On n’y oublierait pas surtout Dagobert, le bon Dagobert, qui a laissé une réputation débonnaire et assez ridicule, et qui fut peut-être un grand roi, énergique, le quasi-Charlemagne de sa race, mort à la fleur de l’âge et dans la vigueur de ses hauts projets4. […] Ni le glaive ni les édits n’avaient pu dissiper le prestige charmant de ce panthéisme rural, immortalisé par Hésiode et par Virgile : l’Ager romanus, les vallons de l’Arcadie ou de la Sabine, conservèrent longtemps ces fêtes gracieuses où Pan et Palès, à l’ombre des platanes, au bruit des fontaines murmurantes, recevaient la brebis marquée de cinabre et la fleur de pur froment. […] Là, se rendaient les garçons et les filles ; ils couronnaient de fleurs les images des Nymphes, non plus par religion, mais par une sorte d’instinct machinal ; la douce mythologie, inséparable de toutes les impressions du plaisir, était encore le langage de l’amour ; les cœurs demeurèrent longtemps sous la protection de cet enfant jeune et beau, qui a des ailes, et pour cette cause prend plaisir à hauter les beautés ;… qui domine sur les éléments, les étoiles et sur ceux qui sont dieux comme lui. […] C’est un mélange singulier des fleurs idéales de l’imagination et des hideuses réalités de la vie servile.
Il allait y avoir un salon unique qui ressaisirait la fine fleur de l’ancien grand monde revenu de l’émigration, le salon de la princesse de Poix ; si aristocratique qu’il fût, c’était pourtant le plus simple, le plus naturel à beaucoup près de tous ceux que j’ai nommés : on y revenait à la simplicité de ton par l’extrême bon goût. […] Chactas commence son récit : Il est bien vieux, il a soixante-treize ans : « À la prochaine lune des fleurs, il y aura sept fois dix neiges, et trois neiges de plus, que ma mère me mit au monde sur les bords du Meschacebé. » Il raconte à René la grande aventure de sa jeunesse, quand il ne comptait encore que dix-sept chutes de feuilles. […] Il y a bien encore quelque trace de manière : « Quand un Siminole me raconta cette histoire (transmise de Chactas à René, et des pères aux enfants), je la trouvai fort instructive et parfaitement belle, parce qu’il y mit la fleur du désert, la grâce de la cabane, et une simplicité à conter la douleur que je ne me flatte pas d’avoir conservée. » Ce ton-ci, en effet, est bien moins de la simplicité que de la simplesse. […] Atala, inerte et la tête appuyée sur quelques fleurs, est portée dans la grotte qui va lui servir de tombeau.
Elle apprivoisait cette chèvre sauvage, elle changeait en fleur cette nature d’ortie hérissée, et ce doux sortilège s’accomplissait, au son de la flûte bucolique, dans un paysage digne d’encadrer les magies amoureuses de la Symétha de Théocrite. […] D’une fleur repliée qui s’entr’ouvre il sort des parfums et non des pétards et des fusées volantes : or, à peine réveillée de ce long sommeil du cœur et des sens où elle a dormi la grasse matinée de sa jeunesse, Philiberte se met à faire de l’esprit comme si c’était son métier, de l’esprit à pile ou face, envers et contre tous, en veux-tu, en voilà, de l’esprit rédigé, limé, aiguisé, barbelé, pointu par les deux bouts. […] Son tempérament poétique se compose d’une propension saillante à la gaillardise, et une foule de petites velléités romanesques et lyriques, aussi embarrassées de croître et d’aboutir sur ce fonds gaulois que le seraient des fleurs bleues semées sur un jambon. […] Musc et ail, concetti et lazzi, drogues et dragées, épices et fadeurs, une casserole de parfums, une sauce aux mille fleurs… Maintenant, toute part faite à la critique, et nous l’aurions voulue moins entière, il serait injuste de ne pas reconnaître, dans la comédie de M.
Elle-même, en ces moments, s’adressant au poète et se plaignant de n’être pas aimée comme elle aime, a raison de s’écrier : « Ne suis-je pas l’abeille qui s’en va volant et qui te rapporte le nectar de chaque fleur ? […] Oserons-nous dire qu’il nous semble souvent que la fleur naturelle est devenue par là une fleur artificielle plus brillante, plus polie, mais aussi plus glacée, et qu’elle a perdu de son parfum ? […] Dans le sang répandu des héros tyroliens, il n’a vu encore qu’un parfum de poésie : « Tu as raison, écrivait-il à Bettina, de dire que le sang des héros répandu sur la terre renaît dans chaque fleur. » Encore un coup, l’héroïsme n’est pas le côté supérieur de Goethe.
Ils ont aimé les fleurs vénéneuses, les ténèbres et les fantômes et ils furent d’incohérents spiritualistes. […] « Il ne faut point qu’un poète fasse retentir dans les dures trompettes mugissantes, les bruissements doux de l’eau, des printemps, des fleurs. Mais le poète est lui-même cette pompeuse trompette qu’embouchent, tour à tour, les eaux et les fleurs. […] Il lui est docile comme une fleur et non moins qu’une étoile, les rocs. — Ah !