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914. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Mme de Pontivy arriva en hâte à Paris, réclamée par sa tante, qu’effrayait cette idée d’une parente compromise. […] Mais cette idée de rival était un trait qui la faisait de nouveau bondir, en lui montrant présent le danger. […] Quant à elle, la seule idée d’avoir dormi sous le même toit que lui, sous le toit de son ami, était sa plus grande fête et l’attendrissait à pleurer. […] Mais cette idée, après une nuit presque toute passée ensemble dans les bosquets, de coucher encore sous le même toit (même sans aucune autre facilité de tendresse), cette pure idée lui échappa : il eut un tort. […] L’idée de sa fille, encore au couvent, mais qui n’avait plus un très-grand nombre d’années pour en sortir, l’idée aussi de son mari, alors en Amérique, et qui avait peu de chances sans doute, peut-être même assez peu de fantaisie de revenir en France, mais dont pourtant, depuis la mort du Régent, on pouvait parler à M. le Duc, ces flottantes pensées s’élevaient et grossissaient en elle comme des vapeurs, dans le vide où elle se sentait.

915. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Sous cette influence féconde des deux antiquités, les idées générales entrent à flots dans l’esprit français, et en étendent tout à coup les limites. […] On commença par recevoir les idées antiques de seconde main, et par des intermédiaires. […] Les premières idées qui furent modifiées par cette influence se rapportent à la vie ordinaire, à l’esprit de société, plutôt qu’à la haute spéculation. […] Un grand nombre, à notre insu, nous plaît par l’époque de la langue et par l’idée qu’elles ont été des nouveautés pour nos pères. […] Le titre et l’idée de cet ouvrage sont imités du Décaméron de Boccace ; mais l’exécution en a fait un ouvrage original.

916. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Or, qualités et défauts tiennent à l’idée qu’ils se font du rôle de l’écrivain. […] Plus visible est encore l’influence littéraire des idées religieuses, quand on passe des catholiques aux réformés. […] J’ose dire que l’idée d’une pareille apologie ne fût pas venue à un protestant. […] A plus forte raison, des écrivains, indifférents ou hostiles, ont-ils introduit soit des tendances soit des idées hérétiques. […] J’ai développé ces idées dans une étude intitulée : L’Influence de la Suisse romande sur la France (Recueil de l’Université de Lausanne, 1890).

917. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Quelle idée bizarre que celle d’incarner l’espionnage prussien, si cruellement réel et pratique, dans cet épouvantail grotesque qui n’a pas même le sens d’un symbole ? […] Le trouble de l’idée s’est reflété dans l’exécution. […] Il y a autant d’idées dans Monsieur Alphonse qu’il y avait de chimères dans la Femme de Claude. […] L’idée lui est venue de faire recueillir par M. de Montaiglin, qui a été l’ami de son père, la jeune Adrienne. […] Octave est un garçon amolli par la paresse, dépravé par la vanité, naïvement vicieux et sans âme ; pas plus d’idée du devoir et de sens moral que dans la tête d’un brochet.

918. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

À force de chercher, de plonger, de s’égailler dans tous les bouquins de la littérature européenne, il avait des initiatives ; il tirait aux idées et faisait lever de bons et beaux lièvres, qu’on s’étonnait bien de voir trotter dans la grande allée ratissée du Journal des Débats, où il ne passe jamais personne ! […] il y a du bas-bleu aussi dans ce Philarète, qui s’appellerait encore mieux Cydalise, et qui, depuis trente ans, — je n’ai pas peur d’un calembour de mots quand c’est un calembour d’idées, — nous danse la danse du châle au Journal des Débats ! […] Et telles sont, en quelques mots, les nouvelles idées de cet homme, qui passa toute sa vie pour un talent aristocratique et original et qui meurt dans les idées communes, pires, pour un esprit de sa trempe, que le choléra qui l’a tué ! […] Dans ce livre, trempé d’attendrissement, j’ai bien reconnu des idées que j’avais vues ailleurs. […] Et voilà le côté vulgaire qui me choque aujourd’hui dans Philarète Chasles, dans ce remueur d’idées, dans cet allumeur de réverbères sur tous les chemins de l’histoire littéraire, dans cet esprit enfin d’une verve, d’un entrain et d’une si pétulante initiative, si peu construit — nous en aurions juré ! 

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