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821. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

La grâce, encore une fois, ne manque pas ; mais, au besoin, c’est plus volontiers la force qui devient sensible. […] Des désirs muselés appartiennent un peu trop à cette langue qui force les choses et les noms, qui dit un cœur fêlé au lieu d’un cœur brisé. […] Il y a de ces mots que je n’aime pas à la fin des vers, gloutons, béant, infâme, mots trop crus, trop bruyants et claquants, pour ainsi dire, qui sont faits pour déplaire, à moins qu’il n’y ait nécessité expresse dans le sens de la pensée, et qu’on ne veuille à toute force insister dessus : mais, quand on ne les emploie qu’à titre d’épithète passagère et courante, ou d’utilité de rime, ils me font l’effet d’un cahotement, d’une détonation. […] Ackermann conclut en terminant : « Pour nous, nous croyons fermement qu’un nouveau dix-septième siècle est réservé à la littérature française ; mais il faut le préparer par les idées, par la force morale et la science artiale.

822. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

La nature et la société ont déshérité la moitié de l’espèce humaine ; force, courage, génie, indépendance, tout appartient aux hommes, et s’ils environnent d’hommages les années de notre jeunesse, c’est pour se donner l’amusement de renverser un trône ; c’est comme on permet aux enfants de commander, certains qu’ils ne peuvent forcer d’obéir. […] Cette certitude, cette confiance, si douce à la faiblesse, est souvent importune à la force ; la faiblesse se repose, la force s’enchaîne ; et dans la réunion des contrastes dont l’homme veut former son bonheur, plus la nature l’a fait pour régner, plus il aime à trouver d’obstacles : les femmes, au contraire, se défiant d’un empire sans fondement réel, cherchent un maître, et se plaisent à s’abandonner à sa protection ; c’est donc presque une conséquence de cet ordre fatal, que les femmes détachent en se livrant, et perdent par l’excès même de leur dévouement. […] À quel prix ne voudrait-on pas n’avoir jamais aimé, n’avoir jamais connu ce sentiment dévastateur qui, semblable au vent brûlant d’Afrique, sèche dans la fleur, abat dans la force, courbe enfin vers la terre, la tige qui devait et croître et dominer ?

823. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

Enfin on a proposé un armistice et de remettre la querelle après la pièce ; mais l’armistice à peine conclu, voilà qu’entre la force armée qu’on avait mandée ; nouveau tapage, nouvelle collision. […] Il y avait force beau monde.

824. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rimbaud, Arthur (1854-1891) »

Arthur Rimbaud prend tous les tons, pince toutes les cordes de la harpe, gratte toutes celles de la guitare et caresse le rebec d’un archet agile s’il en fût… Bien des exemples de grâce exquisément perverse ou chaste à vous ravir en extase nous tentent, mais les limites normales de ce second essai déjà long nous font une loi de passer outre à tant de délicats miracles, et nous entrerons sans plus de retard dans l’empire de la Force splendide où nous convie le magicien avec son Bateau ivre. […] Verlaine, à qui nous devons de le connaître, « l’empire de la force splendide ».

825. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Cet exemple reçut encore un accroissement de force par le concert des éloges que donnèrent au roi quatre poètes à jamais célèbres : Molière et La Fontaine, Racine et Boileau. […] Aujourd’hui que nous possédons les œuvres de ces quatre poètes, nous pouvons nous figurer quelle était la force de leur alliance par leur position dans le monde, par la puissance de leurs talents divers, par le besoin de produire dont ils étaient pressés, par l’émulation qui naissait de leur concours, par la combinaison de leurs efforts pour mériter la bienveillance d’un roi galant et la protection des femmes les plus séduisantes et les plus voluptueuses de sa cour.

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