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542. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Sarah Bernhardt » pp. 14-18

Ce qui demeure, à la louange de Sarah Bernhardt, c’est qu’elle a répandu le goût des beaux vers que transfigure la musique de sa voix, la flamme de son génie et la noblesse de son maintien. […] Là s’épanouira son souci de plastique, son goût des longs voiles, des tissus précieux, des dalmatiques et des étoles orfévrées qui va révolutionner la mode.

543. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Pourquoi cet Auteur, qui a joui d’une si grande réputation pendant sa vie ; que Vaugelas consultoit comme l’oracle de la Langue Françoise ; à qui Despréaux & Racine s’empressoient de lire leurs Ouvrages, comme à un juge plein de lumieres & de goût ; pour qui l’Académie avoit une déférence qui tenoit du respect ; qu’on regardoit au Barreau, comme un des Orateurs les plus éloquens ; pourquoi est-il aujourd’hui totalement oublié ? […] Il importe peu aux siecles suivans qu’un Auteur ait connu parfaitement sa langue, qu’il l’ait parlée purement & avec facilité, qu’il ait eu du goût & des connoissances, que les grands Poëtes de son temps l’aient célébré : s’il n’a laissé des Ecrits qui le rendent digne de se survivre à lui-même, on le met bientôt au rang des Auteurs oubliés.

544. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Il oublie que Voiture, tant qu’il vécut, tint le dé en ce monde-là ; or, on sait, en fait d’esprit, mais aussi en fait de goût, ce qu’était Voiture. […] Elle écrivit de bonne heure par goût, mais avec sobriété toujours. […] Personne, au reste, ne s’y méprit cette fois ; les lectures confidentielles avaient fait bruit, et le livre fut bien reçu comme l’œuvre de la seule Mme de La Fayette, aidée du goût de M. de La Rochefoucauld. […] Le petit volume de Valincour, qu’Adry a réimprimé dans son édition de la Princesse de Clèves, est un échantillon distingué de la critique polie, telle que les amateurs de goût se la permettaient sous Louis XIV. […]  » Il lui était resté, à travers tout, un coin de goût romanesque.

545. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments Sommaire. […] III On ne doit point s’attendre à trouver pour l’odorat et le goût des réductions aussi avancées. […] Quant au goût, ce que nous appelons ordinairement une saveur renferme, outre la sensation de saveur proprement dite, une quantité de sensations d’une autre espèce. — D’abord, en beaucoup de cas, comme l’arrière-bouche communique avec le nez, le nerf olfactif fonctionne en même temps que les nerfs gustatifs88. […] Les sensations spéciales de la vue, de l’ouïe, de l’odorat et du goût, sont des représentants délicats et limités qui, par leurs caractères, traduisent rigoureusement et uniquement un ordre spécial de faits extérieurs. […] Trois atomes d’oxygène avec deux atomes d’un métal font un composé de saveur douce ou sucrée. — Tous les alcalis organiques sont fortement amers. — Presque tous les acides ont un goût acide. — Presque tous les sels de fer ont un goût d’encre, etc. — Les substances dont l’odeur est parfumée sont des hydrogènes carbonés. — Les substances d’odeur infecte ont presque toutes de l’arsenic ou du soufre dans leurs bases, etc.

546. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Mme Brun en a fait une description exaltée, qui nous paraîtrait aujourd’hui fort ridicule, et qui n’était que dans le goût du temps : « Les mains serrées dans les mains, nous vous promîmes fidélité, — à toi, ô Nature, — à toi, ô Amitié ; — et à toi, reconnaissance filiale, arbitre suprême de nos destinées ! […] L’ouvrage se compose de deux parties fort distinctes : la première est d’un classique et d’un antiquaire : elle s’intitule : « Voyage sur la scène des six derniers livres de L’Énéide », et nous offre l’un des premiers exemples (sinon le premier) d’un critique homme de goût relisant en détail un poète sur les lieux mêmes qui sont le théâtre de ses chants, et qui en deviennent le plus lumineux commentaire. […] Il avait alors un ouvrage en portefeuille, un ouvrage de métaphysique, ou du moins de psychologie ; car il s’était remis à ce genre d’études dont il devait le goût à Bonnet, et qui était assez à la mode au commencement de ce siècle. […] Sa longue expérience des choses et des hommes ne l’avait pas saturé ni surchargé, mais seulement excité et mis en goût : il avait « de cette alacrité, de cette gaieté qui, en donnant du prix à toute chose, nous fait chérir les hommes non seulement comme frères, mais comme objets d’étude, dépensée, de jouissance ». […] Les gens qui en manquent admirent votre savoir ; peu voient l’esprit et le bon esprit qu’il y a, et presque personne ne veut rendre justice au style français, parce que presque tous ont le sentiment que ce style est étranger à Genève, où l’on manque de goût et, à peu d’exceptions près, du talent d’écrire, que vous avez éminemment. — Le talent de bien écrire vient de l’âme ; ses formes se prennent dans la société. 

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