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268. (1886) De la littérature comparée

Je dis l’illusion, Messieurs, car si vous examinez le mouvement littéraire, artistique et intellectuel du Moyen-Âge, vous reconnaîtrez bientôt que cette nuit n’était pas aussi obscure qu’on a voulu le dire et que, si le courant était tout autre que celui qui devait triompher par la suite, il avait sa force, sa grandeur et sa beauté. […] Maintenant, dans l’œuvre que je viens de citer : « Dieu a créé l’homme afin qu’il connaisse les lois qui régissent l’univers qu’il en aime la beauté, qu’il en admire la grandeur ». […] Burckhardt signale le fait comme une des causes de la grandeur littéraire et artistique de l’Italie du xvie  siècle.

269. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Dans cet immense Digeste de la nature, dans cette Encyclopédie en trente-sept livres, le rédacteur et collecteur paraît remarquable avant tout et maître, en ce qu’un large souffle de talent et de grandeur y circule, en ce que la vigueur de sa plume ne faiblit nulle part, et ne se lasse pas d’exprimer tant de détails souvent fastidieux. […] Pline a le sentiment de la misère et à la fois de la grandeur de l’homme, des contradictions qu’il croit y découvrir. […] Si Pline a senti si bien et si souvent exprimé la majesté, la grandeur et (pourquoi ne dirait-on pas comme lui ?)

270. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Non seulement l’action puissante de nos sociétés modernes ne signifie rien à ses yeux pour la grandeur ou la beauté d’un monde futur, mais l’impiété lui paraît régner sans conteste sur les hommes de son temps.‌ […] Les « intentions » et les idées en peinture ne dénotent que l’avortement d’une œuvre, car la grandeur et la noblesse sont dans la réalité elle-même, et ne peuvent en aucun cas résulter de l’idée de faire noble ou grand.‌ […] C’est un art enfin qui trouve dans la réalité et dans la vie, mille fois plus de beauté que dans la fiction et dans le rêve avec leur morale, leurs artifices et leurs évangiles, mille fois plus d’éclat, de variété, d’unité, d’harmonie, de grandeur, de méthode, de liberté, de fantaisie, de noblesse, et pour lequel il n’y a pas de sujets nobles ou ignobles, dignes ou indignes, mais seulement des artistes dignes ou indignes de les créer.

271. (1888) Portraits de maîtres

Puissent-ils se conformer aux types que nous leur proposons, et nous ne douterons pas de l’avenir des Lettres et de la grandeur de la Patrie ! […] Il faut apprendre à l’homme à croire en ses aptitudes morales et à se sentir né pour la grandeur et pour le bien. […] Ici même cette poésie souriante a son reflet de grandeur. […] Toute l’inanité des grandeurs humaines tient dans ce poème où, par un phénomène remarquable, la couleur produit la rêverie. […] La même grandeur, dépassant l’ode et le drame, ne marque-t-elle point certaines situations de Torquemada ?

272. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

D’ailleurs, le désir, l’espérance, la prière n’ôtent rien à la grandeur de l’amour. […] Les principes que Giusti a défendus, malgré leur grandeur, leur sainteté, ne suffiront pas pour assurer une longue durée à son nom. […] Son esprit, bien qu’habitué aux méditations les plus ardues, substitue parfois l’apparence de ta grandeur à la grandeur même, et ceux qui se résignent à jurer sur sa parole prennent volontiers l’ombre de la vérité pour la vérité vivante. […] L’héroïne même du drame, Claudie, est une conception pleine à la fois de grâce et de grandeur. […] Chacun comprend, sans que je le dise, toute la grandeur, toute la simplicité de ce dénouement.

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