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477. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

II Racine fut dramatique sans doute, mais il le fut dans un genre qui l’était peu. […] Les facultés innées qu’on a exercées beaucoup et qu’on arrête brusquement au milieu de la carrière, après les premiers instants donnés au délassement et au repos, se réveillent et recommencent à désirer le genre de mouvement qui leur est propre. […] Au reste, Racine a tellement pris garde à ce genre de reproche, qu’au risque de violer les convenances dramatiques, il a su prêter des paroles pompeuses ou fleuries à ses personnages les plus subalternes comme à ses héros les plus achevés. […] Le style de Racine convient à ravir au genre de drame qu’il exprime, et nous offre un composé parfait des mêmes qualités heureuses. […] Nous croyons faire preuve d’un respect mieux entendu en déclarant le style de Racine, comme celui de La Fontaine et de Bossuet, digne sans doute d’une éternelle étude, mais impossible, mais inutile à imiter, et surtout d’une forme peu applicable au drame nouveau, précisément parce qu’il nous paraît si bien approprié à un genre de tragédie qui n’est plus.

478. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Avant que la morale devienne un genre, elle se montre, par pensées détachées, dans les autres genres. […] La France, en 1665, avait le droit de se donner en exemple au genre humain. […] Ce que j’ai dit ailleurs des convenances éternelles, qui font naître tout exprès pour chaque genre l’écrivain qui doit en donner le modèle, n’est vrai d’aucun écrivain autant que de La Rochefoucauld, et plus tard de La Bruyère. […] Il en est d’autres, sorties parfaites de notre esprit, que nous restituons pour ainsi dire, dans leur intégrité, au genre humain, comme si nous ne les avions reçues qu’à titre de prêt ; lumières qui nous sont révélées, non pour en éblouir les autres, mais pour nous conduire nous-mêmes ; cause et non effet du peu que nous avons de sagesse.

479. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 445-448

Gresset le mettent également au dessus des Poëtes de nos jours, qui se sont exercés dans le même genre. […] Il étoit très permis à un Poëte, toujours attentif à respecter les mœurs & la Religion, de se repentir publiquement d’avoir exercé ses talens dans un genre que l’austere vertu est très-éloignée d’approuver.

480. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1823 »

Au reste, ce qu’il désire avant tout, c’est qu’on ne lui croie pas la prétention de frayer une route ou de créer un genre. […] La première édition de ce recueil d’odes était suivie de trois poëmes de différents genres qui n’entraient pas dans le but de cette publication et que l’on a cru devoir supprimer.

481. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Saint-Martin ne gagne rien à s’approcher du genre de son compatriote Rabelais. […] La fameuse bataille de Fleurus, gagnée par Jourdan sur Cobourg dans la première décade de messidor l’an II, doit ajouter en ce genre un grand poids à nos prétentions : cette victoire me paraît un des plus beaux pas qu’ait faits la Révolution. […] Tant qu’il ne s’agissait que du renversement des fortunes, il en prenait son parti encore plus facilement, et il allait même par instants jusqu’à désirer quelque chose au-delà de ce qu’il voyait : Le bien-être terrestre, disait-il, m’a paru si bien un obstacle au progrès de l’homme, et la démolition de son royaume en ce monde un si grand avantage pour lui, qu’au milieu des gémissements qu’occasionnait le renversement des fortunes pendant la Révolution par une suite de la maladresse et de l’ignorance de nos législateurs, je me suis souvent trouvé tout prêt à prier que ce genre de désordres s’augmentât encore, afin de faire sentir à l’homme la nécessité de s’appuyer sur son véritable soutien dans tous les genres. […] Quand on la contemple dans ses détails, on voit que, quoiqu’elle frappe à la fois sur tous les ordres de la France, il est bien clair qu’elle frappe encore plus fortement sur le clergé… Plein de respect pour l’idée de sacerdoce, qui est à ses yeux peut-être la plus haute de toutes, Saint-Martin trouve tout simple que les individus de cet ordre aient été les premiers atteints et châtiés, de même que cette « révolution du genre humain » a commencé par les « lys » de France : « Comme aînés, dit-il, ils devaient être les premiers corrigés. » Je ne fais qu’indiquer ces manières de voir qui nous sont devenues depuis lors familières par le langage si net et si éclatant de M. de Maistre ; mais Saint-Martin y mêle des idées et des sentiments qui lui sont propres et qui ont beaucoup moins de netteté. […] Je crois que les négligences et les imprudences où ma paresse m’a entraîné en ce genre ont eu lieu par une permission divine, qui a voulu par là écarter les yeux vulgaires des vérités trop sublimes que je présentais peut-être par ma simple volonté humaine, et que ces yeux vulgaires ne devaient pas contempler. — Le monde et moi, disait-il encore pour se consoler, nous ne sommes pas du même âge.

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