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327. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Voilà pourquoi les républicains impies de l’heure présente gardent, en eux et malgré eux, non seulement quelque chose de l’honneur monarchique, mais quelque chose de chrétien, qu’ils ne sont pas capables de législativement exterminer. […] Quand il s’agissait de l’honneur, on n’économisait pas sa vie, on ne la gardait pas pour le service exclusif du pays, et même en face de l’ennemi les officiers et les soldats de la République se battaient très bien entre eux, comme les officiers et les soldats de la Monarchie.

328. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Persécutée d’abord à cause du nom qu’elle portait, et des influences qu’on lui savait dans cette province du Languedoc que son mari avait gouvernée, elle ne sortit de prison, quand la persécution se détourna d’elle, que pour se retirer à Moulins, dans le couvent de Sainte-Marie, où elle garda pendant quelque temps sa maison. […] Le talent d’Amédée Renée a été perméable à l’âme de madame de Montmorency, et il la respire comme ces haleines de femme qui gardent l’odeur de la fleur qu’elles ont respirée.

329. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Mignet et Pichot publient, nous savons à n’en pouvoir plus douter maintenant que l’impérial Cénobite, transformé par d’autres histoires en horloger et en moine, garda son ancien personnage et n’étouffa pas son regard, son action et sa volonté politique, sous la cagoule du pénitent. […] Et cela est si vrai, cette influence subie tour à tour et contrariée par Charles-Quint, que la profonde Espagne lui en garda rancune, et que malgré Yuste, malgré une mort catholiquement magnifique, elle ne lui pardonna jamais.

330. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Né en 1707, sous Louis XIV, le Roi réglé et éclatant comme le soleil, qu’il avait pris pour son symbole, Buffon devait garder sur tout lui-même un impérissable reflet de ce grand règne, qui expira sur son berceau, et montrer ce reste de grandeur par la règle, comme pour faire leçon en sa personne à la société déréglée au sein de laquelle il ne vécut pas. […] Il s’est bien gardé de remâcher l’idée, vieillotte de vulgarité, de ce superficiel Voltaire qui disait : « L’existence des hommes des lettres est dans leurs écrits et non ailleurs », et il nous a donné avec le détail le plus pointilleux et la charmante petite monnaie des anecdotes, dont on n’a jamais trop à dépenser, la biographie de cet imposant homme de science et de lettres dont la vie refléta sans cesse la pensée, mais qui est une vie sous sa pensée, comme il y a de l’eau sous le bleu du ciel que reflètent les eaux !

331. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Lui, Darwin, a élevé des pigeons, et le xixe  siècle, plus bête que Louis XIII, qui ne garda pas Luynes, garde Darwin et s’en pare comme d’un de ses grands hommes ! […] Excepté, en effet, Zénon d’Élée, dont le nom même ne retentirait pas sans le nom de l’autre Zénon, de Zénon le stoïque, qui a gardé la sonorité du bronze de sa philosophie ; excepté Gorgias et Hippias, immortalisés — mais à quel prix ? 

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