise, tantôt lentement, tantôt vite, et ainsi de suite ; en sorte que l’on peut considérer le mouvement total de chaque civilisation distincte comme l’effet d’une force permanente qui, à chaque instant, varie son œuvre en modifiant les circonstances où elle agit.

1066. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» La note héroïque se retrouve au même instant sur la corde. […] Le vent qui, un instant avant, soufflait des montagnes, avait tourné pendant ma longue station au tombeau du roi ; il soufflait maintenant de la mer, et il m’apportait de la ville une sorte de psalmodie plaintive semblable au gémissement d’une cité en deuil.

1067. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Marie-Antoinette tourna la tête du côté de son ancien palais, et regarda quelques instants ce théâtre odieux et cher de sa grandeur et de sa chute. […] Elle s’agenouilla un instant et fit une prière à demi-voix, puis, se relevant : “Adieu encore une fois, mes enfants, dit-elle en regardant les tours du Temple, je vais rejoindre votre père.”

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