Mais ce que Hurter n’ajoute pas, dans sa faiblesse de cœur pour son héros, c’est que, devant Dieu comme devant les hommes, on est solidaire du crime commis, quand, ayant le pouvoir du châtiment, on l’a laissé impuni. […] Or, comment se conduisit le héros de Hurter dans la question d’où devait sortir la gloire de son règne et sur laquelle, à ce qu’il semble, l’intérêt de l’Église était si éclatant qu’il n’était pas besoin d’être un aigle pour voir des choses d’une telle lumière ? […] L’admiration de l’historien étant sans réserve, en jugeant le héros du livre nous avons jugé l’écrivain.
Son héros est un Julien Sorel factice, fait de quelques pièces raides. […] Barrès souder en son héros ces deux formes d’hérésie qui s’y rejoignent mal. […] Un héros amoureux y serait ridicule. […] Le héros de la lumière dans le monde de la peinture c’est Rembrandt. […] Ainsi l’art, atelier des héros, n’a jamais produit et ne produira sans doute jamais un héros de l’intelligence.
Léonidas ou tel autre héros grec a-t-il mêlé un juron de son temps à la parole sublime qui a traversé les siècles, et qui, des Thermopyles ou de Marathon, est venue jusqu’à nous ? […] C’est à regret et à mon corps défendant que je me suis vu forcé de toucher ce point littéraire et de goût, à la fin d’un récit où toute littérature s’oublie et cesse, où ce serait le triomphe de la peinture elle-même de ne point paraître une peinture, où l’histoire doit à peine laisser apercevoir l’historien, et où la page la plus belle, la plus digne du héros tombé et de la patrie vaincue avec lui, ne peut se payer que d’une larme silencieuse.
La poésie alors, orale, vivante, forme naturelle et souveraine, support et enveloppe de tout, de la science, de l’histoire, de la morale, du culte, tenait au fond même de l’existence d’une race, et enserrait, comme en un tissu merveilleux, mœurs, exploits, souvenirs, les dieux et les héros d’une nation. […] Ainsi, pour exprimer que trop souvent la pauvreté ôte à l’homme le sentiment de fierté et de dignité personnelle, Franklin disait : « Il est difficile à un sac vide de se tenir debout ; » ainsi, dans le Bonhomme Richard :« Un laboureur sur ses pieds est plus haut qu’un gentilhomme à genoux. » Comme Franklin, dont jeune il apprenait le métier à Péronne, dont plus vieux il renouvelle l’ermitage à Passy, Béranger a l’imagination du bon sens. — Un art ingénieux et délicat règne insensiblement dans la distribution du recueil, dans l’ordonnance et le mélange des matières, dans ces petits couplets personnels jetés comme des sonnets entre des pièces d’un autre ton, et surtout dans ce soin scrupuleux de faire revenir tous les noms des amis et anciens bienfaiteurs comme on ramène les noms des héros au dernier chant d’un poëme.
Le paganisme, avec ses dieux et ses héros tout resplendissants de force et de beauté, avec ses pompes riantes, ses chœurs gracieux et ses fêtes sensuelles, peut être considéré comme le trophée et l’hymne du triomphe. […] L’humanité ne s’y laissa pas amuser ; elle avait d’autres progrès à poursuivre, et quand elle commença d’être lasse de ses héros athlètes et de ses prêtresses de Vénus, Platon naquit.