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1864. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Il disait aussi maintenant, rêver tout haut, tantôt en français, tantôt en japonais. […] Il est un peu, comme un militaire arrivé au plus haut grade, qu’il puisse atteindre dans une arme spéciale, et qui continue à faire des actions d’éclat, sans entraînement, mais tout simplement parce qu’il est brave. […] Il est engraissé, épaissi, et du gros garçon sortent des esthétiques supérieures, des théories nébuleuses, qui le font ressembler à un toucheur de bœufs, attaqué de mysticisme… Il vient de modeler une bouteille, haute comme une chambre, une bouteille, dont s’échappent, dans une mousse pétillante, les hallucinations matérialisées de l’ivresse, enfin une dive bouteille grand format, et dont un bronzier lui demande pour la fonte, 50 000 francs.

1865. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Je suis chose légère, et vole à tout sujet, Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet ; A beaucoup de plaisirs je mêle un peu de gloire ; J’irais plus haut, peut-être, au Temple de Mémoire, Si dans un genre seul j’avais usé mes jours. […] Il y a la morale religieuse, qui est d’une extrême beauté et qui, pour mon compte, est celle que je trouve, tout compte fait, la plus haute et la plus sublime. […] Fouquet ne put jamais jouir… On avait bouché toutes les fenêtres de sa chambre et on n’y avait laissé qu’un trou par le haut.

1866. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Il n’a pas dit « pour peindre les hommes », mais « pour instruire les hommes » et, comme il dit plus haut : la fable contient des vérités qui servent de leçons. […] Par exemple, dans le dernier livre, il y a une société hétéroclite et bizarre, du corbeau, de la gazelle, de la tortue et du rat ; et il faut avouer que c’est de la plus haute fantaisie que de les mettre ainsi ensemble. […] Chaque castor agit ; commune en est la tâche : Le vieux y fait marcher le jeune sans relâche ; Maint maître d’oeuvre y court et tient haut le bâton.

1867. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Nous l’avons dit plus haut : Mme de Longueville, malgré toutes ses illustrations, n’est pas un personnage d’une telle place dans l’histoire que les Mémoires du temps ne suffisent à en faire connaître ce qu’il est utile d’en savoir. […] Elleétait femme au plus haut degré. […] Cousin avec sa jocrisserie d’admiration pour les femmes quelconques de la haute société du xviie  siècle, qui pût songer à prendre à part, dans un cadre taillé exprès pour elle, cette figure de Mme de Hautefort, insignifiante quand elle n’est pas désagréable, car cette prude orgueilleuse le fut avec Louis XIII, avec Anne d’Autriche.

1868. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

il n’est pas tombé de haut… mais encore est-il tombé ; car le plus mauvais, le plus abaissé de ses livres d’histoire, vaut infiniment mieux par le sujet, l’art et les notions qu’il nous donne, que ces livres de physiologie et de sentiment qui ne sont pas plus du sentiment vrai que de la physiologie exacte. […] Risum teneatis… Guenille de Christianisme quand il parle de la nécessité d’un « médiateur » entre les hommes, — mot et idée de la langue chrétienne, plus forte que la bouche qui la parle sans la comprendre, — mais, presque au même instant, guenille de paganisme aussi quand il ajoute que le « médiateur » des temps modernes c’est le jeune homme, et uniquement parce qu’il est un jeune homme, et non pour une raison plus haute que son éphémère juvénilité ! […] Michelet, qui a la haute habitude historique pourtant, s’obstine à vouloir faire une histoire qui remplacera Dieu par la légende révolutionnaire, et des fêtes dramatiques comme à Athènes, et dans lesquelles on verra les Eschyle et les Sophocle de l’avenir jouer dans leurs propres drames, inspirés par les héroïsmes de l’avenir !

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