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670. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Deux idéals vers lesquels est tourné tout ce monde. L’idéal anacréontique : des logogriphes, dont Eros est le sujet, fixés sur la toile avec la poussière de l’aile d’un papillon de nuit ; la mythologie reproduite en grisaille au travers d’une ingénuité sentimentale et niaise, inconnue de l’antiquité ; enfin des hannetons que de grands enfants semblent s’amuser à attacher par la patte contre les murs de marbre du Parthénon. D’autre part, l’idéal anecdotier et de l’histoire en vaudeville, dont la trouvaille sublime est de composer un tableau, à l’instar de Molière lisant Le Misanthrope chez Ninon de Lenclos. […] Elle la prédispose à l’amour idéal, et à toutes les choses romanesques et élancées de la passion, qu’elle n’est pas destinée à trouver dans son mari.

671. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Sans contraindre l’agent libre, elle impose à son activité l’obligation de tendre vers un idéal qui est le bien. […] L’humanité conçoit, obscurément d’abord, plus clairement à mesure qu’elle avance, un idéal de science, de justice, de perfection. […] Elle est pour l’humanité l’obligation, sourdement sentie d’abord comme un besoin, acceptée plus tard librement comme une dignité et un devoir, de tendre dans toutes les directions vers un idéal de beauté, de vérité, de bonheur, de perfection. Cet idéal, si défiguré qu’il soit par l’ignorance et la superstition, nul individu, nulle race humaine, n’en sont totalement dépourvus.

672. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Froissart a de bonne heure son idéal : les grands romans de chevalerie, les grands exploits des siècles précédents, qui se renouvellent dans ce siècle, ont mis en circulation une certaine idée d’honneur et de courtoisie ; il en est épris ; elle a relui sur son berceau, et toute sa vie sera consacrée à en retracer et à en perpétuer par écrit l’image. […] Dans les idées du temps cela ne déshonorait en aucune façon, tant s’en faut ; et l’idéal de Froissart (car il en avait un) était précisément cette sorte de confrérie, de confraternité universelle, commune à tout ce qui était noble et vaillant, qui comptait dans ses rangs toute fleur de chevalerie, et qui savait couronner le vainqueur en respectant, en relevant honorablement le vaincu.

673. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

La Hollande sous ses illustres Nassau, c’était alors l’idéale patrie des réformés. […] Cette première entrevue, où il a pris soin de se dessiner, nous offre l’idéal du rôle.

674. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Ses ironies, celles même de son frère, étaient trop voisines ; et, le poète eut-il été plus sublime ou plus grave, elles eussent suffi pour déconcerter son désir et pour déranger l’idéal du monument. […] Mais d’où vient qu’à toute cette existence et à cette physionomie si animée, si courageuse, il manque toutefois un certain charme, une certaine beauté idéale, et que le poète ou le peintre ne pourrait même la lui prêter sans être infidèle ?

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