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1106. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Malgré son goût pour les types incomparables qui font saillie dans ses romans, elle croyait à l’égalité de la famille humaine ; Mme Necker de Saussure nous apprend que, même à l’égard des facultés intellectuelles, elle estimait que c’était assez peu de chose au fond, une assez petite disproportion originelle, qui constituait la supériorité des talents éminents sur la moyenne des hommes. […] Dans Delphine, le tableau heureux de la famille Belmont ne représente pas autre chose que cet Éden domestique, toujours envié par elle du sein des orages. […] Elle s’était entièrement convertie aux idées politiques anglaises, dans cette Angleterre qui lui semblait le pays par excellence à la fois de la vie de famille et de la liberté publique. […] Mme de Staël, sensible à ces effets, et atteinte déjà d’un mal croissant, se réfugiait ou dans la famille, ou, plus haut, dans la fidélité à Celui qui ne peut nous être infidèle. […] Mme la duchesse de Broglie, si prématurément ravie à ce bonheur de famille, mais restée à jamais présente à la vénération de tous ceux qui l’ont une fois connue.

1107. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Vous auriez vu avec chagrin de longues files de jeunes gens des deux sexes de la plus grande beauté, liés avec des cordes et journellement exposés en vente… Ils vendaient ainsi comme esclaves leurs plus proches parents et même leurs propres enfants… » Et le chroniqueur ajoute qu’ayant abandonné cet usage, « ils donnèrent ainsi un exemple à tout le reste de l’Angleterre. »  — Veut-on savoir ce qu’étaient les mœurs dans les plus hauts rangs, dans la famille du dernier roi30 ? […] Les instincts nobles en Germanie. —  L’individu. —  La famille. —  L’État. —  La religion. —  L’Edda. —  Conception tragique et héroïque du monde et de l’homme. […] Ce grand Dieu de la Bible, tout-puissant et unique, qui disparaît presque entièrement au moyen âge61, offusqué par sa cour et sa famille, subsiste chez eux, en dépit des légendes niaises ou grotesques. […] Turner évalue à trois cent mille le nombre des chefs de famille indiqués. Si chaque famille est de cinq personnes, cela fait un million cinq cent mille.

1108. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Le pouvoir qu’il avait servi avec dévouement, auquel il tenait par ses opinions de famille et par ses affections, négligea toujours de le distinguer en rien, et M. de Vigny ne fit jamais rien de son côté pour se rappeler aux hommes de ce pouvoir. […] Oui, dans cette muse si neuve qui m’occupe, je crois voir, à la Restauration, un orphelin de bonne famille qui a des oncles et des grands-oncles à l’étranger (Dante, Shakspeare, Klopstock, Byron) : l’orphelin, rentré dans sa patrie, parle avec un très-bon accent, avec une exquise élégance, mais non sans quelque embarras et lenteur, la plus noble langue française qui se puisse imaginer ; quelque chose d’inaccoutumé, d’étrange souvent, arrête, soit dans la nature des conceptions qu’il déploie, soit dans les pensées choisies qu’il exprime. […] Votre division des deux familles de poëtes est d’une justesse parfaite, ainsi que cette double comparaison du palais de Versailles et de la grande montagne avec sa tour escarpée.

1109. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

L’honnête homme heureux, le père de famille rattaché à la vie par des liens prudents et sacrés, pour ne pas les trouver odieuses, a besoin de ne les accepter qu’en les interprétant. […] demain, ce soir, la seule vue d’une famille excellente et unie les dissipera. […] Les joies, les peines de famille le trouvaient incomparable.

1110. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Je lus avec des impressions centuplées pour moi par le site et par le voisinage du tombeau ; je continuai à lire jusqu’à ce que le crépuscule, assombri de verset en verset davantage, effaçât une à une sous mes yeux les lettres du Psalmiste ; mais, même quand mes regards ne pouvaient plus lire, je retrouvais encore ces lambeaux d’odes, ou d’hymnes, ou d’élégies, dans ma mémoire, tant j’avais eu de bonne heure l’habitude de les entendre, à la prière du soir, dans la bouche des jeunes filles auxquelles la mère de famille les faisait réciter avant le sommeil. S’il reste quelque poésie dans l’âme des familles de l’Occident, ce n’est pas aux poètes profanes qu’on le doit, c’est au pauvre petit berger de Bethléem. […] C’était le convoi d’une jeune Arménienne que la peste venait de frapper dans Jérusalem, et que la famille, les amis, les voisins conduisaient au cimetière de sa communion, hors de la ville.

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