« Oui, il vit et ment comme jadis, continua le fils de Maria Dmitriévna : et imaginez-vous, cette petite folle (il désigna la jeune pensionnaire, la sœur de sa femme) lui a mis hier du poivre dans sa tabatière.
Il a été plus étonnant encore dans Paméla, la composition la plus froide qu’on puisse imaginer et toutefois, la plus attachante.
. — Il s’occupe même des choses qui ne l’intéressent point personnellement ; — ce qui serait la définition même de la description épique ; — si d’ailleurs, comme au temps des Orientales, Hugo ne demeurait trop indifférent à la « vérité pure » de ces choses ; — et ne continuait à les représenter telles qu’il se les imagine ; — sans jamais éprouver de doute sur l’infaillibilité de son imagination. — C’est ce qui lui arrive également dans les Chansons des Rues et des Bois, 1865 ; — qui retournent au lyrisme, par le caprice ou la « folâtrerie » souvent énorme de l’inspiration ; — par la variété de l’exécution ; — et par la liberté qu’il s’y donne de ne recevoir et de ne respecter aucune contrainte. […] La Contagion] ; — et tout cela, si ce n’était pas du contre-romantisme, — c’était cependant autre chose que le romantisme. — En second lieu, pour en faire du réalisme, — il a imaginé des intrigues « actuelles » ou contemporaines ; — dont les personnages étaient imités de ceux de Balzac [Cf.
Voici, j’imagine, de quelle façon s’est formé, dans l’esprit de M. de Balzac, ce type de la grande dame, qu’il a tant de fois reproduit sous les mêmes noms ou sous des noms différents. […] À coup sûr, la Révolution française, la Vendée, les scènes de régicide et de terreur, les grandes guerres de l’Empire, pourraient être d’admirables cadres de romans ; et cependant l’on hésite ; il semble qu’on en soit trop près pour avoir le droit d’y rien changer ou d’y rien mêler, que des traditions toutes récentes, des souvenirs tout frémissants, dénonceront le point de soudure entre le fait dont on s’empare et celui qu’on va y ajouter : et lorsque, irrésistiblement entraîné par la pathétique grandeur de ces épisodes, on tente l’aventure, on reconnaît vite qu’on s’est trompé, que le vrai et l’imaginé tranchent trop crûment l’un sur l’autre, qu’hommes et choses ne peuvent acquérir que par la fuite des années et des siècles ces proportions flottantes, ces idéales perspectives, nécessaires à l’alliance du roman et de l’histoire. […] Outre qu’il n’est pas tout à fait prudent d’établir au profit des grands hommes ou de quiconque s’imagine les reproduire une morale exceptionnelle, trop différente de la morale générale et trop commode, ces vues, prises de si haut, ont le tort de se perdre dans les nues, et d’être, le plus souvent, assez peu conformes à la vérité des faits… » Ces lignes, que je gâte en les abrégeant, et les pages suivantes marquent, en ce sujet si controversé et où il est si facile de toucher aux extrêmes, cette parfaite mesure qui, arrivant après les opinions passionnées et contraires, fait réellement ressembler le jugement d’un historien au verdict d’une cour suprême.
Qu’est-ce qu’une idole, sinon un symbole, une chose vue ou imaginée qui représente le divin ?