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1935. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Niel, bibliothécaire au ministère de l’Intérieur et amateur éclairé des arts et de l’histoire, publie depuis 1848 une suite de portraits ou crayons des personnages célèbres du xvie  siècle, rois, reines, maîtresses de rois, le tout formant déjà plus d’un volume in-folio. […] Ces rivalités et ces jalousies de serviteur à maître ont été assez bien rendues dans l’Histoire des amours de Henri IV, composée par une personne et un témoin du plus haut rangh, Mlle de Guise, depuis princesse de Conti, qui a trouvé par avance dans ce petit écrit quelques-unes des touches que Mme de La Fayette mettra plus tard à raconter les amours de Madame. […] Petitot, Michaud et Poujoulat, qui n’ont pas jugé à propos de les comprendre dans leurs « Collections des mémoires relatifs à l’histoire de France ».

1936. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Cérisoles fut une journée signalée et qui compte dans les fastes de la France comme aussi dans l’histoire de la guerre (11 avril 1544). […] Ce simple fait prouve combien est dénuée de fondement cette opinion si répandue, que la chevalerie de cette époque dédaignait les armes à feu ; et c’est avec peine que nous avons vu, dans le cours d’histoire militaire de M.  […] Car un des caractères de ce siège, et qui le distingue des autres sièges également soutenus à outrance dont l’histoire a gardé les noms, c’est que le sentiment qui anime les chefs de ceux qui résistent et qui s’opiniâtrent ainsi, est un sentiment que j’appellerai éclairé ou civilisé, un sentiment tout d’honneur chez Montluc, tout de patriotisme et d’indépendance chez les Siennois.

1937. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Je vous demande donc, mon très cher père, si l’on conserve dans Saint-Victor la même mortification intérieure et extérieure, telle qu’elle était dans son origine… Je vous demande encore si les frères de Saint-Victor, c’est ainsi qu’on les appelait, allaient à la campagne chez leurs amis, chez leurs parents, passer des trois semaines entières et des mois entiers ; s’ils allaient par la ville rendre des visites ; s’il en recevaient de toutes personnes et de tout sexe ; s’ils changeaient d’habits, s’ils en prenaient de plus propres et de plus mondains quand ils sortaient pour se montrer en public ; s’ils affectaient de ces airs libres et dégagés, pour ne pas dire licencieux, qui sont si contraires à la tristesse sainte de la modestie religieuse ; s’ils parlaient indifféremment et sans scrupule dans les lieux réguliers ; s’ils s’entretenaient de contes, d’affaires, d’histoires du monde, de plaisanteries, de nouvelles, qui sont choses qui doivent être entièrement bannies des cloîtres. […] Le plus mémorable est l’histoire du soufflet, consacre par une pièce de vers : Huc vos, musae omnes, vos Pindi gloria poscit : Percutimur sacri, media inter pocula, vates. […]  » Un petit livret très spirituel, publié en 1696, qui donne l’histoire de ces troubles, nous le représente ainsi au plus fort de la crise : Il était dans des transes mortelles, écrivant à tous les jésuites de ses amis pour leur demander quartier ; il croyait voir partout le Santolius vindicatus imprimé ; et le moindre jésuite qu’il rencontrait, il l’abordait brusquement, et, le reconduisant d’un bout de Paris jusqu’au collège, il lui faisait ses doléances avec le ton, l’air et les gestes que ceux qui ont l’avantage de le connaître peuvent s’imaginer ; et criant à pleine tête, il récitait par cœur l’apologie qu’il venait de donner au public, appuyant surtout sur ces endroits qu’il répétait plusieurs fois : « Veri sanctissima custos, docta cohors, etc., etc. » (et autres passage en l’honneur de la Compagnie)… Enfin il fallait l’écouter bon gré, mal gré ; et fut-ce le frère cuisinier des jésuites, rien ne lui servait de n’entendre pas le latin : de sorte que le chemin n’était pas libre dans Paris à tout homme qui portait l’habit de jésuite.

1938. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Je ne prétends pas aujourd’hui que la cause soit gagnée : il y a très peu de points qui soient gagnés définitivement en histoire littéraire ; les conclusions les plus claires et les mieux motivées suscitent et ramènent de temps en temps des procès qui recommencent. […] Le poète polonais Mickiewicz, dans ses considérations d’histoire littéraire, adresse un reproche de ce genre à Ronsard ; il l’accuse d’avoir rompu avec la tradition du Moyen Âge, et d’avoir jeté la poésie française dans la route qu’elle n’a plus quittée. […] [NdA] M. de Falloux dans son Histoire de saint Pie V, a rendu cette circonstance en des termes assez singuliers : « Pie V, dit-il, ne dédaigna pas non plus d’adresser des encouragements aux hommes lettrés qui prenaient un rang honorable dans la mêlée des intelligences, Ronsard ayant armé les muses au secours de la religion, le pape l’en remercia hautement par un bref. » M. de Falloux est certainement un homme poli : on vient de voir ce que c’était que cette mêlée des intelligences.

1939. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Le prince Henri était très supérieur au précédent par les qualités de l’esprit, par la grâce en société et par les talents à la guerre : peu s’en faut même, si l’on en juge par certaines histoires et par des panégyriques de rhéteurs, qu’on ne le mette au niveau presque du grand Frédéric, et qu’on n’établisse entre eux une espèce de parallèle par contraste, une rivalité. […] Vous avez eu de la confiance en moi lorsque l’histoire de vos amours vous obligeait à recourir à moi comme le seul capable de vous satisfaire ; mais dans aucune autre occasion vous ne m’avez témoigné la moindre confiance. […] Dans son Histoire de la guerre de Sept Ans, il traite le prince Henri, pour cette victoire, avec une attention et une louange toute particulière.

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