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725. (1897) Aspects pp. -215

Personne dans la cuisine sans feu où les marmites bombent comme des ventres d’hoplites à la retraite. […] Accroche au plafond ces étoiles bariolées ; allume le feu. […] Qu’est-ce que ces candélabres seuls sous leurs feux ? […] Pourtant, à l’intérieur, la cuisine est toute vermeille où flambe et pétille un feu de bûches. […] Le feu crépite, fuse dans la cheminée, illumine et empourpre la salle.

726. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Celui dont je viens de faire la description rend seize mille livres par an au propriétaire, qui était, de mon temps, une cousine du feu roi. […] si vous aviez vu comme nous ce logis-ci dans le temps qu’il était meublé si voluptueusement, et qu’il y avait cinq ou six jeunes filles admirablement belles, et leur maîtresse encore plus belle, vous l’auriez trouvé bien plus charmant qu’il ne vous paraît. » La porte du logis était couverte de grosses lames de fer, parce qu’une nuit, de jeunes seigneurs y ayant voulu entrer malgré la dame, et n’en pouvant venir à bout, ils firent apporter un tas de bois devant la porte et y mirent le feu, ce qui obligea la maîtresse de faire faire une porte de fer. […] L’un et l’autre s’y rendirent, et ils résolurent d’élever sur le trône le plus jeune des enfants du feu roi au préjudice de l’aîné. […] Qui sait s’il ne se vengera pas, et si les froideurs que nous avons eues pour lui n’allumeront pas en son âme un feu de colère contre nous, qui ne s’éteindra que par notre ruine et la désolation de nos familles ? […] Si cet eunuque qui fut envoyé en poste, il n’y a pas longtemps, à Ispahan, eût eu des ordres secrets contre Sefie-Mirza, dans le dessein de le rendre incapable de succéder à l’empire, n’en aurais-je rien découvert ; et le feu roi n’eût-il pas changé quelque chose à la condition de son second fils, qu’il eût désigné en ce cas-là pour monter sur le trône après lui ?

727. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Apparaît la tête effarée de Blanche, qui me crie : « Le feu est à la maison ! » En effet, à la suite d’un feu de cheminée dans mon cabinet de travail, le feu vient de prendre dans un petit cabinet au-dessus, et Pélagie et sa fille et sa mère, courent affolées par la maison, jetant dans le chéneau des paquets de choses enflammées. Les fumistes arrivent et bouchent avec du mortier la cheminée, mais le feu n’est pas éteint, et devant la vapeur de gaz carbonique, qui remplit tout le haut de la maison, ils préviennent les femmes de dormir avec précaution : une jeune mariée ayant été, ces jours-ci, asphyxiée dans ces conditions à Auteuil. […] « Votre œuvre, c’est d’après le cher modèle, qui prête la vie élégante de son corps à toutes vos compositions, une sorte de monographie de la femme, dans toutes les attitudes intimes de son chez-soi — dans le renversement las de sa tête, sur un fauteuil ; dans son agenouillement devant le feu d’une cheminée, avec le retournement de son visage contre le chambranle, et la fuite contournée du bas de son corps ; dans une rêverie, qui lui fait prendre dans la main la cheville d’une jambe croisée sur l’autre ; dans une lecture, avec le défrisement d’une boucle de cheveux le long de sa joue, quelque chose d’interrogateur au bout du nez, une bouche un rien entrouverte, où il y a comme l’épellement heureux de ce qu’elle lit ; dans le sommeil, où de l’enfoncement dans l’oreiller, émerge la vague ligne de deux épaules, et un profil perdu, au petit nez retroussé, à l’œil fermé par de noirs cils courbes.

728. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Tout le beau feu de La Rochefoucauld se consuma alors dans ses dévouements intimes à la reine malheureuse, à Mlle d’Hautefort, à Mme de Chevreuse elle-même : en prenant cette route du dévouement, il tournait, sans y songer, le dos à la fortune. […] Je vous assure aussi que je vous serai plus obligée, si vous en usez comme d’une chose qui seroit à vous, en le corrigeant ou en le jetant au feu, que si vous lui faisiez un honneur qu’il ne mérite pas. […] « L’absence diminue les médiocres passions et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies et allume le feu. » (Maximes.

729. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Il décrit avec complaisance cette âme charmante que Gassendi appelait « la fleur la plus vive et la plus pure du sang. » Il « subtilise un morceau de matière, un extrait de la lumière, une quintessence d’atome, je ne sais quoi de plus vif et de plus mobile encore que le feu. » Il met cette âme en l’enfant comme en l’animal, et nous fait ainsi parents de ses bêtes. […] Il se tient alors pendant tout le jour au soleil ou près du feu, enveloppé dans « sa majesté fourrée », sans s’émouvoir de rien, grave, et de temps en temps passant la patte sur sa moustache avec la mine sérieuse d’un penseur. […] — Non pas, c’était un roi dont les feux violents Me firent ressentir leur ardeur criminelle.

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