Je vous accuse donc, Monsieur, d’avoir, par des doctrines perverses et des moyens que vous seul savez employer, perdu l’art dramatique et ruiné le théâtre français. […] Vous avez voulu paraître sur la scène française, et les grands maîtres et leurs disciples en ont disparu. […] C’est vous, Monsieur, que je veux représenter en ce moment à mon lecteur, environné du cortège de vos zélés admirateurs, venant lire aux comédiens français votre premier évangile. […] Mille pardons, Monsieur, si je me suis arrêté trop longtemps sur les torts que pouvaient avoir les comédiens français envers leurs auteurs classiques. […] Depuis sept ou huit ans les comédiens français ont plus dépensé d’argent pour leurs décorations et les habits du moyen âge, que leurs prédécesseurs pendant quarante ans.
Villemain, pour beaucoup d’esprits auxquels il imposa, est une espèce d’archi-chancelier de la littérature française. […] C’est la fille légitime de l’intelligence savante et réglée, et, dans une société chrétienne et française, elle a pour blason la croix, la balance et le glaive. […] Villemain est un rhéteur, une chose d’origine grecque, mais devenue diablement française. […] C’est l’enthousiaste de la Révolution française, qui eut la bravoure de son enthousiasme, et rompit pour elle avec Burke une amitié de vingt-cinq années ! […] De tous ces illustrateurs de la tribune française, Royer-Collard est le seul qui eut une supériorité.
réception de m. mérimée a l’académie française. […] Ce public d’Académie est un public très-délicat, très-disposé à goûter tout ce qui est bien ; c’est un public resté Français. Décidément les séances d’Académie française sont plus en vogue que jamais ; et ces sortes de joûtes de beaux esprits semblent devenues une fête aussi nationale en France que les combats de taureaux peuvent l’être en Espagne.
Il n’a jamais pris pour lui le mot insolent et cruel, trop accepté, comme tant de mots : « Les Français n’ont pas la tête épique ». […] Quinet n’est pas Français. C’est un Allemand, né en France, dont l’érudition est allemande, la science allemande et qui a la naïveté allemande de croire nous donner des poèmes épiques en français.
Du reste, ses vers sont dans le genre de ceux de Fontenelle : ils sont doux et spirituels ; sa prose est coulante et facile ; son éloquence n’est point mâle ni dans le grand genre, quoiqu’il ait remporté des prix à l’Académie française, il y a déjà plus de trente ans. […] Les recueils de l’Académie française nous ont conservé le discours par lequel le président débuta dans les lettres proprement dites. […] Il fut reçu à l’Académie française cette même année (1723), et il y succéda au cardinal Dubois. […] La lecture du théâtre de Shakespeare, qu’on traduisait alors, donna au président l’idée d’un Nouveau Théâtre français, et de pièces historiques où se retraceraient en dialogues animés les principaux événements de nos annales : c’était une idée, et le président n’en manquait pas. […] Rien n’est plus français que le vaudeville, c’est-à-dire la chanson gaie ou maligne.