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637. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Mais le spécieux qui domine dans Lamotte et qui paraît comme son naturel, ce sont ces pensées, équivoques secrètes, qui, vraies à la première vue, sont fausses dès qu’on y appuie, sans pourtant qu’on en sache mauvais gré à l’écrivain qui nous en donne le mirage passager. […] Se jouer entre le vrai et le faux n’est pas un bel emploi de l’esprit ; mais à côtoyer ainsi le vrai, on a la chance d’y toucher quelquefois. […] Il préférait aux vérités une fois acquises et, si l’on me passe le mot, emmagasinées, les doutes qui ont le faux air de vues nouvelles. […] Je sais bien que cet art d’accommoder les vérités scientifiques à notre ignorance toujours prévenue, n’est pas pur de toute fausse grâce, et qu’en faisant les honneurs de la science, Fontenelle ne s’est pas oublié.

638. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

car, outre la souffrance qui lui est infligée, la persécution l’atteint dans sa personne morale, presque toujours la persécution fausse l’esprit et rétrécit le cœur. […] On croit avoir fait des chrétiens ; on a fait des esprits faux, des politiques manqués. […] mieux vaut le faux. « La vérité, comme a très bien dit Bacon, sort plutôt de l’erreur que de la confusion. » Ainsi, au milieu du pathos prétentieux qui a envahi, de nos jours, l’apologétique chrétienne, s’est conservée une école de solide doctrine, répudiant l’éclat, abhorrant le succès. […] Il en attendit trop peut-être ; ne le trouvant pas infini, il le brisa comme un faux dieu.

639. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Quoiqu’il ait choisi, pour les rédiger, un Littérateur* dont la plume est aussi peu propre à accréditer le mensonge, qu’à faire goûter la vérité, je crois devoir cependant m’inscrire en faux & contre les faits allégués dans le Libelle, & contre la plupart des Lettres qu’on y rapporte. […] Les Personnes qui s'occupent des querelles des Auteurs, savent que j'ai répondu à ce Libelle par une Lettre à un Journaliste, dans laquelle je me suis hautement inscrit en faux contre les Pièces & les faits qui paroissoient favoriser cette absurde Calomnie. […] la personnalité y est substituée à la raison directe, l’injure mise à la place de la justification, un faux air de dédain opposé à la justice du reproche. […] Elle combat à peu près comme cet Athlete qui, renversé par son adversaire, s’efforçoit de prouver, par de faux argumens, qu’il étoit le vainqueur.

640. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Mais l’amour qu’il veut bien tolérer au théâtre, est un amour peint de ses propres couleurs & non du faux coloris de nos opéra, de nos romans & de la plupart de nos tragédies modernes ; un amour accompagné de tous ses effets tragiques, du trouble, du crime, des remords, de l’état le plus affreux & le plus capable de guérir de cette passion. […] Le Préjugé à la mode, la fausse Antipathie, & l’Ecole des amis, doivent faire estimer cet écrivain, que son esprit, ni les agrémens qu’il met partout, n’empêchent point de parler au cœur. […] On les réfuta par le succès prodigieux & constant de ce genre ; par l’intérêt vif qu’y prenoient les femmes ; par l’impression que laissent toujours sur les cœurs même les moins vertueux les tableaux de la vertu, quoique placés dans un faux jour ; par la nécessité d’admettre un commencement à toute nouveauté utile. […] L’Oratorien traita le Théatin de faux frère, de prévaricateur, de ministre traître à son dieu & aux hommes, auxquels il applanissoit le chemin de perdition.

641. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Mais, à cela près des habitudes d’écrire et d’un style laborieusement faux, dont je soupçonne jusqu’à la corruption peut-être encore plus systématique que vraie, je ne croyais pas, certes ! […] C’était un titre faux. […] À part les quelques faux plis que lui a fait faire la prétention des auteurs, Renée Mauperin n’est pas plus une bourgeoise du xixe  siècle qu’autre chose. […] M. de Goncourt tient beaucoup à la cruauté de son analyse… Déjà il l’appliquait à l’histoire (dans sa Madame de Châteauroux), et je relevai le mot, parce qu’il est faux.

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