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395. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Il y a même ici une différence au désavantage du latin ; c’est que la langue française est sans inversions, au lieu que la langue latine en fait un usage presque continuel ; or cette inversion avait sans doute ses lois, ses délicatesses, ses règles de goût, qu’il nous est impossible de démêler, et par conséquent d’observer dans nos écrits latins. […] Or voilà ce qu’il me paraît impossible de démêler quand la langue n’est pas vivante. […] Personne ne serait donc plus intéressé que lui à soutenir, que s’il n’a pas mieux réussi dans ses vers latins, c’est que la chose est impossible.

396. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Ce que nous disons exister, certains le déclarent impossible et inexistant, au nom des principes. […] Pourquoi déclarer impossible en littérature une tentative qui paraît heureusement accueillie en musique ? […] Quelques dattiers levaient très haut leur bouquet de plumes, et çà et là, au sommet de la colonne sombre du tronc, les régimes de fruits, énormes, recourbés et pendants, étincelaient comme des parures de fils d’or compliquées et ajourées, emportées dans l’azur, impossibles à atteindre.

397. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Toutefois, si la chose n’est pas impossible, vous m’avouerez qu’elle n’est guère probable. […] Elle serait impossible, si le déterminisme auquel la matière obéit ne pouvait se relâcher de sa rigueur. […] Telle forme vivante, que nous observons aujourd’hui, se rencontrait dès les temps les plus reculés de l’ère paléozoïque ; elle a persisté, immuable, à travers les âges ; il n’était donc pas impossible à la vie de s’arrêter à une forme définitive.

398. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

D’un autre côté, en faisant même abstraction du talent de l’écrivain, il est impossible de ne pas être touché de la généreuse hardiesse de sa tentative. […] Il me serait impossible de le faire en toute liberté et en toute convenance.

399. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Si j’avais compris, dès le commencement, qu’aimer un mari qui n’était pas aimable, ni ne se donnait aucune peine pour l’être, était une chose difficile, sinon impossible, au moins lui avais-je, et à ses intérêts, voué l’attachement le plus sincère qu’un ami, et même un serviteur, peut vouer à son ami et son maître ; mes conseils avaient toujours été les meilleurs dont j’avais pu m’aviser pour son bien ; s’il ne les suivait pas, ce n’était pas ma faute, mais celle de son jugement qui n’était ni sain ni juste. […] Peut-être la fuite seule pourrait y remédier ; mais il y a des cas, des situations, des circonstances, où la fuite est impossible ; car comment fuir, éviter, tourner le dos au milieu d’une Cour ?

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