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486. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Descartes ; que notre médecine commune ne vaut rien ; qu’il faut des remèdes nouveaux et des règles nouvelles ; que tous les médecins d’aujourd’hui ne sont que des pédants avec leur grec et leur latin… Bourdelot, on l’entrevoit, a pu lui dire quelques bonnes vérités, mais un peu trop neuves, et qui lui ont paru des scandales. […] Et, par exemple, lui qui savait si bien le latin et qui avait une des plus belles bibliothèques de particulier, il avait peu étudié le grec, et des oracles qu’il citait sans cesse, il y avait une bonne moitié qu’il ne prenait pas directement à leur source : J’ai grand regret, écrivait-il à Spon, de n’avoir exactement appris la langue grecque tandis que j’étais jeune et que j’en avais le loisir ; cela me donnerait grande intelligence des textes d’Hippocrate et de Galien, lesquels seuls j’aimerais mieux entendre que savoir toute la chimie des Allemands, ou bien la théologie sophistique des Jésuites… Pour bien juger Gui Patin, il le faut voir en son cadre, en sa maison, dans son étude ou cabinet, et, par exemple, le jour enfin où, ayant été nommé doyen de la Faculté (honneur pour lequel il avait déjà été porté plus d’une fois, mais sans que le sort amenât son nom), il traite ses collègues dans un festin de bienvenue (1er décembre 1650) : Trente-six de mes collègues firent grande chère : je ne vis jamais tant rire et tant boire pour des gens sérieux, et même de nos anciens. […] Il y a du plaisir avec lui, disait Gui Patin, parce qu’il est le plus savant de longue robe qui soit en France. — Il sait les poètes grecs par cœur, Plutarque, Cicéron et Tacite, qui ne sont pas des mauvais originaux.

487. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

A Orléans, il apprit le grec sous Wolmar, luthérien, qui forma des espérances sur ce qu’il appelait la courbure 64 de l’esprit de Calvin. […] Par une autre conformité non moins marquée avec cet esprit, tandis que Rabelais se modelait sur les Grecs, Calvin se formait sur la langue latine, et en naturalisait parmi nous bon nombre de tours et d’expressions qui y sont demeurés. […] Calvin l’avait compris aussi lorsque pouvant choisir entre le latin et le grec, cet homme, à qui Platon n’était pas moins familier que Cicéron, prit ses modèles dans la littérature latine, il prouva qu’il sentait mieux sa langue que Rabelais. […] Henri Estienne, Traicté de la conformité du francois avec le grec.

488. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Au deuxième chant du poème, quand les hérauts rassemblent devant les vaisseaux les armées des Grecs, Agamemnon surgit de leurs rangs, dans une grandeur souveraine, pareil au dieu du commandement. […] Les chefs-d’œuvre du pinceau grec sont perdus, mais c’en est un que cette strophe d’un dessin si pur, que colore la rougeur d’un sang virginal. […] Les Grecs divinisèrent plus tard cette triste martyre des dieux et des hommes, mais son culte resta lugubre comme sa destinée. […] Quiconque n’obéira pas, je le dompterai comme un étalon repu d’orge et rebelle au frein. » — Ces violences irritent les Vieillards au lieu de les effrayer ; l’âme libre des citoyens grecs s’éveille par avance dans ces patriarches de l’antique Hellade.

489. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Il établit que, dans l’Antiquité classique proprement dite, « les dispositions d’esprit particulières aux Grecs et aux Romains ne permettaient pas que la peinture de paysage fût pour l’art un objet distinct, non plus que la poésie descriptive : toutes deux ne furent traitées que comme des accessoires ». […] [NdA] Ce n’est pas sans dessein que j’indique la littérature grecque, car Töpffer était helléniste ; il a même donné une édition des Harangues de Démosthène, et il se souvient évidemment du grec dans cette phrase de ses Voyages en zigzag, par exemple : C’est là mieux qu’ailleurs (dans une excursion en commun du maître avec ses élèves) qu’il dépend de lui, s’il veut bien profiter amicalement des événements, des impressions, des spectacles et des vicissitudes, de fonder de saines notions dans les esprits, de fortifier dans les cœurs les sentiments aimables et bons, tout comme d’y combattre, d’y ruiner à l’improviste, et sur le rasoir de l’occasion, tel penchant disgracieux ou mauvais.

490. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Je trouve que la terre de Naples est tout à fait poétique, et ses habitants rappellent incontestablement les Grecs, leurs fêtes et leurs usages : l’État pontifical me paraît avoir un aspect différent ; les Romains ont quelque chose de plus sérieux et qui est en rapport avec l’idée que, généralement, on se fait de leurs ancêtres. […] Mais Léopold Robert, même quand il possède si bien son sujet, n’est pas un Grec pur, ni un Romain. […] je trouve qu’il n’y avait aucun tableau turc ou grec un peu vrai, sans en excepter ceux de Decamp qui sont des caricatures.

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