Ces objections sont d’autant plus sérieuses que je reconnais tout le premier que la science, pour arriver à ce degré où elle offre à l’âme un aliment religieux et moral, doit s’élever au-dessus du niveau vulgaire, que l’éducation scientifique ordinaire est ici complètement insuffisante, qu’il faut, pour réaliser cet idéal, une vie entière consacrée à l’étude, un ascétisme scientifique de tous les instants et le plus complet renoncement aux plaisirs, aux affaires et aux intérêts de ce monde, que non seulement l’homme ignorant est radicalement incapable de comprendre le premier mot de ce système de vie, mais que même l’immense majorité de ceux qu’on regarde comme instruits et cultivés est dans l’incapacité absolue d’y atteindre. […] Mais les humbles ne sont pas pour cela exclus de l’idéal. […] Tout homme, par le seul fait de sa participation à la nature humaine, a son droit à l’idéal ; mais ce serait aller contre l’évidence que de prétendre que tous sont également aptes à en goûter les délices. […] il faut en faire des hommes, il faut leur donner part aux délices de l’idéal, il faut les élever, les ennoblir, les rendre dignes de la liberté. […] L’idéal d’un gouvernement serait un gouvernement scientifique, où des hommes compétents et spéciaux traiteraient les questions gouvernementales comme des questions scientifiques et en chercheraient rationnellement la solution.
Quelques mots d’actualité poétique Le reproche plus ou moins amène m’a été souvent adressé, des regrets ont été exprimés souvent, que mon Œuvre n’ait point été conçue et écrite plus près d’un plus large Public quitte à délaisser un peu de mon idéal rénovateur, insinuaient ces regrets, qui osaient assurer qu’au prix de quelques concessions et de quelque renoncement, la plus grande renommée, la plus vite action, m’eussent été acquises1. […] D’éducation littéraire et scientifique, son idéal : s’est constitué par examen critique de l’histoire poétique. […] Ou, de passages réitérés, intervertis, harmoniquement ou inharmoniquement distants, de tous leurs points sonnants, ils exprimeront un idéal ondulement de la pensée et de la parole qui participera des ondes de l’univers… Pensée et sa parole, même principe et même destination du Rythme unité consciente et émotive que réclame notre concept général que « toute œuvre poétique n’a de valeur qu’autant qu’elle se prolonge en suggestion des lois qui ordonnent et unissent l’Etre-total du monde27 ». […] « Verhaeren brise son vers qui s’alourdissait des disciplines anciennes, et il retrempe son aspiration au matérialisme, à la croyance en l’idéal scientifique et en la nécessité de l’effort. […] (Marius-Ary Leblond, L’idéal du XIXe siecle, — 1908).
Nous connaissions déjà cette dynamique morale, ce bréviaire de l’effort idéal par l’abandon de soi-même. […] Ils étreignent des nuées, ils appellent à grandes clameurs l’impossible idéal. […] Et son idéal se résume, l’heure des possibilités passée, au plus désolé des regards qui caresse une chevelure grise, grise comme l’implacable destin. […] L’idéal de M. […] L’immense orchestre marin gagne les instruments de l’idéal.
Ce que l’on nomme l’idéal, n’est-ce pas notre ressemblance encore, et la meilleure, et la plus vraie, en même temps que la plus haute et la plus noble ? Lorsque Corneille ou madame de La Fayette conçoivent cet idéal et lui donnent la vie dans leurs personnages, où donc le prennent-ils, si ce n’est en eux-mêmes ? […] Ce ne sont donc pas deux choses, véritablement : non, ce n’en est qu’une, et nous les trouvons là toutes les deux à la fois ; et nous buvons à pleine coupe le divin, l’enivrant mélange du réel et de l’idéal ! […] La question est seulement de savoir si c’est le moment d’être drôle, lorsque les âmes enivrées d’héroïsme planent dans l’idéal, et de les précipiter tout à coup du ciel en terre. […] Mais Corneille est tout d’une pièce, droit et debout dans l’idéal.
Il aura l’approbation, l’applaudissement et, ce qui vaut mieux, la sympathie de tous ceux qui croient qu’une société, même démocratique, ne peut pas vivre sans idéal.