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7. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains […] Ce peuple a en lui la première cause de toute grandeur humaine, le dévouement. Bossuet la voit tout d’abord et du premier coup ; il ne conçoit pas de grandeur pour les nations hors des vertus qui font la grandeur individuelle de l’homme. […] Avant même que Rome eût atteint toute sa grandeur, le premier pas fut fait vers sa chute. […] Les Considérations sur la grandeur et la décadence romaines en sont comme le préambule.

8. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

La grandeur dans l’ordre est le caractère commun de tous les gouvernements bien réglés ; c’est aussi le caractère de tous les écrits durables. […] Louis XIV avait imprimé dans tous les esprits une image de beauté, de grandeur et de naturel, demeurée plus forte que les préventions personnelles. […] C’est là qu’on y sent, pour ainsi dire, sa présence et qu’on y respire sa grandeur. […] Il y a, dans le règne de Louis XIV, une période où l’éloge le plus magnifique pouvait à peine égaler la grandeur des actions. […] La grandeur personnelle du prince, celle que tiraient de lui, non seulement la royauté d’alors, mais l’idée même du pouvoir suprême parmi les hommes, servirent à Bossuet à se former des images plus hautes de la grandeur de Dieu.

9. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Law »

C’est un procédé sans grandeur, par amour de l’exactitude. […] Cochut cite, comme une opinion qu’il épouse, les paroles de Gautier sur Law dans l’Encyclopédie du Droit : « La conception de Law, malgré les vices originaires qui rendaient le succès impossible, malgré la témérité aveugle et les fautes graves qui rendirent sa chute si soudaine et si terrible, n’en atteste pas moins chez son auteur, outre un génie puissant et inventif, la perception distincte des trois sources les plus fécondes et jusque-là les plus ignorées de la grandeur des nations : le commerce maritime, le crédit et l’esprit d’association. » On a droit de s’inscrire en faux contre un tel jugement. Ne dirait-on pas que la grandeur des nations, avant Law, était ignorée ! […] Le secret de la ruine ou de la grandeur d’un peuple ne tient pas dans les causes matérielles, si graves, si compliquées et si larges qu’elles puissent être. Les économistes oublient trop une pensée de Bonald, qu’il est peut-être bon de leur rappeler : « Les révolutions, comme les grandeurs des peuples, ont des causes matérielles et prochaines qui frappent les yeux les moins attentifs, mais ces causes ne sont, à proprement parler, que des occasions ; les véritables causes, les causes profondes et efficaces, sont toujours des causes morales, que les petits esprits et les hommes corrompus méconnaissent. » 1.

10. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Nous nous débarrassons de sa grandeur en lui passant autour du cou son fameux mot, « l’État, c’est moi » ; et nous croyons l’étrangler. […] Il l’accusa, l’insulta, la rapetissa bien plus aisément que ce Roi immense, cette grandeur solaire dont il était assez difficile d’éteindre la masse de rayons. […] Tout ce qu’on peut dire d’une créature méchante, abjecte et dangereuse, il l’a dit de cette femme à la grandeur cachée, qui s’en vient tranquillement vers la Postérité, qui les croit, à travers tant de calomnies ! […] Saint-Simon, le grand peintre d’histoire, avec la magie de son talent, pouvait, s’il n’avait écouté des passions mesquines, montrer au moins le prix de ces deux grandeurs incomprises de notre temps. […] Il se contente de s’exclamer sur ces torrents précipités de grandeur, de puissance, de richesses démesurées, et il ne craint pas d’ajouter : est-ce aveuglement ou mensonge ?

11. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Ne soyons pas étonnés de l’illusion enthousiaste qui se fit alors dans les esprits : reportons-nous à la grandeur de ce spectacle, tel que l’a décrit celui même qui en était le héros. […] Réjouis-toi que cette superbe grandeur ne soit jamais descendue à insulter le Golgotha ! […] Elle vivra comme un témoignage des grandeurs de la religion et de la vertu devant l’iniquité de la force doublée de génie. […] Bientôt cette voix, plus austère et plus forte, atteignit à la grandeur de l’ode politique, à l’autorité de l’anathème moral fulminé même contre la gloire par une éloquente poésie. […] J’en aimais le péril ; mais la colère de l’Océan n’a pas laissé dans mon âme l’impression que me fait ta grandeur.

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