Sa gloire est de faire des heureux. […] Soit que l’empereur parle en souverain ou en chef de la littérature, il tâche de s’appuyer sur l’autorité de ce livre ; il se fait gloire d’en entendre le sens le plus caché ; il ne dédaigne pas de prendre le pinceau lui-même pour le copier et le commenter ; il y prend ordinairement le texte des discours qu’il adresse aux grands, aux princes, aux peuples de son empire. […] Dans cette salle de l’intérieur du palais, qui est nommée salle des purifications, il y a un tableau dont l’inscription porte ces quatre caractères : véritable grandeur, brillante gloire. […] Leur abdication et le regret amer qu’ils témoignèrent après avoir abdiqué sont une preuve sans réplique qu’ils redoutaient, dans l’autorité suprême, ce qu’elle a de laborieux, de pénible et de rebutant, quand on veut l’exercer avec gloire, et qu’ils ne voulaient que jouir des prétendus avantages qu’elle présente, quand on a en vue une vaine prééminence sur les autres et la facilité malheureuse de pouvoir se livrer à tous ses penchants. […] Depuis que je suis sur le trône, il ne m’est jamais arrivé d’empêcher qu’on ne me fît des représentations ; j’ai reçu avec bonté et même avec plaisir celles surtout qui avaient pour objet l’avantage de mes sujets et la gloire de l’empire ; je n’ai jamais manqué, après les avoir reçues, de les renvoyer aux grands tribunaux, pour qu’ils eussent à délibérer sur l’usage que j’en devais faire.
Par la paix avec l’Autriche, il fixe ses victoires en les bornant, il annexe une partie de l’Italie, le Piémont, la Savoie, la Lombardie à la France ; il montre en lui à sa patrie fatiguée de guerres une ère de paix républicaine, un Washington de vingt-sept ans, maître de lui, plus fort de modération que d’élan, plus glorieux que sa gloire ! […] Il préféra la gloire à la possession, et rétablit, sur de sages réformes, la république. […] XXIII André Doria vieillissait dans sa gloire, et ne sortait plus de son palais, où il était retenu par ses infirmités ; il avait remis le commandement actif de ses galères à son neveu Gianettino Doria. […] Ses excellents soldats, indifférents à la cause pourvu que l’honneur, la gloire et la victoire la consacrent, sont les meilleurs auxiliaires de Napoléon. […] Vous qui faites, quand cela convient à votre ambition, appel au droit des nationalités exprimé au fond d’une urne et compté par des questeurs armés, interrogez donc Gênes sur son annexion au Piémont, et osez donc lui poser la question d’abdiquer son nom, sa gloire et sa liberté sous un roi des Alpes !
Le cynisme de l’un, l’infirmité de l’autre, n’indiquent que l’incurie ou la malpropreté de leurs gardiens : leur gloire future (si gloire il y a) n’a rien à faire avec ces vilenies ; les polissonneries ne sont pas de l’histoire. […] Il prit alors une des plus fortes résolutions qu’un héros ou un homme de lettres puisse prendre au commencement de sa vie, celle de s’expatrier pour l’amour du dialecte ou de la gloire : mais il lui fallait un prétexte ; il le trouva dans je ne sais quelle haine idéale du despotisme de la maison de Savoie. […] Comme ce second voyage devait se prolonger plus que l’autre, et qu’à mes rêves de véritable gloire il se mêlait encore quelques bouffées de vanité, j’emmenai avec moi plus de gens et de chevaux, afin de marier ainsi deux rôles qui rarement vont d’accord ensemble, le rôle de poète et celui de grand seigneur. […] Ayant fini par m’apercevoir au bout de deux mois que c’était là la femme que je cherchais, puisque, loin de trouver chez elle, comme dans le vulgaire des femmes, un obstacle à la gloire littéraire, et de voir l’amour qu’elle m’inspirait me dégoûter des occupations utiles, et rapetisser, pour ainsi dire, mes pensées, j’y trouvais, au contraire, un aiguillon, un encouragement et un exemple pour tout ce qui était bien, j’appris à connaître, à apprécier un trésor si rare, et dès lors je me livrai éperdument à elle. […] Absolument inhabile à toute occupation, à toute œuvre élevée, et n’ayant plus aucun souci de cette gloire si ardemment aimée, ni de moi-même, il est donc bien clair que si dans cette affaire j’avais travaillé avec zèle pour le plus grand bien de mon amie, je n’avais rien fait pour le mien, puisqu’il n’y avait pas pour moi de plus grand malheur que celui de ne plus la voir.
La punition de l’orgueilleux Alfieri, nous le verrons, fut d’avoir un successeur qui ne le valait point ; la punition de la comtesse fut de sentir, au plus profond de son âme, l’humiliante leçon que lui infligeaient les dernières années de Charles-Édouard. » V Alfieri continuait, en attendant la gloire, à préluder avec elle par des éditions consécutives de ses tragédies, surveillées tantôt à Sienne par son ami Gori, tantôt par lui-même. […] « Ces trois nouvelles productions tragiques allumèrent dans mon cœur l’amour de la gloire que je ne désirais plus désormais que pour la partager avec celle qui m’était plus chère que la gloire. […] en règle avec l’opinion en applaudissant lyriquement aux premiers égarements de la révolution ; En règle avec le vieux classique, en accumulant tragédies sur tragédies ; En règle avec l’avenir, comptant sur la gloire et sur l’immortalité anonyme qu’il se préparait en silence au bout de la rue ; En règle avec la fortune, puisqu’il avait encore quatre chevaux de selle, ayant vendu tous les autres à son ami pour monter sa maison à Paris ; En règle enfin avec le bonheur, puisqu’il allait à leur maison de campagne, en Alsace, passer les mois inoccupés de l’année dans l’intimité d’une union paisible. […] Saint-René-Taillandier, très embarrassé évidemment de justifier cette présence inconvenante de Mme d’Albany à la cour des ennemis acharnés de son mari, laisse croire que la comtesse ne faisait ces concessions à la cour de Saint-James que pour populariser en Angleterre la gloire d’Alfieri. […] De la gloire, il n’eut que la passion ; Du civisme, il n’eut que l’affectation ; Du génie, il n’eut que la prétention ; De l’amour, il n’eut que l’ostentation ; Ostentation peut-être sincère, mais suspecte au moins, comme nous allons le montrer dans la suite de ce commentaire.
Si le poète avait, sans ambages et détours exposé le véritable motif de sa conduite royaliste, il aurait rendu à la poésie française un service plus réel qu’en écrivant Hernani, Ruy Blas et surtout la préface de Cromwell : il aurait doté la France de plusieurs Hugo, bien qu’un seul suffise et au-delà à la gloire d’un siècle. […] … Les amis et les adversaires de Victor Hugo, ont accrédité des jugements téméraires portés sur lui par la crainte et l’admiration : dans l’intérêt de sa gloire il est nécessaire de les réviser. […] Mais Hugo, et c’est là son plus sérieux titre à la gloire, sut mettre en contradiction si flagrante ses actes et ses paroles, qu’il ne s’est pas encore rencontré en Europe et en Amérique un politicien pour démontrer d’une manière plus éclatante la parfaite innocuité des truculentes expressions du libéralisme. […] Hugo, aux yeux du gros public, accapara la gloire de la pléïade romantique, non parce qu’il fut le plus grand poète, mais parce que sa poétique embrasse tous les genres et tous les sujets, de l’ode à la satire, de la chanson d’amour au pamphlet politique : et parce que, il fut le seul qui mit en vers les tirades charlatanesques de la philanthropie et du libéralisme bourgeois. […] Ils reconnurent dans Hugo, couronné de l’auréole du martyre et flamboyant des rayons de la gloire, un homme de leur espèce et plus on exaltait son dévouement au Devoir, son amour de l’idée et la profondeur de sa pensée, et plus ils s’enorgueillissaient de constater qu’il était pétri des mêmes qualités qu’eux.