Du reste, la tâche me paraît si grande et si belle, que j’appellerais volontiers à mon secours tous les gens de bien. […] vous connaissez des gens comme cela ? […] Ce sont tous nos habiles gens ; ce sont tous nos honnêtes gens ; ce sont tous mes amis. […] Les pauvres gens ! […] Si elle est grande sur le trône, ses attraits, comme femme, auraient fait tourner la tête à des milliers de gens.
De là, l’indignation des gens du Palais-Mazarin, qui lui demandent la suppression d’une phrase d’un hautain mépris, pour ledit homme politique. […] « Non, m’ont dit des gens qui avaient assisté à nombre de banquets, non, nous n’avons jamais été témoins d’une si entière adhésion du cœur des assistants. » Puis, ç’a été un toast d’Hérédia, fêtant mes noces d’or avec la littérature. […] Le pauvre garçon me détaille tous les ennuis qu’il a eus pour le classement des gens, et me conte les exigences de celui-ci, de celui-là. […] Puis revenant au Caucase, où il a son commandement, il nous effraie de la force musculaire des gens du pays, citant, un Tartare ayant pris à la gorge un Arménien, et de ses trois doigts enfoncés dans la chair, lui ayant arraché la gorge, au bout de laquelle était venue la langue. […] Arrivent pour dîner Pol Neveux, Arthur Meyer, Rodin ; et à dîner, et le soir, une conversation amusante qui peint, qui juge, qui calomnie peut-être pas mal de gens.
Si les Maximes peuvent sembler, à leur naissance, n’avoir été qu’un délassement, un jeu de société, une sorte de gageure de gens d’esprit qui jouaient aux proverbes, combien elles s’en détachent par le résultat, et prennent un caractère au-dessus de la circonstance ! […] Combien de gens meurent avant d’avoir fait le tour d’eux-mêmes ! […] Une chose des plus faites pour étonner, c’est lorsque, venant à retrancher tout ce qui n’est que bonne éducation, bonnes intentions, bonnes manières, jugements appris, on découvre un matin combien de gens au fond sont bêtes. […] Montesquieu a dit des Maximes de La Rochefoucauld : « Ce sont les proverbes des gens d’esprit. » Et Voltaire : « C’est moins un livre que des matériaux pour orner un livre. » Ce sont des pierres fines gravées qu’on enchâsse ensuite dans le discours. […] Le gros du monde, même des gens d’esprit, est dupe des genres : il admire à outrance, dans un genre noble et d’avance autorisé, des qualités d’art et de talent infiniment moindres que celles qu’il laissera passer inaperçues dans de moyens genres non titrés.
Le Décaméron, plusieurs fois traduit, devient le bréviaire des gens de cœur : et Boccace, le Pogge fournissent une partie de leur matière aux conteurs des Cent Nouvelles nouvelles, inspirent le reste. […] la fade sentimentalité qui encore aujourd’hui partage les applaudissements avec la grosse ordure dans nos cafés-concerts, d’innocentes mièvreries émanées de la haute littérature allégorique, et qui une fois sur vingt échappent à la puérilité, une fois sur cent atteignent l’exquise délicatesse : avec cette poésie de rêve, la réalité sans voiles, dans toute sa brutalité, dérision du mariage et de la famille, âpre désir des jouissances grossières, filles qui partent avec les gens d’armes, soudards avides de pillage, accourant comme des bêtes de proie aux provinces où il y a guerre : en somme, le plus complet nihilisme moral adouci par les tons chauds d’une verve robuste. […] Telle chanson anonyme, en son âpre gaieté, nous serre le cœur autant que la plus pitoyable déploration de la vie douloureuse des pauvres gens. […] Il habitait chez son père adoptif, où il trouvait une honnête et point trop grave société de gens d’église et, gens de loi. […] Encore ne sais-je pas s’il se tait par conscience du mal ou par crainte de gens actuellement puissants, dont son habileté trop grande avait contrarié les vues.
Mme de Sévigné, le jour de Noël 1671, écrivait : Je m’en vais en Bourdaloue ; on dit qu’il s’est mis à dépeindre les gens, et que l’autre jour il fit trois points de la retraite de Tréville ; il n’y manquait que le nom, mais il n’en était pas besoin : avec tout cela on dit qu’il passe toutes les merveilles passées, et que personne n’a prêché jusqu’ici. […] La Bruyère a très finement touché ce coin singulier, et ce travers d’être en tout l’opposé du commun des mortels, dans le portrait qu’il a donné de Tréville sous le nom d’Arsène (chapitre « Des ouvrages de l’esprit ») : Arsène, du plus haut de son esprit, contemple les hommes, et, dans l’éloignement d’où il les voit, il est comme effrayé de leur petitesse : loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles : élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent ; eux seuls savent juger, savent penser, savent écrire, doivent écrire… À l’heure dont nous parlons, Tréville n’avait point encore eu d’inconstance proprement dite, mais une simple conversion ; seulement il l’avait faite avec plus d’éclat et de singularité peut-être qu’il n’eût fallu et qu’il ne put le soutenir : il avait couru se loger avec ses amis du faubourg Saint-Jacques, il avait rompu avec tous ses autres amis ; il allait refuser de faire la campagne suivante sous les ordres de Louis XIV : « Je trouve que Tréville a eu raison de ne pas faire la campagne, écrivait un peu ironiquement Bussy : après le pas qu’il a fait du côté de la dévotion, il ne faut plus s’armer que pour les croisades. » Et il ajoutait malignement : « Je l’attends à la persévérance. » Tel était l’homme dont la retraite occupait fort alors le beau monde, lorsque Bourdaloue monta en chaire un dimanche de décembre 1671 et se mit à prêcher Sur la sévérité évangélique : il posait en principe qu’il faut être sévère, mais que la sévérité véritablement chrétienne doit consister, 1º dans un plein désintéressement, un désintéressement même spirituel et pur de toute ambition, de toute affectation même désintéressée ; — 2º qu’elle doit consister dans une sincère humilité, et 3º dans une charité patiente et compatissante. […] On a trouvé le moyen de consacrer la médisance, de la changer en vertu, et même dans une des plus saintes vertus, qui est le zèle de la gloire de Dieu… Il faut humilier ces gens-là, dit-on, et il est du bien de l’Église de flétrir leur réputation et de diminuer leur crédit. […] C’était un homme d’un caractère doux et de si peu d’emportement contre les protestants, qu’il croyait que les gens de bien parmi eux pouvaient être sauvés : je n’ai jamais rencontré ce degré de charité chrétienne chez aucun autre théologien catholique.