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606. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

La nature ne le détache pas des hommes et de ce qu’il appelle, avec une queue de paon, le devoir social. […] C’est la rêverie et l’illusion d’un homme qui croit plus à la nature qu’à Dieu·, et qui même a supprimé Dieu pour mettre à sa place la Nature ! […] L’idée chrétienne a dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul », et elle a condamné absolument la solitude quand l’homme n’y est pas avec Dieu. […] Il est très bon — dit-elle — que l’homme soit seul, et la Nature, qui suffît pour lui donner la becquée morale, la lui donne mieux quand il est seul. […] Nous en avons, nous autres chrétiens, de ces saints-là, qui sont de grands hommes miraculeux, et ce sont là les vrais ermites !

607. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Quel que fût le poète, en effet, nous ne pouvions laisser passer, sans le signaler, un livre qui portait sur sa première page un titre à la hauteur duquel ce serait assez, pour la gloire d’un homme, de monter et de se maintenir ! […] Si les grands hommes influent, même physiologiquement, sur les races (et qui sait ? […] Charlemagne et Napoléon sont deux noms qui frappent le même accord dans l’imagination des hommes, soit par la grandeur de leur fortune, soit par le pathétique éclat qui s’est attaché à quelques-uns de leurs revers. […] Chez lui, l’enthousiasme de l’homme double l’enthousiasme du poète, conditions excellentes dont le talent le plus abondant devrait bénéficier encore. […] , et où nous pétrissons ce qui dépend le moins de nous — jusqu’à la gloire de nos grands hommes !

608. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

L’homme s’humilie et se réduit à l’état d’instrument sous la main divine. […] Pandarus, homme de peu de sens, obéit. […] Monument d’un autre âge et d’une autre nature, Homme, l’homme n’a plus le mot qui te mesure ! […] L’homme a été créé complet. […] On ne s’étonne, en fermant ce poème, que d’une seule chose : c’est que la nature, l’étude, l’art et le génie aient suffi pour produire en un seul homme un pareil homme, et que les Grecs, qui divinisaient tout, n’aient pas fait d’un pareil homme un dieu !

609. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Tout de suite, ça a été un autre homme. […] … Il ne se doute, pas un moment, de ce qu’était l’homme. […] C’est un homme à la physionomie fiévreuse, éclairée par le rutilement d’une chevelure et d’une barbe rousses, un homme aux mains éloquentes, d’une blancheur presque exsangue. […] Il nous le peint avec des trous, des vides, des côtés bêtes, mais avec des grandeurs et des générosités d’un homme du passé, d’un homme antique. […] La femme cause politique, et l’homme parle d’amour.

610. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

La littérature et l’art seuls peuvent le conserver au cœur de l’homme, et l’homme meurt de ses rêves brisés. […] Vous n’empêcherez jamais les magistrats d’être des hommes, et les hommes des imbéciles. […] Jules Barbey d’Aurevilly était, non seulement un homme de grand talent, mais un homme de haut caractère. […] L’homme la traverse et n’y habite point. […] Caro fut un homme champêtre.

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