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264. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

La chute des Stuarts a mis le gouvernement aux mains de quelques grandes familles qui, au moyen de bourgs pourris, de députés achetés et de discours sonores, oppriment le roi, manient les passions populaires, intriguent, mentent, se chamaillent et tâchent de s’escroquer le pouvoir. […] C’est Wilkes, dont le gouvernement a saisi les papiers, et à qui le jury assigne sur le gouvernement une indemnité de mille pounds. […] Ils ont assis leur gouvernement, ils se sont confirmés dans leur religion. […] « La seule idée de fabriquer un nouveau gouvernement suffit pour nous remplir de dégoût et d’horreur. […] Ce n’était point le heurt de deux gouvernements, mais de deux civilisations et de deux doctrines.

265. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Il écrivait beaucoup, et les papiers qu’on a de lui sont considérables ; entre autres ouvrages, il a laissé un livre de Considérations sur le gouvernement de la France, qui a circulé longtemps et a été lu en manuscrit avant d’être imprimé. Voltaire, qui en avait pris connaissance dès l’année 1739, l’appelait un « ouvrage d’Aristide », et Rousseau, qui s’en autorisa plus tard dans son Contrat social, a dit : « Je n’ai pu me refuser au plaisir de citer quelquefois ce manuscrit, quoique non connu du public, pour rendre honneur à la mémoire d’un homme illustre et respectable qui avait conservé jusque dans le ministère le cœur d’un vrai citoyen, et des vues droites et saines sur le gouvernement de son pays. » M. d’Argenson n’était pas encore ministre lorsqu’il composa cet ouvrage, et il était sorti du ministère lorsqu’il le revit pour y mettre la dernière main. […] Ceux de ses écrits qui ont été publiés après sa mort n’ont pu que confirmer cette idée ; les Considérations sur le gouvernement de la France, qui parurent en 1764 dans, une édition très fautive, et dont on refit en 1784 une édition qui passe pour meilleure, justifièrent aux yeux du public les éloges de Rousseau et de Voltaire, et montrèrent M. d’Argenson comme le partisan éclairé et prudent d’une réforme au sein de la monarchie et par la monarchie, d’une réforme sans révolution. […] Il crut devoir en parler à M. de Chauvelin, qui lui répliqua avec assez de feu : « qu’il ne le souhaitait pas, que cela était au-dessous de lui, qu’il trouverait à s’instruire dans son cabinet de toutes choses, et que c’étaient des fanatiques et de mauvais royalistes que tous ceux qu’il lui nommait… » Il ressort de ces indications précises que M. de Chauvelin, qui voulait toute sorte de bien à d’Argenson et faire de lui un homme de gouvernement, s’efforçait de le mondaniser le plus possible, et aussi de le prémunir contre son penchant à traduire la politique en discussion et en raisonnement : il voulait l’empêcher de tourner à l’abbé de Saint-Pierre.

266. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Lorsqu’on eut pris Saint-Ghislain en décembre, il lui en confia le gouvernement, comme, à la fin de l’année précédente, il lui avait donné le commandement des troupes de Cateau-Cambrésis, pour tenir Cambrai bloqué pendant l’hiver. Ce gouvernement de Saint-Ghislain était un poste de grande confiance, une guérite de sentinelle avancée : il ne s’agissait pas d’être un simple commandant de place ; il fallait avoir l’œil au vis-à-vis et s’opposer aux courses de la garnison de Mons qui était considérable, la tenir constamment en respect et en échec. […] Mission de confiance. — Gouvernement de Casal. — Négociation à Mantoue. […] Cela joint à la porte par où il a plu à Sa Majesté de me faire voir que j’en sortirai, me fait souffrir ma détention avec une bien facile patience. » La porte dont il parle était son brevet de maréchal de camp, déjà signé depuis quelques jours, et ce gouvernement d’importance.

267. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

L’Histoire de la Révolution d’Angleterre 827, l’Histoire de la Civilisation en Europe, l’Histoire de la Civilisation en France, ces grandes œuvres froides et fortes, sont la démonstration, impartiale et scientifique eu apparence, systématique et passionnée au fond, de ces deux vérités : qu’une royauté même légitime n’a pas de droits contre les représentants de la nation ; et que le gouvernement doit appartenir aux classes moyennes qui ont la richesse et les lumières, qui, par intérêt et par capacité, assureront la prospérité du corps social. […] La haute conception qui jadis avait permis à Bossuet d’étudier si librement les sociétés païennes de l’antiquité, et de rechercher les causes physiques ou morales des événements, la croyance au gouvernement de la Providence, a mis Tocqueville à l’aise : assuré que la France allait où Dieu la menait, il a regardé sans haine et sans désespoir la civilisation issue de la Révolution. Il a observé partout, dans les idées, dans les mœurs, et dans le gouvernement, la plus étrange confusion : les législateurs occupés à détruire ou neutraliser les effets de la Révolution, à restreindre la liberté, borner l’égalité ; l’autorité méprisée et redoutée, l’administration centralisée et oppressive ; le riche et le pauvre en face l’un de l’autre, se haïssant, ne croyant plus au droit, mais à la force ; les chrétiens épouvantés de la démocratie, qui est selon l’Évangile ; les libéraux hostiles à la religion, qui est essentiellement libérale ; les honnêtes gens en guerre contre la civilisation dont ils devraient diriger la marche : dans tout cela, le progrès évident, irrésistible, de l’égalité, partant de la démocratie. […] Ainsi, occupé à chercher des armes « contre les tendances réactionnaires du gouvernement », Thierry ne voulait encore que faire l’histoire « à la manière des écrivains de l’école philosophique, pour extraire du récit un corps de preuves et d’arguments systématiques ».

268. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Il avait des idées libérales comme nous dirions, mais il en désirait l’essai, l’application graduelle par les gouvernements et non par les peuples. […] Rulhière, par cet écrit, se montre à nous dans la vraie ligne de progrès qu’il suivait volontiers, dans la voie des réformes qu’appelait l’opinion publique et que dirigeait le gouvernement même. […] Parmi les places et prérogatives dont jouissait Rulhière, il est une sinécure trop singulière pour ne pas être notée ; il avait ou devait prochainement avoir le gouvernement de la Samaritaine, ce qui valait de cinq à six mille livres. […] La destination royale de ce bâtiment faisait qu’il avait titre de gouvernement, et qu’il procurait des émoluments fort honnêtes.

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