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319. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Ils font comme leurs graveurs, qui, dans leurs frontispices, prodiguent les fruits, les fleurs, les figures agissantes, les animaux, les dieux, et versent et entassent tout le trésor de la nature sur tous les coins de leur papier. […] Quand l’âme est pleine et neuve, ce n’est point par des raisonnements qu’elle exprime ses idées ; elle les joue et les figure ; elle les mime ; c’est là le vrai et le premier langage, celui des enfants, celui des artistes, celui de la joie et de l’invention. […] Involontairement il ôte aux objets leur figure ordinaire. […] Les divines figures, les regards sérieux ou profonds, les expressions virginales ou passionnées qui éclataient à chaque pas dans les premiers poëtes ont disparu ; on ne voit plus ici que des minois agréables peints par des vers agréables. […] Il pense que dans la fête de la Moisson la figure qu’on traînait en char était celle de Cérès.

320. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Ce sentiment intime et transparent que les figures comiques doivent avoir de la profonde insignifiance de leurs desseins et de leurs actes est une condition essentielle de l’art qui n’est pas imposée par la morale seulement, mais qui résulte de la nature propre du comique. […] Ses figures comiques sont peut-être plus étonnantes encore. […] C’est la figure la plus libre et la plus élevée du théâtre de Molière. — L’avarice est un excellent thème de comédie. […] Comme les figures modernes de la scène tragique, ils combattent contre le Divin, contre une idée morale, solide et puissante, où ils finissent par se briser. […] Sur ces limites extérieures, loin de laisser ses figures, dépourvues du prestige poétique, s’absorber dans l’étroitesse de leurs idées, Shakespeare leur donne d’autant plus de verve et d’imagination.

321. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Je faisais travailler un de mes garçons, Pagolo, au bassin, et je recommençai l’aiguière, qui était enrichie de tant de figures et d’ornements en bas-relief que tout le monde l’admirait. […] Cesano, qui était fort laid, me parla selon sa figure. […] « L’une était Neptune, le trident à la main, traîné par quatre chevaux marins ; l’autre, la Terre, sous la figure d’une belle femme, appuyée d’un bras sur un temple qui renfermait le poivre, et de l’autre portant une corne d’abondance. Sous la figure de la Terre, j’avais mis toutes sortes d’animaux qu’elle enfante ; sous celle de la Mer, les poissons qu’elle nourrit. […] Ils m’engagèrent ensuite à aller dans leur pays, où l’on me donnerait le traitement que je souhaiterais, en me disant que Giovanangelo de Servi leur avait fait une fontaine ornée de plusieurs figures, qui étaient loin de la beauté des miennes, et qu’on l’avait comblé de biens.

322. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Il va mieux, merveilleusement mieux, mais au fond, il a une pauvre figure ruinée, avec dessus des rougeurs et des pâleurs d’un sang bien appauvri. […] Le condamné, apparaissant au seuil de la porte de la Roquette, comme une figure de cire, avec son apparence de vie figée, et dans le silence qu’il appelait formidable, toujours un oiseau qui chante, et dont le chant est dans ce silence, comme le bourdon de Notre-Dame, et au loin, au loin, l’entre-claquement imperceptible de branches d’arbres. […] Rien, passé la Place de la Concorde, rien à l’Hôtel de Ville, seulement rue de Rivoli, des figures de révolution que chargent, de temps en temps, les sergents de ville, les poursuivant dans les petites rues autour des Halles. […] Je suis parvenu, en guidant l’ébauchoir du sculpteur, à affiner la grosse et large matérialité qu’il avait donnée à sa figure, à resserrer le bas du visage, où il y avait une si jolie et si petite touche, ce bas du visage que tous les dessinateurs ont allongé au détriment du haut de la tête ; je suis parvenu à lui refaire la ligne du nez tout à fait juste. […] Je suis frappé, ce matin, de la mauvaise mine de Maupassant, du décharnement de sa figure, de son teint briqueté, du caractère marqué, ainsi qu’on dit au théâtre, qu’a pris sa personne, et même de la fixité maladive de son regard.

323. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

S’il se rencontre quelque sphinx d’une beauté merveilleuse, on peut croire qu’il soit l’ouvrage de quelque sculpteur grec qui se sera diverti à faire des figures égyptiennes, comme nos peintres se divertissent quelquefois à imiter dans leurs ouvrages, les figures des bas-reliefs et des tableaux des Indes et de la Chine. […] Il est prodigieux que la main des hommes ait eu assez d’adresse pour arranger et pour réduire en forme de figures coloriées tant de filets differens. […] Les peintres sçavoient arranger les figures d’un tableau, mais c’étoit sans sçavoir les disposer suivant les regles de la composition pittoresque aujourd’hui si connuës. […] Il osa le premier mettre des figures véritablement en l’air, et qui plafonnent, comme disent les peintres. […] C’est ainsi qu’on pourroit, à l’aide du recueil des modes en usage en France depuis trois cens ans, que Monsieur De Gaignieres avoit ramassé, juger du temps où la figure d’une dame françoise auroit été faite.

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