Brantôme qui faisait une galerie des Dames illustres françaises et étrangères, après y avoir fait entrer Marie Stuart, avait pensé à y mettre Marguerite comme un autre exemple des injustices et des inclémences de la fortune. […] Son frère d’Anjou, qui fut depuis Henri III, avait beau lui jeter au feu ses Heures pour lui donner en place des Psaumes et prières huguenotes, toujours elle tint bon et se préserva de cette manie de huguenoterie, qui, en effet, à cette date de 1561, était à la Cour une vanité, une mode française et mondaine, attrayante un moment pour ceux même qui peu après devaient tourner contre et la réprimer. Marguerite, au milieu de la vie la moins exemplaire, aura toujours avec sincérité ce coin de bonne catholique qu’elle tenait de sa race et qui, à ce degré et dans ce mélange, est plus peut-être d’une Italienne que d’une Française ; mais ce qu’il nous importe de noter, c’est qu’elle l’avait.
Il semblait que l’esprit français, pareil à une terre fertile, après s’être reposé forcément durant quelques années, redemandait avec avidité toutes les cultures. […] Et c’est ce même homme qui a fait le livre de l’Eucharistie, le Dialogue de Platon et de Fénelon, et qui avait eu l’idée d’écrire la dernière Conférence de saint Anselme au sujet de l’âme ; celui même que le clergé français put opposer avec honneur à Jouffroy, et que le plus sympathique des protestants, M. […] Il y a longtemps que je me suis dit : Si l’on avait jamais à nommer un ecclésiastique à l’Académie française, comme je sais bien d’avance quel serait mon choix !
Je n’entrerai pas dans l’examen détaillé de son mérite comme publiciste et écrivain politique : ses lettres écrites dans La Minerve nous le montrent à son avantage, élégant, d’une élégance assez commune et monotone, fin, facile, adroit à trouver les prétextes d’opposition et les thèmes chers au public français ; il n’oubliait de caresser aucun lieu commun national, toutes les fois que cela servait à ses fins ; il savait le joint de chaque préjugé pour y entrer à la rencontre. […] Il eut cela de piquant dans sa vie d’être reçu deux fois à l’Académie française. […] Quand il s’agissait de faire une notice sur le Tartuffe, c’était à lui le premier qu’on s’adressait ; quand il s’agissait d’élever une statue en l’honneur de Molière, c’était lui que la Chambre des pairs (dont il faisait partie dans les dernières années) chargeait du rapport ; c’était lui encore que l’Académie française, dont Molière n’était pas, chargeait du discours de réparation et d’hommage pour la cérémonie d’inauguration.
Je sais bien que cet homme est un Français, et qu’un Français en France est une chose sainte et sacrée, — et même à l’étranger, à ce qu’on dit ; mais c’est pour cela même que je le hais. […] Horace Vernet, haïssent le Français. […] Que les Français ont d’esprit et qu’ils se donnent de mal pour se tromper ! […] M. Français est un des paysagistes les plus distingués. […] Gaieté essentiellement française.
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]