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2023. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

C’est en effet par la clarté dans les idées, dans les mots qu’excelle l’auteur de tant de belles et solides pages. […] Qu’importe à Jacques si sa conscience n’est faite que des idées transmises par une lente hérédité de justice ? […] Ils se font de la virginité de leur progéniture une idée tellement saugrenue, si extraordinairement emphatique ! […] Mais le sous-préfet qui n’a pas d’argent pour commencer les travaux, eut une idée superbe. […] Pour ne pas être riche, elle est loin d’être indigente, mais elle ignore les à peu près et n’a qu’un mot pour une idée.

2024. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Avec Renan, un des plus grands remueurs d’idées générales, est, sans contredit, Auguste Comte. […] A quoi le libéral : « Evidemment, l’idée de patrie est une idée à reviser. » Triple crétin, du moment que tu la revises, tu l’abandonnes, de même que celui qui revise sa prière abandonne du même coup sa foi ! […] Il est la forme du scrupule protestant et germain, en matière d’idées générales, et se résume dans le nom de Kant. […] Avec une tête qui se croit meublée, et qui l’est en effet d’idées fausses, il n’y a plus aucun espoir d’amendement. […] Claude Bernard en a trahi le mécanisme mental, quand il a préconisé, comme moyen de recherche, une idée préconçue quelconque, dans laquelle on essaye de faire entrer la réalité, quitte à modifier cette idée, si elle ne cadre pas avec ce réel.

2025. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Déjà vendu à Shakspeare, il épousait dans son cœur ces idées littéraires nouvelles qui commençaient à poindre ; au Louvre, il se rangeait secrètement pour la Méduse de Géricault contre le Pygmalion de Girodet. […] Les cinq qu’il a publiées111 ont eu grand succès auprès des amateurs et connaisseurs ; je n’en pourrais donner idée à qui ne les a pas vues. […] Il n’avait rien publié, lorsqu’en 1826 il eut l’idée de dire son mot sur le salon de Genève, sur l’exposition de peinture. […] Mais, au milieu des jeux folâtres et au sortir du bain qu’il prend en s’ébattant dans une petite anse, voilà tout d’un coup qu’à la vue d’un débris, ou, pour parler net, d’une carcasse de cheval étendue sur le sable, l’idée obscure de la mort se pose à lui pour la première fois : un vague frisson l’a saisi pour tout le reste du jour. […] On conçoit le charme et le profond de l’idée ; mais dans toute la première partie, le jeune homme, qui est un élégant de là-bas, ne nous paraîtra pas tout à fait tel ici.

2026. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

C’était une belle âme, ce n’était pas un grand esprit ; mais il avait tout ce que l’âme donne à l’esprit, c’est-à-dire l’élévation des idées, la loyauté du caractère, la magnanimité des sentiments, la sincérité des opinions. […] M. de Barante, jeune homme alors très distingué par madame de Staël, promettait à la France un homme de bien et de talent de plus ; madame Récamier apprécia une des premières l’honnêteté de caractère, l’indépendance de cœur et l’étendue d’idées dans cet ami de son amie. […] Elle revit en pensée ce compagnon des premières années de sa vie, dont l’indulgence, si elle ne lui avait pas donné le bonheur, avait toujours respecté ses sentiments et sa liberté ; elle le revit vieux, dépouillé de la grande fortune dont il avait pris plaisir à la faire jouir, et l’idée de l’abandon d’un homme malheureux lui parut impossible. […] Il savait se désintéresser complétement de lui-même, pourvu qu’on lui permît d’adorer le beau : le beau dans les idées, le beau dans les sentiments, le beau dans l’âme, dans le talent, dans le visage. […] » s’écrie-t-il le 3 septembre ; « l’idée de vous revoir fait battre mon cœur !

2027. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Diderot, j’ose croire que personne ne sera assez hardi pour s’y opposer. » L’idée du Dictionnaire de l’Académie auquel Diderot, auteur de toute la partie des arts et métiers dans le Dictionnaire encyclopédique, pourrait coopérer très utilement, s’offre à l’esprit de Voltaire comme prétexte et moyen efficace : Ne pourriez-vous représenter ou faire représenter combien un tel homme vous devient nécessaire pour la perfection d’un ouvrage nécessaire ? […] Il appartient, ainsi que la plupart des grammairiens philosophes de son temps, à cette école qui considérait avant tout une langue en elle-même et d’une manière absolue, comme étant et devant être l’expression logique et raisonnable d’une idée et d’un jugement ; il la dépouillait volontiers de ses autres qualités sensibles ; il ne l’envisageait pas assez comme une végétation lente, une production historique composée, résultant de mille accidents fortuits et du génie persistant d’une race, et qui a eu souvent, à travers les âges, plus d’une récolte et d’une riche saison ; il ne remontait point à la souche antique, et ne se représentait point les divers rameaux nés d’une racine plus ou moins commune. […] Voici quelques-unes des idées et des réserves de Duclos au sujet du livre de Beccaria, et dont il s’ouvre de vive voix à l’auteur même : Après lui avoir fait compliment sur le caractère d’humanité qui l’avait inspiré, je ne lui dissimulai point que je n’étais pas de son sentiment sur la conclusion qui tend à proscrire la peine de mort pour quelque crime que ce puisse être. […] Dès qu’un auteur produit une idée nouvelle, elle est aussitôt reçue comme vraie ; la nouveauté seule en est le passeport.

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