L’Auteur d’un Pamphlet, intitulé, Addition à l’Ouvrage des Trois Siecles, s’est consumé en petites remarques plus petitement exprimées encore…. […] Qu’on ne s’attende cependant point à trouver du changement dans la maniere dont nous nous exprimons sur les Auteurs ridicules ou sur les Ecrivains dangereux. […] Si sentir vivement les atteintes portées aux principes les plus indispensables & les plus respectés ; si s’exprimer avec chaleur & intérêt, dès qu’il s’agit de tous ces importans objets, c’est être partial ; nous souscrivons volontiers à cette inculpation.
« La littérature, a dit Fichte, révèle Dieu perpétuellement. » Et nous ne tenterons pas de nous exprimer mieux. […] Afin d’exprimer les passions d’Ajax, d’Œdipe, d’Iphigénie, de Corette ou d’Albine, il faut les avoir connues. […] Nous exprimons les intentions confuses d’une race.
Car la critique littéraire consiste h exprimer des opinions, et celles-ci ne valent qu’autant qu’elles sont partagées. […] Ici Sainte-Beuve revient à son ambiguïté du début, et dit tout d’une haleine : « Chaque ouvrage d’un auteur, vu, examiné de la sorte, à son point, après qu’on l’a replacé dans son cadre, et entouré de toutes les circonstances qui font vu naître, acquiert tout son sens, son sens historique, son sens littéraire… Être en histoire littéraire et en critique, un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. » Sainte-Beuve développe plus loin l’idée exprimée dans ce second membre de phrase, et conseille, pour apprécier un auteur, de le comparer à ses antagonistes et à ses disciples, de distinguer les diverses manières de son talent, de déterminer ses opinions sur certains sujets d’ordre général, enfin de résumer sa nature morale dans une formule exacte et concise. […] Partant du principe que les choses morales ont, comme les choses physiques, des dépendances et des conditions, il esquisse la vie de chacun des écrivains qu’il veut étudier, montre le pays où il est né, le lieu où il a vécu, puis, analysant son œuvre et en dégageant les principaux caractères, il exprime fame qu’ils révèlent, en une formule à plusieurs termes.
Et lorsqu’à l’inscription du temple de Delphes : Connais-toi toi-même, nous ajoutions la formule de Térence : Homo sum, et nihil humani a me alienum puto ; lorsque nous écrivions que nous voulions exprimer la vie humaine en fonction de l’humanité tout entière, et notre individualité en fonction de l’univers comme de l’inconnaissable, nous professions l’intégralisme le plus pur. […] Et pour aller jusqu’au bout de notre pensée, nous déclarerons encore que le langage des vers, s’il ne doit exprimer que des choses mille fois redites, ou même simplement connues de tous, nous apparaît comme une futilité, vouée aux railleries sous cape des gens d’esprit. […] Et pourquoi ne pas l’exprimer, puisque les mots tremblent sur nos lèvres ?
D’autres propos chez vous récompensent ce point : Il veut dire : en récompense, on a chez vous des conversations intéressantes ; cela n’est pas heureusement exprimé. […] J’aurais mieux aimé que La Fontaine eût exprimé le sens de l’idée suivante : Heureux celui qu’un seul avertissement engage à triompher de sa passion favorite ! […] Les six vers dans lesquels La Fontaine exprime la moralité de cet Apologue, ont le défaut de ne pas sortir de l’exemple de Mouflar.